À surveiller: Restaurant Brands, Nvidia et Canadian Tire
Catherine Charron|Publié le 07 novembre 2023Restaurant Brands International devrait continuer de bien s’en tirer même si les consommateurs tentent de faire des économies, croit Mark Petrie de CIBC Marché des capitaux. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Restaurant Brands International, Nvidia et Canadian Tire? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Restaurant Brands International (QSR, 67,80$US): l’appétit pour ses plats devrait demeurer
Restaurant Brands International devrait continuer de bien s’en tirer même si les consommateurs tentent de faire des économies, croit Mark Petrie de CIBC Marché des capitaux après avoir consulté ses résultats trimestriels.
Selon lui, ses comptoirs de restauration rapide sont en partie épargnés par la révision des budgets discrétionnaires, et ce, même si la croissance de ses ventes pour un même magasin comparable a ralenti au dernier trimestre.
En effet, les Burger King américains et ceux de sa division internationale, de même que les Tim Hortons, n’ont pas atteint les cibles que l’analyste avait fixées, quoique la bannière derrière les Timbits a atteint celles du consensus. Ainsi, alors que l’appétit pour ses burgers s’essouffle, ses pairs dépassent les prévisions, souligne Mark Petrie.
Ce dernier rappelle que depuis le début de la pandémie, le taux de croissance des ventes pour un magasin comparable de Restaurant Brands est loin de celui de ses pairs, mais l’écart se résorbe progressivement. Elle a toutefois su mieux s’en tirer qu’eux en matière de dépenses d’exploitation et de conversion de ses flux de trésorerie libre, précise-t-il.
Au cours du prochain trimestre, l’entreprise devrait sortir 35 millions de dollars américains (M$US) de l’enveloppe de 120M$US que l’entreprise a dédiés à son initiative de marketing «Fuel de Flame». Elle ne l’a pas touché au troisième trimestre, observe l’analyste.
De plus, la plupart des 400M$US de son opération «Reclaim the Flame» annoncée en 2022 afin de mousser les ventes de Burger King devraient être dépensés à partir du début de 2024. L’entreprise compte mener des travaux majeurs et revamper près de 10% de ses restaurants américains.
Afin de tenir compte de ce ralentissement de son taux de croissance des ventes d’un même magasin comparable, mais aussi de la reprise de vitesse qui devrait résulter des investissements à venir en 2024 et en 2025, Mark Petrie a donc révisé ses attentes à l’égard du titre.
Son bénéfice par action ajusté en 2023 et 2024 est donc respectivement passé de 3,30$ à 3,26$, et de 3,69$ à 3,57$. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, de son côté, a glissé pour ces deux mêmes périodes de 2610M$US à 2581M$US, et de 2810M$US à 2772M$US.
En 2025, son bénéfice par action devrait avoisiner les 4,13$US, tandis que le BAIIA atteindra 3048M$US.
Lors du dévoilement de ses résultats, Restaurant Brands a révélé qu’elle avait racheté pour 350M$US d’actions depuis le troisième trimestre, rapporte l’analyste. La nouvelle l’a étonné, mais il demeure convaincu que l’entreprise parviendra à réduire son effet de levier l’an prochain. D’après lui, il devrait atteindre un multiple de 4,3x d’ici la fin de 2024, et de 3,7x en 2025.
La rentabilité de ses franchises sera névralgique pour sa croissance, d’après l’analyste qui sera particulièrement attentif à la mise à jour que devrait en faire l’entreprise lorsqu’elle dévoilera ses résultats au quatrième trimestre.
Lui accordant une recommandation de «surperformance de secteur», Mark Petrie réduit néanmoins le cours cible attendu, misant dorénavant sur 82$ et non 85$.
L’entreprise devra toutefois accroître son nombre d’établissement de 5% l’an prochain pour que l’analyste «maintienne ou augmente sa valorisation», précise-t-il dans sa note.
Nvidia (NVDA, 450,05$US): difficile d’apprécier les conséquences des restrictions à venir
Nvidia (NVDA, 450,05$US): difficile d’apprécier les conséquences des restrictions à venir
La société technologique Nvidia devrait dépasser les attentes du consensus des analystes lorsqu’elle dévoilera ses résultats le 21 novembre prochain, anticipe Vivek Arya de Bank of America. Et les investisseurs devraient lui faire davantage confiance, selon lui.
Le titre de l’entreprise a connu quelques difficultés dernièrement. Il vaut dorénavant 26x ses bénéfices attendus au cours de 2024, ce qui est inférieur à son taux historique de 34x. Le titre de sa concurrente, Advanced Micro Devices, vaut 29x ses bénéfices attendus pour cette même période.
Or, pour que les gains faits par le titre durent dans le temps, celui-ci devra à la fois refléter les conséquences attendues de la restriction imposée à compter de 2024 par le gouvernement américain sur la vente en Chine de composante électronique et des opportunités de croissance attendues en 2025.
D’après l’analyste, l’entreprise est aux premières loges pour apprécier les conséquences de cette nouvelle mesure qui limite l’exportation en sol chinois de matériel qui peut servir au développement de l’intelligence artificielle. Il estime que ça pourrait lui retrancher de 8 à 10 milliards de dollars américains (G$US) brut, soit de 4 à 5 G$US net.
Un portrait plus clair permettrait d’éviter un recul subit du titre. Ça pourrait en partie nuire à son bénéfice par action, reconnait l’analyste, mais ça devrait aussi bonifier la valeur du multiple de son ratio cours/bénéfice.
Pour l’instant, la demande extérieure à la Chine peut en partie pallier ce recul, mais les conséquences devraient davantage se faire sentir en 2024, anticipe-t-il.
Vivek Arya croit aussi que la récente baisse de la valeur du multiple de son ratio cours/bénéfice s’explique par les difficultés que les investisseurs ont à imaginer les retombées économiques de l’intelligence artificielle générative.
D’après lui, ils sous-estiment l’apport que l’adoption de cette technologie pourrait avoir sur la performance de l’entreprise, si elle parvient à tirer profit de ses partenariats. Si 2024 sera marquée par l’adoption de l’infonuagique, 2025 le sera par celle de l’IA générative, selon lui.
Les investisseurs ont donc aussi de la difficulté à voir comment l’entreprise parviendra à s’en tirer au cours de cet exercice s’il doit se comparer aux ventes de ses centres de données de 70 G$US attendues en 2024 par le consensus des analystes, estime Vivek Arya. Il croit aussi qu’ils apprécient mal l’effet qu’aura l’accélération de la cadence de nouveaux produits et services de l’entreprise au cours des prochains mois.
Si les investisseurs plus prudents tablent sur des ventes de 16 G$US au troisième trimestre, les plus optimistes s’attendent plutôt à 17G$US. Au trimestre suivant, celles-ci devraient atteindre 17,7G$US selon les uns, et 18,6G$US selon les autres.
Il réitère sa recommandation d’achat, et son cours cible à 650$US.
Canadian Tire (CTC.A, 145,29$): un analyste plus pessimiste révise ses prévisions
Canadian Tire (CTC.A, 145,29$): un analyste plus pessimiste révise ses prévisions
Le contexte macroéconomique du dernier trimestre n’a pas été tendre envers Canadian Tire, et ça devrait se refléter dans les résultats que le détaillant dévoilera le 9 novembre prochain, anticipe Chris Li de la Valeurs mobilières Desjardins.
En effet, les dépenses discrétionnaires ont changé, souligne-t-il, et les Services financiers Canadian Tire ont davantage de perte de valeur nette, et des coûts de financement plus importants.
Plus pessimiste que le consensus, Chris Li table sur un bénéfice par action de 3,18$. Et si les avis des analystes sont si différents, oscillant entre 2,95$ et 3,70$, c’est parce qu’il est difficile de bien anticiper quels seront les bénéfices que l’entreprise parviendra à dégager.
En 2023, ses attentes à l’égard du bénéfice par action anticipé ont glissé de 13,99$ à 13,64$, alors que celles pour 2024 sont passées de 15,10$ à 15,00$.
Quatre facteurs expliquent selon lui pourquoi les investisseurs ont réagi de la sorte après avoir appris que Canadian Tire rachèterait la participation de 20% de la Banque Scotia dans son service financier.
D’abord, l’entreprise a payé à l’institution financière une prime, et ils ne sont pas emballés par les cartes de crédit dans un tel contexte macroéconomique. Ensuite, il est difficile de deviner qui sera le prochain partenaire stratégique de l’entreprise, et quelles seront les répercussions de cette hausse de l’effet de levier que cette opération a créée sur le rendement du capital.
D’après l’analyste, cette transaction pourrait bonifier la valeur de l’entreprise si elle parvient à trouver «un partenaire financier plus en phase avec sa stratégie», écrit-il dans une note.
Au cours de l’appel avec les investisseurs, Chris Li s’intéressera tout particulièrement à son allocation de capitaux prévue et à sa stratégie à long terme.
Il est plus pessimiste que le reste du consensus à l’égard du taux de croissance du bénéfice par action attendu en 2024, misant sur 10% plutôt que 16%. Selon lui, l’an prochain, les ventes au détail devraient mieux s’en sortir, alors que la performance de son service financier devrait être similaire à celle de 2023.
D’après Chris Li, le titre devrait demeurer volatile, mais sa valorisation actuelle reflète bien les défis à court terme que l’enseigne rencontrera. Ses cartes sont toutefois bien placées afin de profiter d’une reprise à long terme, lorsque le contexte macroéconomique lui sera plus favorable.
Son cours cible passe donc de 190$ à 180$, mais pourrait atteindre 125$ si jamais la situation se corse pour l’entreprise et qu’en 2024 ses ventes au détail ne reprennent pas la vigueur sur laquelle table présentement Chris Li.