Québecor a dévoilé ses premiers résultats trimestriels qui tiennent compte de la performance de Freedom Mobile, acquise au printemps dernier. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Québecor, Nuvei et CAE? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Québecor (QBR.B, 32,49$) : un pas de plus vers un réseau partout au pays
Grâce à l’acquisition de Freedom Mobile, Québecor semble être sur la bonne voie pour devenir un fournisseur de services de télécommunication partout au pays de façon presque économe, d’après Drew McReynolds de RBC Marchés des capitaux.
Elle a notamment permis à ses revenus tirés du secteur des télécommunications de bondir de 31,6% au dernier trimestre alors que son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) a grimpé de 24,6%, indique l’entreprise dans ses premiers résultats trimestriels qui tiennent compte du fournisseur de service sans fil acquis en avril.
À eux seuls, les revenus de Freedom Mobile ont atteint 256 millions de dollars (M$) au deuxième trimestre de l’exercice 2023, indique l’analyste.
Celui-ci a ajusté ses prévisions quant à la performance de Québecor au cours des prochains trimestres. La deuxième moitié de l’exercice sera d’après lui encore fortement teintée par la nouveauté qu’apporte l’acquisition.
À priori, à moyen terme son nombre de nouveaux abonnés devrait se situer dans une fourchette de 300 000 à 350 000, le revenu moyen par client devrait atteindre près de 37$, alors que les marges se situeraient autour de 45%. Celles de Rogers, quant à elle, devraient avoisiner les 49% en 2023, rappelle-t-il.
Il table donc sur des revenus de 5,441 M$ en 2023, et de 5,820 M$ en 2024. Son BAIIA devrait atteindre 2,243M$ en 2023 et 2403M$ en 2024, alors que le bénéfice par action devrait atteindre 2,80$ et 2,89$ respectivement.
Drew McReynolds s’intéressera aussi à ce que cette acquisition changera à la stratégie de croissance de Québecor dans de plus fins détails, et à l’effet que la hausse de la compétition sur le marché de la Belle Province aura sur sa performance.
Il est toutefois d’avis que cette transaction qui s’annonce rentable semble moins risquée, après la lecture des résultats trimestriels de Québecor, et promet d’être attrayant à long terme si l’expansion à l’extérieur du Québec est couronnée de succès.
Il estime que deux facteurs joueront en sa faveur : la taille des infrastructures acquises lors de la transaction, et le jugement rendu par le CRTC sur les opérateurs de réseaux sans-fil.
Afin de mieux refléter aussi la plus faible taille de la dette entrainée par l’acquisition de Freedom Mobile, l’analyste fait passer son cours cible de 36$ à 38$.
Catherine Charron
Nuvei (NVEI, 23,28 $) : des indicateurs à la baisse
Nuvei (NVEI, 23,28 $) : des indicateurs à la baisse
L’entreprise montréalaise de paiement en ligne a rapporté des résultats mitigés pour son deuxième trimestre de l’exercice financier 2023.
La direction a noté deux aspects en particulier qui ont affecté ses résultats. Un délai de provisionnement des services aux nouveaux clients qui accuse des retards ainsi que la décision de l’entreprise de terminer une relation avec un de ses plus gros clients.
La direction a ajusté ses prévisions à la baisse, à l’opposé de ses commentaires au premier trimestre où elle prévoyait une réaccélération de la croissance de sa clientèle au second semestre.
Pour l’analyste Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, c’est un mauvais signe. «La fin d’une relation avec un client pose la question si d’autres relations d’affaires sont potentiellement sur le point de se terminer».
Il ajoute que «pour une entreprise avec un historique de clarté dans ses prévisions, ces résultats et cette révision soulèvent des questions sur les risques potentiels, non seulement pour le restant de l’exercice 2023, mais également pour celui de 2024 alors que Nuvei a revu à la baisse ses prévisions de croissance à moyen terme à la baisse, 15% à 20% plutôt que 20%».
Les revenus pour le trimestre ce sont élevés a 307 millions de dollars (M$) en monnaie constante. Une hausse de 45% comparé au même trimestre l’an dernier.
La croissance interne, hors actifs numériques et crypto qui sont environ 15 M$ à la traîne des prévisions, en hausse de 20% sur un an. C’est plus bas que les prévisions de Richard Tse qui s’attendait à 308,5 M$, mais plus élevé que le consensus de 305,9 M$.
Le bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA) s’élève à 110,3 M$ pour le trimestre.
Le principal secteur d’activité de Nuvei, le commerce électronique mondial, a affiché une croissance solide, en hausse de 34% sur un an, représentant désormais 56% des revenus au deuxième trimestre.
Pour ce qui est de son nouveau segment de commerce interentreprises, gouvernement et paiements intégrés, représenté par l’entreprise Paya acquise en février dernier. L’entreprise rapporte une croissance des revenus projetés de 13% et s’attend à une d’accélération de la croissance à 20% ou plus à moyen terme.
Richard Tse maintient sa recommandation de sur performance pour le titre de Nuvei se basant surtout sur le taux de croissance de ses principaux secteurs d’activité, combiné à une réévaluation de la valorisation de la société de 7,8 x la valeur de la compagnie divisée par le BAIIA anticipé pour 2024. Chez les entreprises du même secteur, en moyenne, ce multiple atteint 14,1 x.
L’analyste abaisse toutefois son cours cible à 27 $US, précédemment 50 $US, pour refléter les défis évidents qui attendent l’entreprise et pour prendre en compte la valeur actuelle des flux de trésorerie.
Matthieu Hains
CAE (CAE, 32$): «ses profits s’envolent»
CAE (CAE, 32$): «ses profits s’envolent»
Les voyageurs ont soif d’escapade, obligeant du même coup les transporteurs aériens à embaucher davantage de pilotes, ce qui est garant d’une forte demande pour la spécialiste de la formation CAE.
Et ça, ça encourage Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins.
Déjà, au premier trimestre de son exercice 2024, l’entreprise a dévoilé de meilleurs résultats que prévu. Son bénéfice avant intérêts et impôts consolidés et ajustés et ses revenus ont atteint 154 millions de dollars (M$) et 1,054M$s, alors que l’analyste tablait respectivement sur 137M$ et 1,051M$. Le consensus misait plutôt sur 133M$ et sur 1,025M$. Ses marges bénéficiaires ont donc atteint 13,8%.
Son bénéfice par action aussi a dépassé les attentes, à 0,24$.
Devant une telle performance, Benoit Poirier revoit à la hausse ses prévisions pour l’exercice 2024 et 2025, et mis de l’avant ses résultats attendus à l’exercice 2026. L’entreprise, pour sa part, n’a pas ajusté ses cibles, misant toujours sur des marges bénéficiaires de 22,4% pour cet exercice-ci, ce que l’analyste trouve prudent.
Ses coûts fixes lui permettent de doper de façon importante ses marges lorsque ses activités de formation augmentent, croit-il. C’est notamment pourquoi l’analyste ajuste à la hausse ses prédictions, et table plutôt sur 23,1% pour l’exercice 2024, et sur 23,8% en 2025.
Du côté de la défense aussi, CAE se porte bien. L’entreprise a remporté deux appels d’offres avec l’armée américaine afin de fournir des programmes d’entrainement et des simulateurs similaires à ce qu’elle propose au secteur de l’aviation commercial, rapporte l’analyste.
L’entreprise pourra s’appuyer sur des infrastructures dont elle dispose déjà en Alabama pour répondre à cette demande, ce qui devrait lui permettre de faire des économies de coûts et avoir un effet de levier d’exploitation.
Benoit Poirier n’a pas ajusté ses prévisions à l’égard de ses divisions au service de l’industrie de la défense ou de la santé, préférant attendre de voir comment la société de Montréal s’en tirera. Chose certaine, si les coûts n’augmentent pas du côté de la défense, «c’est de bon augure pour les résultats de l’entreprise», écrit l’analyste.
Si l’entreprise continue à réduire ainsi son endettement, il anticipe qu’elle redonnera à ses actionnaires, soit sous forme d’un programme de rachat d’action ou d’un versement de dividende d’ici la fin de l’année.
Tenant compte des résultats de l’entreprise et des commentaires de la direction, l’analyste ajuste ainsi son cours cible, qui passe de 36$ à 37$. Il recommande d’«acheter» le titre.