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À surveiller: Québecor, Boralex et Meubles Leon

Dominique Beauchamp|Publié le 26 février 2021

À surveiller: Québecor, Boralex et Meubles Leon

(Photo: Roméo Mocafico)

Que faire avec les titres de Québecor, Boralex et Meubles Leon? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée. 

Québecor (QBR.B, 32,45$): vers un dividende de 4 à 5% 

Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity, croit que la hausse de 38% du dividende suggère que le propriétaire de Vidéotron se dirige vers un rendement dividende de 4 à 5% égal à celui des autres fournisseurs établis de télécommunications en Bourse.

Puisque la société s’est engagée à verser de 30 à 50% de ses flux de trésorerie en dividendes, les flux excédentaires de 2,97$ par action prévus en 2021 et de 3,14$ par action prévus en 2022 laissent entrevoir d’autres hausses notables, indique l’analyste.

Malgré ces perspectives et les meilleurs résultats que prévu du quatrième trimestre, Aravinda Galappatthige ne recommande pas l’achat de Québecor.

D’abord, il préfère les titres de ses rivales en Bourse qui lui semblent comparativement plus attrayantes après le recul des cours causé par la remontée rapide des taux d’intérêt à long terme.

De plus, l’analyste veut voir Vidéotron soutenir la croissance de ses abonnés internet avant de revoir sa recommandation. Il rappelle que sa grande rivale Bell Fibe accélère le déploiement de son réseau de fibre optique à Montréal, ce qui pourrait mener à des promotions.

«Ceci dit, l’élan dans la croissance des abonnés de Vidéotron ces derniers trimestres est louable et bénéficie de l’efficacité de la plateforme Helix et de la pénétration du service sans-fil Fizz», note l’analyste.  

Au quatrième trimestre, le nombre d’abonnés internet a crû de 27 000, neuf fois plus qu’un an plus tôt, surtout grâce à la «valeur qu’offre sa plateforme intégrée Helix» pendant que la pandémie confine les travailleurs à la maison.

Le nombre d’abonnés au câble a aussi moins baissé que prévu, pour les mêmes raisons. Au total, les revenus de télécommunications ont augmenté de 3,6% à 929,8 millions. Cette hausse provient toutefois presque entièrement de la vente des équipements pour le service Helix. Sans ces ventes d’équipements, les revenus sont restés stables, au quatrième trimestre, fait-il remarqué.

En revanche, la hausse de 8% des revenus (à 170,2 M$) et de 28 500 du nombre d’abonnés au service sans-fil (par rapport à 41 800 un an plus tôt) ont pour leur part été inférieurs à ses attentes. Vidéotron a capté 27% du nombre de nouveaux abonnés sans-fil bruts par rapport à 34% un an plus tôt, précise-t-il.

Les revenus mensuels moyens par abonné ont aussi baissé de 2,6% à 50,52$ en raison de la concurrence plus intense des autres fournisseurs dont Bell Mobilité.

Le bénéfice d’exploitation des médias de 45,6 M$ a nettement surpassé ses prévisions de 35,3 M$, mais l’analyste l’attribue aux subventions salariales d’Ottawa. 

Autre fait d’arme, Québecor continue de réduire sa dette qui est passée de 2,9 à 2,7 fois le bénéfice d’exploitation.

«Le bilan solide offre un coussin à la société pour traverser la crise actuelle et lui permettra d’acquérir des fréquences sans-fil lors des prochaines enchères et peut-être d’autres actifs stratégiques», croit l’analyste.

Aravinda Galappatthige maintient son cours-cible de 36$, soit 5,5 fois le bénéfice d’exploitation du câble prévu en 2022 et 9,5 fois celui du service sans fil.

Boralex (BLX, 41,69$): mieux vaut rester prudent à court terme 


Boralex (BLX, 41,69$): mieux vaut rester prudent à court terme 

L’action du producteur d’énergie renouvelable a perdu ses gains de décembre et de janvier parce que la hausse rapide des taux à long terme, une variable clé de l’évaluation des producteurs, a déprécié toute l’industrie.

Les taux américains de 10 ans ont triplé depuis le mois d’août 2000. Ce taux repère mondial a touché 1,6%, le 25 février, avant de se replier à 1,46%, en hausse de 43 points de poucentage en un mois.

La hausse des taux diminue la valeur accordée aux futurs flux de trésorerie que génèrent tous les fournisseurs d’électricité. Les dividendes versés par les producteurs ont aussi moins de valeur lorsque les rendements comparatifs des obligations deviennent plus concurrentiels.

Boralex mettra bientôt à jour le plan de match de tous ses projets, note l’analyste.

Son titre pourrait aussi être balloté par le rééquilibrage d’avril du fonds négocié en Bourse iShares Global Clean Energy (ICLN, 25,73$US) qui détient 10,5% des actions de Boralex, prévient-il aussi. 

En troisième lieu, le marché de l’État de New York, où Boralex veut prendre de l’expansion, semble aussi devenir plus concurrentiel, croit Nelson Ng.

Malgré le repli de l’action, l’analyste de RBC juge plus prudent d’attendre avant de racheter le titre à court terme.

L’été prochain, Boralex devrait présenter son plan de croissance jusqu’en 2025 maintenant que le producteur a atteint les flux de trésorerie qu’il visait pour 2020 et que la capacité installée de 2800 MW prévue pour 2023 est en voie de se réaliser.

Nelson Ng rappelle que les nouveaux objectifs reposent sur de nouvelles des acquisitions. L’analyste aimerait donc que le nouveau plan incorpore des repères financiers plus précis qu’avant (avec des prévisions par action notamment) que par le passé.

L’analyste réduit aussi ses prévisions pour les bénéfices d’exploitation de 2021 et de 2022 parce ce que les coûts d’exploitation et de développement augmentent à mesure que Boralex élargit son champ d’action.

L’analyste réduit donc son cours cible de 60 à 50$ afin de s’ajuster à la moindre grande valeur accordée aux projets en développement qui accompagne la dépréciation généralisée de l’industrie de l’énergie renouvelable, ces dernières semaines.

Meubles Leon (LNF, 20,73$): le détaillant pourra difficilement faire mieux 

Meubles Leon (LNF, 20,73$): le détaillant pourra difficilement faire mieux 

Le quatrième trimestre complète une année «extraordinaire» pour le détaillant de meubles, mais cette performance pourra difficilement se répéter.

C’est ainsi que Matt Bank, de CIBC Marchés des capitaux, décrit le dilemme des investisseurs au sujet du marchand pour qui il prévoit un recul inévitable des bénéfices en 2021.

La demande pour les meubles, les électro-ménagers et les articles de décoration, qui a explosé pendant la pandémie, devrait se prolonger, mais Leon se butera assez vite à des vents contraires, croit-il.

Au premier trimestre, de nouvelles restrictions sanitaires ont fermé des magasins. Au cours des prochains mois, certaines subventions salariales, qui ont soutenu les marges, prendront aussi fin.

Le bond de 227% des ventes en ligne au quatrième trimestre sont cinq fois plus élevées qu’à la fin de 2019. Une telle performance ne se reproduira pas, mais elle témoigne tout de même que le marchand a su bien adapter son mode de fonctionnement aux circonstances.

Les mises de fonds pour l’achat de meubles augmentent encore. C’est de bon augure pour les revenus qui sont comptabilisés lors de la livraison, indique l’analyste.

«Leon est mieux équipé que la plupart de ses rivaux pour naviguer les problèmes d’approvisionnement de l’industrie et transformer ces commandes en revenus», explique Matt Bank.

Malgré cette bonne conjoncture, la rentabilité de Leon ne peut éviter la modération de la demande, l’échéance des subventions salariales et le retour inévitable des promotions après leur pause pendant la pandémie.

Même le bénéfice projeté pour 2022 (1,88$ par action) sera inférieur à la pointe de 2,04$ par action réalisée en 2020, estime l’analyste.

Le détaillant génère de solides flux de trésorerie excédentaires qu’il continuera de distribuer à ses actionnaires sous forme de rachats d’actions et de dividendes.

Des acquisitions sont possibles, mais les occasions intéressantes sont plutôt rares, déplore l’analyste.

Ce portrait mitigé incite Matt Bank à rester neutre bien qu’il augmente son cours cible de 21,50 à 23,50$, soit 13 fois le bénéfice de 1,75$ qu’il prévoit en 2021.