Le renouvellement des abonnements de Costco explose. (Photo: Getty Images)
Que faire avec les titres de Quincaillerie Richelieu, Saputo et Costco? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Quincaillerie Richelieu (RCH, 34,36$): un analyste optimiste
Même si sa croissance devait ralentir à cause d’une récession en 2023, Quincaillerie Richelieu parviendra tout de même à tirer son épingle du jeu grâce à la bonne gestion de ses finances, estime Hamir Patel de Marchés des capitaux CIBC.
Il rappelle que la société génère près de 70% de ses revenus grâce au secteur résidentiel: un quart provient des nouvelles constructions, alors que le reste est tiré de la rénovation et des réparations sur les habitations existantes.
Les mises en chantier devraient certes ralentir en 2023 à cause de la hausse des coûts qui freine les nouveaux acheteurs à entrer sur le marché immobilier. Or, souligne l’analyste, la demande devrait repartir de plus belle de part et d’autre de la frontière canado-américaine à moyen et long terme, afin de répondre à la demande reportée à un moment où les paiements d’hypothèques et les factures de matériaux de construction seront moins salés.
Hamir Patel constate toutefois que la demande est plus solide que prévu, ce pour quoi il revoit à la hausse son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement attendu au deuxième trimestre de l’exercice à 69 millions de dollars. Ses prévisions annuelles à son égard sont d’ailleurs 5% supérieures au consensus.
Deux facteurs expliquent selon lui pourquoi le secteur de la rénovation et des réparations devrait bien s’en tirer malgré le ralentissement de l’économie. D’abord, le parc immobilier nord-américain se fait vieillissant, l’âge médian des résidences américaines étant de près de 42 ans. Ensuite, les Américains risquent de rester plus longtemps qu’ils ne le prévoyaient dans la résidence qu’ils occupent présentement, «étant prisonnier de leurs bas taux», illustre l’analyste.
Il rappelle que par le passé, Quincaillerie Richelieu est toujours parvenue à accroître ces parts de marché en période de récession, tandis que les dépenses canadiennes en rénovation comparables ont l’habitude de grimper de 8% annuellement au cours de ces mêmes périodes.
L’analyste reconnaît que l’entreprise s’en est moins bien tiré que ses pairs depuis qu’elle a atteint son sommet à 51 $ par action le 9 février 2022: son cours a dégringolé de 32%, alors l’indice S&P Homebuilders ETF a glissé de 20%, et l’indice composé TSX a perdu 6%.
Sachant que le titre de l’entreprise s’est toujours échangé contre 11x son BAIIA des 12 à 24 prochains mois, sa valorisation actuelle à 8,5 X son BAIIA pour l’exercice 2023 laisse présager qu’une reprise lui ferait gagner 35%.
«Nous ne croyons pas que l’érosion des multiples soit justifiée étant donné qu’il n’y a pas de détérioration des perspectives de fusions et d’acquisition de la société, qui continue de gagner des parts de marché aux États-Unis et dont le carnet de commandes s’est amélioré au cours des dernières années», écrit-il.
C’est pourquoi il ajuste sa recommandation, la faisant passer de «neutre» à «surperformance de secteur». Il maintient son cours cible à 47 $.
Saputo (SAP, 25,46 $): de nouvelles attentes
Saputo (SAP, 25,46 $): de nouvelles attentes
À quelques jours du dévoilement des résultats du quatrième trimestre de Saputo, Patricia A. Baker de la Banque Scotia révise en partie ses attentes à son égard.
Elle rappelle qu’au cours de l’exercice, la société a rencontré de nombreux défis, manquant de personnel, subissant l’inflation et une demande au ralenti de la part du secteur de l’alimentation, tout en peinant à s’approvisionner.
Bien que Saputo ait ajusté ses prix afin d’en réduire les conséquences sur ses résultats, elles se feront tout de même sentir, croit Patricia A. Baker, retranchant 7,9% à son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) consolidé à 278,9 millions de dollars (M$). Il avait plutôt atteint 302,8 M$ à pareille date l’an dernier.
Si de prime abord cette baisse peut décevoir, ce résultat est toutefois bien meilleur que celui que la société a enregistré au troisième trimestre, où son BAIIA consolidé a reculé de 25,3%.
Selon l’analyste, Saputo devrait dévoiler un bénéfice par action de 0,21 $, soit une baisse de 30% par rapport au quatrième trimestre de l’exercice 2021. Son estimation est légèrement sous celle du consensus, à 0,23 $.
Ses revenus s’établiront, croit Patricia A. Baker, à 3532,7 millions de dollars (M$). C’est encore une fois plus bas que ce sur quoi table le consensus (3759,7 M$), mais ça représente un bond de 2,8% par rapport à la même période l’an dernier. Ils seront surtout plombés par le marché américain, estime-t-elle.
L’entreprise devrait faire une mise au point sur son plan stratégique des quatre prochaines années. L’analyste recommande aux investisseurs de s’armer de patience, car les bénéfices ne devraient pas arriver avant l’exercice 2024 ou 2025.
Elle sera particulièrement attentive aux prévisions de l’organisation pour son exercice 2023 lors de l’appel qu’il tiendra avec ses investisseurs le 9 juin prochain, qui promet d’être bien moins complexe, estime-t-elle.
Costco (COST, 464,99 $ US): le taux de renouvellement des abonnements à un sommet
Costco (COST, 464,99 $ US): le taux de renouvellement des abonnements à un sommet
Puisque Costco a dévoilé des résultats bien meilleurs que ce qu’avait anticipé l’analyste Robert F. Ohmes de Bank of America, celui-ci ne peut faire autrement que d’ajuster ses prévisions pour les prochains trimestres.
En effet, le bénéfice par action de Costco a dépassé le 2,98 $ US prévu par l’analyste à 3,04 $ US, et ce bien qu’elle ait dû débourser 77 millions $ US avant impôts dans le cadre d’une nouvelle entente de travail signée avec ses employés.
Ces ventes pour un magasin comparable ont bondi de 10,8%, si l’on exclut les ventes d’essences, grâce notamment à la hausse de l’achalandage de ses établissements, en hausse de 6,8% en moyenne. Contrairement à bon nombre de ses pairs du commerce de détail, la société a indiqué que la vente de vêtements a été un de ses meilleurs secteurs ce trimestre-ci.
Ses marges brutes ont toutefois reculé de 53 points de base en un an, en grande partie à cause de la vente de ses produits de base, un phénomène qu’on observe depuis cinq trimestres déjà, rappelle l’analyste de Bank of America.
Néanmoins, Robert F. Ohmes fait passer ses cibles pour le bénéfice par action de l’exercice 2023 et 2024 à 13,07 $ US et 14,40 $ US respectivement. Il s’attend à ce que la société continue d’enregistrer une hausse des abonnements, et que sa solide offre de produits génère encore davantage de ventes et de meilleures marges par rapport à la période précovid.
Ce qui retient surtout l’attention de l’analyste, c’est le nombre de membres de Costco, qui a atteint 64,4 millions au troisième trimestre de son exercice, alors qu’elle en comptait 63,4 millions au deuxième trimestre et 60,6 millions un an plus tôt. Le taux de renouvellement a atteint pour la première fois 90% dans le monde, et 92,3% dans les marchés canadiens et américains.
Robert F. Ohmes l’attribue en grande partie au taux de renouvellement en hausse des nouveaux membres. Par le passé, selon les marchés, il oscillait entre 55% et 65%. Au dernier trimestre, il se situait dans une fourchette de 65% à 75%.
Costco a laissé entendre qu’elle n’observe pas de ralentissement dans l’activité de ses établissements. Certes, elle a reçu en retard quelques articles saisonniers, mais elle compte tout simplement les laisser dans son entrepôt, et les revendre bon marché à l’automne, les ayant payé à faible coût.
L’analyste maintient donc sa recommandation «achat», mais dévisse son cours cible à 605 $ US, car il révise à la baisse son multiple d’évaluation à cause de la performance de ses pairs et du marché.