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À surveiller: Québecor, Uni-Sélect et Boyd

Dominique Beauchamp|Publié le 15 mai 2020

Que faire avec les titres de Québecor, Uni-Sélect et Boyd Group? Voici quelques recommandations d'analystes.

Que faire avec les titres de Québecor, Uni-Sélect et Boyd Group? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Québecor (QBR.B, 28,69$): le rapport risque-rendement s’améliore

Maintenant que le titre de Québecor est redevenu nettement moins cher que ceux de ses semblables, Maher Yaghi de Desjardins Marché des capitaux en recommande de nouveau l’achat.

En même temps, l’analyste estime que la société devrait moins souffrir que les autres fournisseurs de télécommunications de la COVID-19, ce qui améliore le rapport risque-rendement.

Ceci dit, Québecor n’est pas à l’abri d’un recul des revenus si la récession se prolongeait et incitait les consommateurs et les entreprises à revoir toutes leurs dépenses.

Les PME procurent 10% de ses revenus filaires, la plus faible proportion de son industrie des télécommunications, nuance-t-il.

À court terme néanmoins, Québecor croit pouvoir dégager des flux de trésorerie libres en 2020 assez conformes aux prévisions établies avant la pandémie grâce au contrôle des coûts et au report de dépenses en capital.

«La flexibilité financière est un élément clé pour surmonter une crise qui pourrait se prolonger. À cet égard, Québecor dispose de plus de souplesse que d’autres parce que son dividende est plus modéré que celui d’autres fournisseurs. La société a aussi moins besoin de déployer la fibre optique à haut débit sur son territoire», explique l’analyste.

Québecor a terminé le premier trimestre avec des liquidités de 1,8 milliard, ce qui devrait être suffisant pour traverser la crise, estime Maher Yaghi.

En principe, un investissement potentiel dans le Cirque du Soleil, sous forme de prêts d’urgence et d’injection de capital, tombe sous le sens puisque la société peut diffuser le contenu et les spectacles sur ses plateformes et tirer certaines synergies de son groupe de divertissement.

Pour l’instant, Maher Yaghi y voit au minimum un signe de confiance puisqu’à son avis la société n’envisagerait pas un tel sauvetage si Vidéotron était fragile.

Dans l’immédiat, l’analyste augmente ses prévisions en raison de la meilleure performance que prévu des services sans-fil, Vidéotron ayant ajouté 39200 abonnés, au premier trimestre. Les forfaits mobile et internet Fizz à bas prix et sans contrat conviennent bien à la conjoncture actuelle.

L’analyste ne change pas son cours-cible d’un an de 34,50$ qui offre un gain potentiel de 23%.

 

Uni-Sélect (UNS, 3,25$): mieux vaut attendre le refinancement pour y voir plus clair

Uni-Sélect (UNS, 3,25$): mieux vaut attendre le refinancement pour y voir plus clair

Le distributeur de pièces et de peinture automobiles est entré dans la pandémie en mauvaise posture, avec une dette de 5 fois le bénéfice d’exploitation.

La chute de la demande au Canada, aux États-Unis et en Grande-Bretagne empêche aussi le grossiste de profiter des coupes de coûts de 53,5 M$US qui visaient à améliorer les marges.

En avril, les revenus ont chuté de moitié, si bien que le bénéfice d’exploitation de 16,8 M$US a été 30% inférieur, au premier trimestre aux prévisions note Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux.

Le trimestre s’est soldée par une perte de 0,10$US par action, dix fois plus lourde que le consensus.

L’analyste s’attend désormais à ce que les revenus déclinent de 20% en 2020 avant de reprendre du mieux (14%) l’an prochain. La marge d’exploitation chutera donc de 7,9 à 4,5%.

Bien qu’elle estime avoir assez de liquidités pour traverser la crise, Uni-Sélect discute avec ses banquiers et d’autres organismes gouvernementaux pour refinancer certaines dettes et ajouter 100 M$US à sa flexibilité financière.

Le refinancement pourrait inclure de nouvelles débentures convertibles, «un mal nécessaire» dans les circonstances actuelles qui diluera l’avoir des actionnaires existants, explique l’analyste.

En conséquence, Benoit Poirier réduit son cours-cible de 7,25 à 5$, soit un multiple de 10 fois le bénéfice de 0,22$US par action prévu en 2021.

Il augmente aussi la cote de risque du titre à cause de la dette élevée en pleine pandémie.

Sans le refinancement, la dette grimperait à 13,4 fois le bénéfice d’exploitation de 2020, incluant les débentures convertibles déjà en circulation, précise l’analyste.

«Nous préférons attendre de voir les termes du refinancement avant de revoir notre thèse d’investissement», écrit-il.

Il abaisse aussi ses prévisions de bénéfice d’exploitation pour 2020 (de 80 à 62 M$US) et pour 2021 (de 111 à 109 M$US).

L’analyste continue de recommander de conserver le titre du propriétaire des distributeurs Bumper to Bumper, FinishMaster et Parts Alliance.

Boyd Group (BYD, 194,40$): une cagnotte de 1,2 milliard pour passer à l’attaque

Boyd Group (BYD, 194,40$): une cagnotte de 1,2 milliard pour passer à l’attaque

Malgré la crise pandémique, le principal groupe de carrossiers non franchisés en Amérique du Nord se prépare à passer à l’attaque. Il veut mettre la main sur des commerces pendant que ses rivaux sont distraits par leur propre endettement élevé.

Zachary Evershed, de la Financière Banque Nationale, estime que la société dispose d’un trésor de guerre de 1,2 milliard de dollars pour réaliser des achats après avoir réalisé une émission d’actions de 222 M$.

En plus, Boyd vient d’obtenir de ses banquiers un allègement des clauses de son financement qui lui permet d’envisager des transactions même si la COVID-19 affaiblit ses résultats à court terme, explique l’analyste.

Zachary Evershed s’attend à ce que Boyd passe à l’action au dernier trimestre de 2020. «Nous prévoyons plusieurs transactions en série puisque le modèle d’affaires du groupe est résilient en temps de récession», dit-il.

L’analyste augmente de 20 à 35 par trimestre le nombre d’établissements que la société ajoutera à son réseau.

Il rappelle aussi que Boyd a doublé sa taille entre 2015 et 2020, comme le prévoyait son plan stratégique. Le groupe compte dévoiler ses futures ambitions plus tard cette année.

L’acquéreur a réalisé un rendement du capital moyen de 8,8% depuis cinq ans, un taux qui dépasse la hausse de 6% du nombre d’actions en circulation de la dernière émission, précise-t-il.

La demande pour les réparations après-collision devrait aussi se rétablir graduellement à mesure que le déconfinement augmente le trafic sur les routes, en Amérique du Nord, croit l’analyste.

En 2021, Boyd devrait avoir retrouvé une croissance de 4% de ses ventes par établissements comparables.

Il réitère donc la recommandation d’achat qu’il avait avant l’émission d’actions que son employeur a co-piloté. Son cours-cible passe de 200 à 220$.