Le franchiseur de Thaï Express, Sushi Shop et Valentine avait indiqué que la fréquentation de ses établissements ne ressentait pas les pressions inflationnistes, au premier trimestre. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Groupe d’alimentation MTY, Mdf commerce et Goeasy? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Groupe d’alimentation MTY (MTY, 52,82$): hausse des prévisions, mais baisse du multiple
Malgré les vents contraires qui soufflent sur l’économie, le deuxième trimestre du franchiseur de restaurants s’annonce solide grâce au retour des convives dans les restaurants offrant le service aux tables.
Le rétablissement des habitudes de consommation sera par contre contrebalancé par une performance moins vigoureuse de la part de la chaîne Papa Murphy’s aux États-Unis, dont les pizzas à emporter prêtes-à-cuire ont profité des restrictions pandémiques, croit Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale.
Après avoir pris connaissance des données d’Open Table sur la fréquentation de restaurants, l’analyste a même légèrement relevé ses prévisions pour le trimestre attendu le 8 juillet. Il s’attend à une hausse de 13,2% des revenus à 154 millions de dollars et de 7,2% du bénéfice d’exploitation au deuxième trimestre (à 46,6 millions de dollars), ce qui est supérieur au consensus.
L’analyste convient que l’inflation alimentaire et le comportement des consommateurs sont deux préoccupations pour les investisseurs, mais il rappelle que le franchiseur de Thaï Express, Sushi Shop et Valentine avait indiqué que la fréquentation de ses établissements ne ressentait pas les pressions inflationnistes, au premier trimestre.
Les investisseurs surveilleront également ce que les dirigeants auront à dire au sujet de l’effet de la pénurie de main-d’œuvre et des problèmes d’approvisionnement sur les coûts.
Bien que l’analyste juge que l’évaluation du titre soit attrayante — tout comme les réalisations opérationnelles de la société et sa capacité à racheter ses actions et à réaliser des acquisitions — des perspectives économiques très incertaines l’incitent à réduire le multiple d’évaluation de 11 à 10 fois le bénéfice d’exploitation prévu à la mi-2024.
Cet ajustement fait passer son cours cible de 70 à 63 $ par rapport au consensus de 68,14 $.
Son analyse précise le potentiel du titre, tant à la hausse qu’à la baisse, en fonction de différents scénarios. La démarche strictement financière révèle un potentiel de gain maximum de 48,7% et un risque à la baisse maximum de 44%.
Ainsi, si le titre retrouvait l’évaluation déprimée qu’il avait en 2020, soit un multiple de 5,6 fois le bénéfice d’exploitation, l’action chuterait de 51% à 25,27 $.
En revanche, si l’action se négociait à la moyenne des cinq dernières années, soit un multiple de 12,8 fois le bénéfice d’exploitation, le titre grimperait de 48,7% jusqu’à 77,05 $.
Une baisse de 20% des bénéfices et de 20% du multiple ferait reculer l’action de 30,8% à 35,86 $, donne-t-il aussi en exemple.
Le recul de 16% de MTY à ce jour en 2022 se compare à celui de 9,2% pour l’indice S&PTSX.
Mdf commerce (Mdf, 3,54$): 10 mois après l’achat record de Periscope, un analyste espère un point tournant pour les marges
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L’action de Mdf a rebondi de 28% en cinq séances alors que le spécialiste du commerce unifié et de l’approvisionnement en ligne s’apprête à dévoiler les résultats du quatrième trimestre attendus le 29 juin, après la fermeture des marchés.
Nick Agostino de Valeurs mobilières Banque Laurentienne prévoit une reprise en «U» pour la société, car la marge d’exploitation trimestrielle de 1,5% devrait s’avérer le plancher, dans une note publiée le 24 juin.
L’analyste prévoit un bond de 43,4% des revenus à 31,6 millions de dollars et de 112% du bénéfice d’exploitation de 469 000 $ au quatrième trimestre. La perte nette diminuerait de 12 cents à 8 cents par action.
Excluant l’effet de l’achat transformationnel de l’Américaine Periscope en août 2021 et du taux de change, il estime la croissance interne des revenus à 8%, ce qui est mieux que le rythme de 6,4%, au trimestre précédent. «Les solutions d’approvisionnement en ligne devraient compenser pour le ralentissement des solutions de commerce unifiées (le nombre de transactions en ligne se modère depuis le déconfinement)», explique-t-il.
Par contre, Mdf doit composer avec diverses dépenses qu’elle juge essentielles à son expansion, dont la recherche et le développement, la mise en marché et les acquisitions, explique Nick Agostino. L’analyste espère toutefois que la société saura protéger ses marges brutes en haussant certains tarifs et en diminuant certains frais de licences et d’hébergement.
Les investisseurs auront les yeux tournés vers l’intégration et de Periscope acquise pour ses solutions évolutives d’approvisionnement destinées au secteur public, dont la solution de tarification des frais d’exploitation. Mdf avait promis des synergies de 20 M$ sur trois ans et avait fait valoir le potentiel de nouveaux contrats de la part des gouvernements.
La transaction record de 260 millions de dollars (soit 6,3 fois les revenus de 2021) avait requis l’appui financier du Fonds de solidarité FTQ et d’Investissement Québec et un placement de 67,8 M$ de reçus de souscription.
Les futurs projets d’acquisition d’autres fournisseurs de solutions d’approvisionnement intéressent aussi le financier tout comme le statut de déploiement des plateformes de ventes en ligne pour les épiciers Aldi et Sobeys.
Nick Agostino maintient son cours cible de 9 $, soit un multiple de 3 fois les ventes prévues en 2023, une évaluation qui se compare à la moyenne de 4,2 fois pour son groupe-repère.
«Mdf s’échange à 1,8 fois ses ventes même si la croissance de 41% de ses revenus dépasse la moyenne de 17% pour ses semblables», signale-t-il.
L’action de Mdf a perdu les deux tiers de sa valeur depuis le sommet atteint en juillet 2021 alors que le marché réévalue les facilitateurs de commerce en ligne et les fournisseurs de logiciels peu ou non rentables.
Goeasy (GSY, 102,18$): le prêteur s’allie à la principale plateforme de ventes d’autos en ligne à contre-courant
Goeasy (GSY, 102,18$): le prêteur s’allie à la principale plateforme de ventes d’autos à contre-courant en ligne
Le prêteur alternatif Goeasy devient partenaire de la principale plateforme de vente en ligne et de livraison à domicile de voitures Canada Drives et y investit 40 millions de dollars pour une participation de moins de 20%.
«Nous voyons cet investissement mineur d’un bon œil puisqu’il procure à Goeasy un accès direct à un segment de financement en croissance qui pourrait rapporter gros financièrement», entrevoit Jaeme Gloyn, de la Financière Banque Nationale.
Depuis huit ans, Canada Drives a déjà confié presque 100 000 de ses clients à la filiale easyfinancière de Goeasy qui prête aux clients que les banques refusent, précise-t-il. Les ventes de cette plateforme ont explosé de 580% depuis un an.
La nouvelle entente accélère la stratégie de Goeasy qui ambitionne de devenir le principal prêteur alternatif dans le segment automobile des prêts à risque qui est évalué à 58 milliards de dollars. «Bien que Canada Drives continuera de faire affaire avec d’autres prêteurs, l’entente garantit en quelque sorte un volume de prêts minimum à Goeasy», précise l’analyste.
Cet investissement survient au moment où la valeur des plateformes de voitures usagées en ligne s’écrase en Bourse. Les deux principaux acteurs américains Carvana (CVNS, 30,39 $ US) et Carmax (KMX, 99 $ US) ont respectivement dégringolé de 95% et 60% par rapport au sommet atteint en 2021. Ces deux titres s’échangent à un multiple respectif de 0,6 et de 1 fois les ventes des 12 derniers mois.
Aux yeux de l’analyste, cela atténue le risque financier associé à l’investissement en capital-actions dans Canada Drives pour Goeasy. Canada Drives assume un risque financier puisqu’elle achète les véhicules usagés lors d’enchères et les revend. Goeasy préapprouvera les prêts pour faciliter les transactions.
L’apport de capital de Goeasy financera l’expansion de Canada Drives dans de nouvelles provinces, autres que la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario. La plateforme compte aussi doubler le nombre de véhicules usagés en stock et ajouter des fonctionnalités à sa plateforme en ligne.
Au final, Jaeme Gloyn maintient sa recommandation d’achat et son cours cible de 155 $.
L’action de Goeasy a aussi souffert en Bourse de la dévalorisation en règle de son secteur provoquée en partie par la remontée rapide des taux. Son titre a chuté de 53% par rapport au sommet de 218,35 $ atteint en septembre 2021.