Que faire avec les titres de Quincaillerie Richelieu, Banque Scotia et Wajax? Voici des recommandations d'analystes.
Que faire avec les titres de Quincaillerie Richelieu, Banque Scotia et Wajax? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Quincaillerie Richelieu (RCH, 28,61$): l’évaluation freine le potentiel d’appréciation à court terme
Au cours actuel, l’action du distributeur de quincaillerie architecturale reflète tous ses bons coups au moment où ses revenus ne croissent pas, sans l’effet des acquisitions.
Les ventes aux magasins de déco-rénovation et aux manufacturiers de l’Ouest canadien déclinent.
Ces deux segments resteront affaiblis toute l’année, croit Hamir Patel, de CIBC Marchés des capitaux.
«Bien que Richelieu bénéficiera de ses efforts en matière d’innovation, des gains de parts de marché et des acquisitions, ce potentiel est déjà incorporé au titre», explique-t-il aussi.
L’analyste maintient donc sa recommandation neutre et le cours-cible de 30$ qu’il avait établis à l’amorce du suivi de la société, le 12 janvier dernier.
Cet objectif repose sur un multiple de 13,7 fois le bénéfice d’exploitation de 123 millions de dollars attendu en 2021, auquel il ajoute l’encaisse.
«Le multiple est 1,5 fois plus élevé que celui auquel s’échangent ses semblables américains, mais la part de marché dominante de Richelieu au Canada, un pipeline d’acquisitions robuste et le retour systématique de capitaux aux actionnaires justifient cette plus-value», fait-il valoir.
Les perspectives du marché de la construction et de la rénovation s’améliorent aux États-Unis grâce à la rechute de 4,5 à 3,6% des taux hypothécaires américains. En décembre, les mises en chantier ont crû de 41% à un rythme annuel de 1,6 million, un sommet de 13 ans, précise-t-il.
Puisque les dépenses de rénovation s’activent généralement de 12 à 15 mois les mises en chantier, on peut espérer une reprise en 2021, dit-il.
La rénovation procure à Richelieu la moitié de ses revenus, mais on ne peut pas faire abstraction du recul des ventes aux détaillants, depuis deux trimestres.
M. Patel a d’ailleurs réduit ses prévisions pour le bénéfice d’exploitation de 22 à 19 M$ pour le prochain trimestre, après le dévoilement des résultats du quatrième trimestre.
Les ventes aux détaillants canadiens ont baissé de 5,6%, celles aux détaillants américains de 26%, au quatrième trimestre. Lowe’s Canada a notamment fermé 34 magasins.
M. Patel s’attend à ce que les ventes aux détaillants se redressent légèrement (0,3%) en 2021 après un déclin de 3,3% prévu pour 2020.
Richelieu souffre aussi de la récession dans l’Ouest canadien, une région qui représente 10% de ses ventes aux manufacturiers.
En revanche, M. Patel a accru ses prévisions pour le bénéfice d’exploitation pour 2020 et 2021 pour tenir compte des sept acquisitions bouclées ou en cours.
Ces transactions, six au Canada et une septième aux États-Unis, ajouteront 60 millions de dollars aux revenus annuels, soit 5,8% du chiffre d’affaires, évalue-t-il.
«En un seul trimestre, ces achats ajouteront davantage aux revenus que la moyenne annuelle des transactions depuis cinq ans», dit-il.
Banque Scotia (BNS, 73,27$): des objectifs ambitieux à court et à moyen terme
Banque Scotia (BNS, 73,27$): des objectifs ambitieux à court et à moyen terme
Robert Sedran, de CIBC Marchés mondiaux, est revenu de la journée des investisseurs organisée au Chili peu convaincu que la banque pourra atteindre la croissance promise de 7% des bénéfices par année, à moyen terme.
Il faudrait que ses trois segments, les activités bancaires canadiennes et internationales ainsi que la gestion du patrimoine performent à l’unisson et qu’en plus l’économie et les taux coopèrent pour que la banque atteigne ces objectifs, résume-t-il.
«L’objectif de croissance de 7% est le même que celui établi en 2018. Il était ambitieux alors. Il l’est encore plus aujourd’hui sans un coup de main de facteurs cycliques tels que des taux moins affaiblis ou une amélioration des pertes sur prêts, ce que nous ne prévoyons pas», soutient M. Sedran.
Les activités bancaires canadiennes (40% des revenus) et celles des activités mondiales et des marchés des capitaux (15% des revenus) auront du mal à faire croître leur bénéfice de 5%, à moyen terme tel que promis.
Or, ces deux segments ont plus d’influence sur la performance de la banque que les activités en Amérique latine qui reçoivent plus d’attention.
«Même si la banque nous a reçus au Chili, l’exécution au Canada, où les occasions de croissance sont moins nombreuses, sera un plus gros défi», évoque M. Sedran.
Sur une note plus positive, l’analyste considère que Banque Scotia a vu juste en se recentrant sur les marchés clé du Chili, du Pérou, du Mexique et de la Colombie.
Ces pays sont turbulents, mais les quatre banques qu’elle y exploite devraient réussir à faire croître leurs bénéfices à un rythme annuel de plus de 10%.
À plus court terme, la vente de plusieurs actifs, notamment la banque Thanachart, affaiblira les bénéfices en 2020.
M. Sedran prévoit une croissance anémique de 0,2% en 2020, suivi d’un rebond de 6,6% en 2021.
L’analyste est donc neutre envers la banque et maintient son cours-cible de 79$.
Wajax (WJX, 15,01$): l’offre pour un concurrent met au jour la valeur du distributeur de machinerie
Wajax (WJX, 15,01$): l’offre pour un concurrent met au jour la valeur du distributeur de machinerie
Une transaction dans l’industrie met en relief la valeur du distributeur d’équipements industriels Wajax.
Le concessionnaire portugais de machinerie et d’autos Nors S.A. a conclu une entente pour acquérir Strongco. (SQP, 3,11$) pour 3,15$ comptant par action, précise Michael Doumet, de Banque Scotia.
L’offre de 193 millions de dollars représente une plus-value de 75% et équivaut à un multiple de 4,5 fois le bénéfice d’exploitation et de 1,36 fois la valeur comptable de Strongco.
À titre comparatif, le titre de Wajax s’échange à un multiple de 4,2 fois son bénéfice d’exploitation et d’une fois sa valeur comptable, indique l’analyste.
Le multiple cours-valeur comptable de Wajax est aussi affaibli qu’aux planchers boursiers de 2015, de 2016 et de 2009, rappelle M. Doumet.
L’analyste note aussi que Wajax a trois fois la taille de Strongco en termes de revenus et qu’il est moins endetté que cette dernière.
«Si on apposait le multiple offert pour Strongco à l’action de Wajax, son cours avoisinerait 21$», ajoute-t-il.
Sur le plan plus fondamental, Wajax devra raviver la croissance de ses bénéfices, réduire ses stocks et sa dette pour reprendre du galon en Bourse.
La diversification dans les services de réparation, ainsi que les acquisitions récentes de Delom et Northpoint, devraient aussi améliorer le profil financier du distributeur, espère M. Doumet.
L’analyste réitère son cours-cible de 21,50$ qui offre un potentiel de redressement de 42%.
De nouvelles inquiétudes suscitées par l’impact potentiel du coronavirus sur l’économie mondiale ont fait reculer Wajax de 5,5% depuis cinq séances.