À surveiller: Quincaillerie Richelieu, Guru, et Empire/IGA
Dominique Beauchamp|Publié le 23 juin 2022Richelieu est particulièrement bien positionnée pour conclure des acquisitions aux États-Unis pendant le ralentissement grâce à son bilan sans dettes. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Quincaillerie Richelieu, Guru et Empire/IGA? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Quincaillerie Richelieu (RCH, 37,22$): en pleine anxiété économique, les dirigeants se font rassurants
Zachary Evershed de la Financière Banque Nationale est ressorti rassuré d’une rencontre virtuelle avec les deux plus hauts dirigeants du grossiste en quincaillerie architecturale. Leur optimisme tranche avec la morosité entourant tout ce qui gravite autour du secteur immobilier résidentiel.
«La demande pour les produits de Richelieu est robuste et ne montre aucun signe de ralentissement pour l’instant», dit-il.
Ces perspectives solides à court terme l’incitent d’ailleurs à relever ses prévisions pour le deuxième trimestre qui sera divulgué le 7 juillet. Il augmente la marge d’exploitation prévue de 100 points de pourcentage à 15,5% parce que les forts volumes de ventes et les prix de vente solides épongent mieux que prévu les coûts fixes et compensent aussi pour la rentabilité inférieure initiale des distributeurs acquis.
Au deuxième trimestre, Zachary Evershed table sur une hausse de 27,2% des revenus à 472 millions de dollars, soit 4,4% de plus que le consensus. Le bénéfice d’exploitation devrait augmenter de 20,1% à 73,2 M$, soit 7,3% de plus que le consensus. Le bénéfice par action devrait croître de 17,6% à 0,78 $ par rapport au consensus de 0,73 $.
Pour le titre toutefois, les perspectives pour le reste de 2022 et surtout 2023 importent davantage. À cet égard, les dirigeants ont aussi rassuré l’analyste qui préfère pour l’instant conserver ses estimations pour les marges de 2022, par prudence.
Même si un déclin conjoncturel des ventes, des marges et du bénéfice par action se dessine pour 2023, Zachary Evershed estime qu’au cours actuel le titre reflète un scénario trop négatif qui a peu de chances de se produire. Il rappelle que lors de la crise financière, les revenus de Richelieu ont baissé de seulement 4,5% en 2009, sans l’effet des acquisitions. Les ventes ont ensuite fortement rebondi lors des deux années subséquentes. Les dirigeants continuent de faire valoir que 75% de ses ventes proviennent de la rénovation qui s’avère plus résiliente que la construction neuve.
De plus, Richelieu est particulièrement bien positionnée pour conclure des acquisitions aux États-Unis pendant le ralentissement grâce à son bilan sans dettes. Entre 2008 et 2011, le grossiste a réalisé 12 transactions, rappelle-t-il. Le distributeur continue d’ajouter à sa gamme de produits et complète géographiquement son réseau aux États-Unis.
Richelieu n’est pas immunisée contre les ruptures d’approvisionnement bien que les délais de livraisons s’améliorent déjà. Puisque le grossiste s’assure stratégiquement d’avoir un bon éventail de produits en stock en tout temps pour protéger ses ventes et se distinguer d’autres fournisseurs, cela gonfle ses inventaires à court terme qu’il doit financer, explique l’analyste.
Richelieu vise des marges d’exploitation «durables» de 14 à 15% une fois que la conjoncture redeviendra à la normale après les distorsions pandémiques, bien entendu si les revenus et les prix de vente restent favorables. Cela se compare aux objectifs antérieurs de 13,5 à 14%. Par contre, les marges actuelles de 15 à 16% sont supérieures.
Après ce tour de piste, Zachary Evershed renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 54,50 $. La société mérite une évaluation de 24 fois les bénéfices attendus en 2023, selon lui. Ce multiple incorpore une plus-value (un multiple de 4 fois) pour la stratégie d’acquisitions qui peut ajouter 150 M$ aux revenus annuels.
L’action de Richelieu a perdu 19,5% depuis le début de 2022 et 31% par rapport au sommet annuel de 51,52 $ atteint en février.
Guru (GURU, 9,19 $): une rencontre avec les dirigeants renforce la thèse d’un analyste
Guru (GURU, 9,19 $): une rencontre avec les dirigeants renforce la thèse d’un analyste
Une semaine après des résultats trimestriels qui ont déçu certains de ses collègues, Martin Landry de Stifel GMP remet de l’avant dans un nouveau rapport pourquoi les perspectives de Guru restent attrayantes.
Après une rencontre qu’il a organisée au siège social de Guru à Montréal, alors que ses clients ont interagi avec plusieurs cadres, l’analyste se dit confiant que le succès des boissons énergisantes à base de plantes biologiques puisse se répéter à l’extérieur du Québec.
L’analyste continue de croire que Guru peut plus que doubler ses revenus d’ici quatre ans grâce à son expansion canadienne. «Le réseau des dépanneurs capte 60% des ventes de boissons énergisantes et Guru commence à peine à prendre pied dans ce réseau à l’extérieur du Québec. L’entente de distribution avec PepsiCo Canada diminue le risque d’exécution de la stratégie de croissance», écrit-il pour rappeler sa thèse d’investissement.
Pendant la visite, «les dirigeants ont fait une présentation convaincante relatant les récents succès à accroître la notoriété de la marque et à attirer les consommateurs d’autres marques», raconte Martin Landry.
Les jeunes consommateurs se familiarisent de plus en plus avec le message distinctif de la marque qui se veut une solution de rechange plus saine et plus progressiste aux concurrents Red Bull et Monster.
Après avoir visionné la nouvelle campagne nationale de marketing en ligne et à la télévision, qui commence cet été, l’analyste croit que les jeunes consommateurs apprécieront les valeurs d’authenticité et le mode de vie sain que les pubs diffusent.
Ces campagnes appuieront un nouvel effort par PepsiCo pour faire connaître les boissons Guru en magasin à l’aide de promotions, ajoute-t-il.
L’entente de distribution avec PepsiCo a déjà triplé à 90% le taux de pénétration des boissons Guru dans le réseau national des dépanneurs, des chaînes d’alimentation, des pharmacies et des grands détaillants, mentionne aussi l’analyste.
Martin Landry s’attend à ce que Guru lance une nouvelle saveur de sa boisson énergisante au printemps 2023 comme elle l’a fait depuis deux ans.
Martin Landry renouvelle donc sa recommandation d’achat et son cours cible de 11 $, soit un multiple de 7 fois les revenus prévus (46,5 millions de dollars) en 2023.
Empire/IGA (EMP.A, 37,22 $): la réaction négative au recul des ventes comparables est exagérée
Empire/IGA (EMP.A, 37,22 $): la réaction négative au recul des ventes comparables est exagérée
Chris Li de Desjardins Marché des capitaux attribue la forte chute de 9% de l’action, le 22 juin, de la société propriétaire des épiceries IGA au Québec aux nouvelles craintes suscitées par le déclin des ventes par magasins comparables, au quatrième trimestre.
Les investisseurs voient dans le recul de 2,5% de ces ventes un signe qu’Empire souffrira plus que ses rivaux de la préférence des consommateurs pour les épiceries à bas prix en raison de la forte inflation alimentaire.
«Bien que ces préoccupations soient valides, nous croyons que la réaction du titre en Bourse est exagérée. Empire est en voie d’atteindre ses objectifs financiers, soit une croissance de 10% des bénéfices, un taux similaire à ceux de ses rivales Loblaw et Metro», met en contexte Chris Li.
Si Empire répond aux attentes, l’évaluation de 12 fois les bénéfices prévus de son titre est attrayante par rapport au multiple de 17 fois pour les titres de ses rivales et offre le potentiel d’une revalorisation, ajoute-t-il.
L’analyste garde confiance parce que la performance opérationnelle de l’épicier s’est améliorée au cours du quatrième trimestre. La marge bénéficiaire brute a aussi augmenté de 35 points de pourcentage (sans l’essence à la pompe et les coûts non récurrents d’une grève) malgré des conditions d’affaires difficiles.
L’épicier reste donc dans le droit chemin pour dégager un bénéfice de 3 $ par action en 2023 (excluant certains éléments habituels).
À ses yeux, Empire offre un bon rapport risque-rendement puisque l’évaluation inférieure de l’action reflète en bonne partie les inquiétudes conjoncturelles. Ceci dit, Chris Li reconnaît que les investisseurs devront être patients jusqu’à ce que l’inflation retrouve un niveau plus normal et atténue les craintes qu’Empire perde des parts de marché aux mains des épiceries à bas prix.
À mesure que les perspectives s’éclairciront, l’évaluation devrait se rétablir de 12 à 14 fois, un niveau encore inférieur à celle de ses rivaux. S’il se trompait et que les ventes comparables stagnaient et que les marges diminuaient en 2023 (un bénéfice de 2,67 $ par action), il évalue que le titre pourrait reculer jusqu’à 35 $, soit un repli potentiel d’à peine 6%.
L’analyste de Desjardins réitère donc sa recommandation d’achat et son cours cible de 48 $, qui repose sur un multiple de 14 à 15 fois les bénéfices de 3,26 $ par action attendus en 2024.