Richard Tse rappelle que le PDG de l’entreprise, Novacap et la CDPQ représentent à eux seuls 92% du poids des voix des détenteurs d’action à droit de vote multiple. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Nuvei, Constellation Software et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Nuvei (NVEI, 32,34 $US): elle tire sa révérence
Richard Tse de la Financière Banque National est d’avis que l’offre que Nuvei a acceptée de la part du fonds d’investissement américain Advent International est juste s’il compare la valorisation qui en est faite à celle de ses paires.
Cette dernière a annoncé le 1 avril 2024 qu’elle avait accepté l’offre de 34 dollars américains ($US) par action, ou 6,3 milliards de dollars américains (G$US) pour fermer son capital. C’est 4,3x ses ventes, ou 12 x son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) prévus en 2024, indique l’analyste.
Ce dernier était d’avis que la société de solution de paiement devait générer une croissance avoisinant les 15% et que la marge de son BAIIA devait atteindre de 35% à près de 40% au cours de son exercice.
Ça représente aussi une prime de 56% par rapport au cours de son action du 15 mars dernier – soit avant que ne s’emballent les investisseurs à l’approche d’une telle annonce, souligne Richard Tse- , ou de 48 % par rapport au cours moyen pondéré en fonction du volume sur 90 jours.
À la suite de la transaction, le PDG de l’entreprise Philip Fayer, le service de placement financier Novacap et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) cèderont respectivement à la société américaine 95%, 65% et 75% des actions qu’ils détiennent, se partageant ainsi 590 millions de dollars américains (M$US). Ils détiendront donc 24%, 18% et 12% de la nouvelle entité privée, rapporte l’analyste.
Les chances qu’une meilleure alternative lui soit offerte sont minces, selon lui, puisque la convention d’arrangement contient une clause de non-sollicitation, et que Nuvei serait contrainte de verser 150 M$US si elle acceptait une autre offre plus généreuse. À l’inverse, 250 M$ lui seraient versés si jamais la transaction ne devait pas avoir lieu.
L’entente est encore sujette à l’approbation des actionnaires de la société québécoise. Plus de 66% des voix des détenteurs d’action à droit de vote subalterne et des détenteurs d’action à droit de vote multiple devront être en faveur de la proposition lors d’une assemblée spéciale.
Richard Tse rappelle que le PDG de l’entreprise, Novacap et la CDPQ représentent à eux seuls 92% du poids des voix des détenteurs d’action à droit de vote multiple.
Elle doit aussi recevoir notamment l’aval des tribunaux et des autorités réglementaires. Si tout se passe rondement, l’opération devrait se clore à la fin de 2024, ou au cours du premier trimestre de 2025.
L’analyste augmente donc son cours cible de 30$ à 34$.
Constellation Software (CSU, 3664,97$): elle intensifie sa stratégie d’acquisitions
Constellation Software (CSU, 3664,97$): elle intensifie sa stratégie d’acquisitions
N’ayez crainte si, lors du dévoilement de ses résultats du premier trimestre de 2024, Constellation Software indique qu’elle n’a déployé que 285 millions de dollars (M$) en acquisitions, alors que la société en avait annoncé 654 M$ le 6 mars dernier, soutient Paul Treiber de RBC Marchés des capitaux.
En réalité, la société de logiciels torontoise en aurait dépensé 748 M$ si sa démarche pour mettre la main sur certaines activités de Nokia et sur Condulent s’était close comme prévu au cours du premier trimestre. À elles seules, ces transactions qui devraient finalement avoir lieu au deuxième trimestre totalisent 463 M$.
Ça aurait été plus que les 700 M$ sur lesquels tablait l’analyste.
N’empêche qu’avec ce qu’elle a acquis au trimestre dernier seulement, la société devrait être parvenue à doper de 492 M$ ses revenus annuels, et devrait bonifier de 5,7% son bénéfice par action, indique Paul Treiber.
En termes de capitaux déployés, et en tenant compte des ententes signées avec Nokia et Conduent, le premier trimestre se classe au troisième rang de son palmarès des trimestres où la société a le plus dépensé de capitaux en acquisitions, ajoute l’analyste.
Si le nombre de transactions est similaire à la moyenne de la dernière année, la part de celles qui dépassent les 20M$ est en hausse, représentant 86% des capitaux dépensés. Depuis son exercice 2020, elles représentent une part toujours plus importante, souligne-t-il.
C’est notamment le fruit d’un changement de stratégie, d’après l’analyste, car Constellation Software accepte désormais un taux de rendement minimal plus faible lorsqu’elle fait de grosses acquisitions.
Paul Treiber ajuste toutefois ses prévisions afin de tenir compte du délai encouru dans l’acquisition de Conduent et de certains départements de Nokia. Il réduit par exemple ses revenus pour l’exercice 2024 de 10,32 milliards de dollars (G$) à 10,29 G$ et table désormais sur un bénéfice par action de 78,17$ et non plus de 78,37$.
Il maintient sa recommandation à «surperformance de secteur», d’avis que l’augmentation en un an de ses capitaux dépensés en acquisitions est le fruit d’une intensification de sa stratégie de fusions et acquisitions. Son cours cible demeure à 4300$, soit 24x son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement attendu en 2025.
Dollarama (DOL, 102,25$): croissance plus modeste en vue
Dollarama (DOL, 102,25$): croissance plus modeste en vue
Lorsque Dollarama dévoilera ses résultats trimestriels le 4 avril prochain, tous semblent d’avis que le détaillant à bas prix devrait avoir connu une croissance de ses ventes plus près de la normale, rapporte Chris Li de Valeurs mobilières Desjardins.
Le taux de croissance de son bénéfice par action devrait atteindre 12%, et non plus dépasser les 25% comme c’était le cas au cours des deux dernières années, alors que les consommateurs se ruaient vers ses produits plus abordables.
L’analyste s’attend à ce que ses ventes d’un même magasin comparable atteignent 5%, et non 5,5% comme ce sur quoi mise le consensus. Dans tous les cas, ce serait un recul par rapport au trimestre précédent, alors qu’elles avaient bondi de 15,9%.
Sa marge brute devrait atteindre 46,1%, soit un gain de 150 points de base par rapport à la même période l’an dernier. Ses frais de vente, généraux et administratifs devraient aussi avoir grimpé cette fois de 15%, soit un bond de 80 points de base en un an.
Dollarcity lui permettra de doper ses bénéfices de 28 millions de dollars, soit plus qu’au quatrième trimestre de 2023.
L’attention de l’analyste sera toutefois rivée sur les cibles de 2025 du détaillant. Bien positionnée en période de ralentissement économique, Dollarama pourrait rencontrer quelques écueils avec la reprise prévue au pays au cours de prochains mois, concède Chris Li.
Il croit qu’elle devrait tabler sur une augmentation de ses ventes d’un même magasin comparable de 4%. Si c’est bien moins que le 12% prévu en 2024, c’est parce que la hausse des prix devrait être moindre, d’après lui. Elle atteindra 1,5% en moyenne, alors qu’elle oscillait plutôt entre 5 et 7% au cours des derniers mois.
Il croit que Dollarama devrait générer une marge brute de 44,8%, ce qui est légèrement sous le 45% sur lequel table le consensus. Les hausses de coûts de la main-d’oeuvre devraient faire bondir ses frais de vente, généraux et administratifs à 14,8%.
Elle devrait aussi selon lui compter ouvrir moins de magasins que cette année, avec 65 nouveaux points de vente en 2025.
D’après sa plus récente étude menée en mars 2024, Dollarama demeure en bonne posture par rapport à de grandes bannières comme Walmart ou Amazon, ses prix étant de 40% à 50% inférieur aux leurs. Les consommateurs devraient aussi avoir accès à davantage de nouveaux produits alors que le détaillant augmente son offre à 4,25$ et plus.
Ces deux conditions sont essentielles si la société souhaite continuer d’augmenter de façon durable ses ventes d’un même magasin comparable, souligne Chris Li.
Il maintient sa recommandation à 107$, étant d’avis que Dollarama est bien équipée pour tirer son épingle du jeu malgré l’incertitude économique.
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