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À surveiller: Rogers, Apple et BlackBerry

Catherine Charron|Publié le 30 septembre 2022

À surveiller: Rogers, Apple et BlackBerry

Apple devrait apporter d’importantes corrections à ses prévisions afin de mieux représenter la plus faible demande des consommateurs, croit un analyste. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Rogers, Apple et BlackBerry? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée. 

 

Rogers (RCI.B 53,98 $): la panne de service devrait teinter ses résultats

À un peu plus d’un mois du dévoilement des résultats trimestriels de Rogers qui seront teintés par la panne de son réseau du 8 juillet 2022, la Financière Banque Nationale ajuste ses attentes.

L’analyste Adam Shine résume ainsi: «alors que nos prévisions à l’égard du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ont été légèrement changées, nous avons augmenté celles sur ses dépenses d’investissement de capital».

Il s’attend donc à ce que la géante de la télécommunication ait généré au troisième trimestre 3,707 milliards de dollars (G$), un BAIIA de 1,55 G$ et un bénéfice par action ajusté de 0,83 $, auquel l’interruption de service a retranché 0,22 $.

Dans l’ensemble, il est plus prudent que le consensus des analystes, qui misent respectivement sur 3 727 G$, 1 616 G$ et 0,86 $. Cependant, il table sur un flux de trésorerie de 852 millions de dollars (M$), tandis que Bay Street et Wall Street tablent sur 250 M$.

Ses résultats sont plombés entre autres par le crédit de 150 M$ accordés à ses abonnés du service sans-fil (90 M$) et du câble (60 M$), un événement qui a notamment fait croître son taux d’attrition souligne l’analyste.

Autre dépense inattendue freinant ses résultats: les premiers 525 M$ en pénalités qui lui sont imputés pour remettre la date de clôture de l’entente avec la société canadienne Shaw. D’ailleurs, rappelle Adam Shine, 275 M$ de plus pourraient être versés en janvier si la vente ne se conclut pas en 2022.

Une deuxième rencontre de médiation devrait se tenir à la fin du mois d’octobre, avant que Rogers et Shaw ne présentent leur entente au tribunal le 7 novembre, ajoute-t-il.

Grâce aux promotions de la rentrée, aux immigrants, aux étudiants étrangers et à l’attrait de la 5 G, sa division du sans-fil devrait avoir crû de 150 000 ententes de forfaits postpayés et 50 000 ententes prépayées. Le service en itinérance, lui, devrait avoir repris du mieux.

L’analyste pense que ses revenus tirés de ses services grimperont de 3,1%, alors que ceux générés par la vente d’équipement avoisineront les 0,3%, freinés par des enjeux d’approvisionnement. Il aurait tablé sur un BAIIA de 5,7% si ce n’avait été de la panne de service: il devrait plutôt baisser le 2,5%.

Du côté du service de câble télévisuel, Adam Shine s’attend à une baisse de 4,5% de ses revenus et de 9,8% de son BAIIA. Sans arrêt de service, il estime qu’ils grimperaient respectivement de 1,4% et de 1,8%.

L’implantation de son service d’internet et son service de maison connectée perdront aussi l’élan enregistré au profit de Bell, croit-il.

L’analyste estime que les revenus tirés des Blue Jay’s de Toronto augmenteront de 7% au cours du trimestre, et le BAIIA atteindra 63 M$, les amateurs rachetant de billets pour assister aux matchs. Une participation aux séries éliminatoires pourrait d’ailleurs donner un coup de pouce aux résultats du quatrième trimestre, souligne-t-il.

La Financière Banque Nationale maintient sa recommandation de surperformance de secteur, mais fait glisser de 77 $ à 75 $ son cours cible.

 

Apple (AAPL, 149,84 $ US): le niveau de risque par rapport aux bénéfices retrouve un niveau plus normal

Apple (AAPL, 149,84 $ US): le niveau de risque par rapport aux bénéfices retrouve un niveau plus normal

Au cours de la dernière année, le titre d’Apple a été une valeur refuge pour des investisseurs, ayant perdu moins de plumes que d’autres actions du secteur de la technologie, indique Wamsi Mohan de Bank of America.

Le vent pourrait toutefois bientôt tourner, estime Bank of America, car l’entreprise devrait apporter d’importantes corrections à ses prévisions afin de mieux représenter la plus faible demande des consommateurs. Celle pour ses services est déjà au ralenti, et ses produits devraient lui emboîter le pas.

C’est pourquoi il s’attend à ce que les revenus d’Apple atteignent 390,6 milliards de dollars américains (G$ US), 379 G$ et 406 G$ US en 2022, 2023 et 2024 respectivement, et non plus 391 G$ US, 406 G$ US et 421 G$ US.

Le bénéfice par action devrait s’établir à 6,02 $ US, 5,87 $ US et 6,48 $ US, et non plus 6,03 $ US, 6,24 $ US et 6,73 $ US comme précédemment.

L’analyste concède qu’à long terme, les présages sont bons pour Apple, mais pas à court terme. Il fait donc passer son cours cible de 185 $ US à 160 $ US.

Plusieurs facteurs expliquent cette prédiction. D’abord, les ventes de son nouvel iPhone pourraient être encore moins grandes que prévu, selon la propension des consommateurs à dépenser en période d’inflation. Ses ventes de services pourraient décélérer, et celles de sa gamme professionnelle d’appareils ne pourra empêcher une baisse de son ratio revenue/bénéfice si la demande pour les autres modèles flanche.

Ensuite, la performance de son titre est affectée par ses profits bruts, et ceux-ci devraient diminuer au cours des prochains trimestres selon l’analyste. La demande pour ses tablettes et ses ordinateurs devraient régresser à des niveaux prépandémie, et un dollar américain plus fort pourrait accentuer la baisse de l’intérêt pour ses produits, estime-t-il.

Certains événements pourraient toutefois doper sa performance, si les ventes de son iPhone Pro dépassent les plus faibles attendues du iPhone par exemple. L’ampleur de la correction de ses objectifs pourrait être moins importante que prévu, un nouveau produit dédié à la réalité augmentée ou la réalité virtuelle pourrait être mis en vente, ou de nouvelles alternatives pour faire de la publicité pourraient être dévoilées.

L’analyste de Bank of America fait néanmoins passer sa recommandation «d’achat» à «neutre».

 

BlackBerry (BB, 5,09 $): la patience est de mise

BlackBerry (BB, 5,09 $): la patience est de mise

Même si la direction de BlackBerry semble confiante en ses capacités d’atteindre ses objectifs annuels, Paul Treiber de RBC Marchés des capitaux aura besoin de plus d’arguments avant d’être du même avis.

Certes, les revenus trimestriels que la société a dévoilés sont au diapason avec ses prédictions, bien que ceux issus de ses logiciels soient moins bons qu’escomptés. D’ailleurs, certains indicateurs comme sa facturation se sont détériorés.

Dans l’ensemble, la société a généré 168 millions de dollars américains (M$ US), soit une hausse de 4% par rapport à la même période l’an dernier. C’est conforme avec les 168 M$ US sur lesquels tablait l’analyste.

Ses pertes avant intérêts, impôts et amortissement ont atteint 16 M$ US, ce qui est mieux que le 30 M$ auquel s’attendait RBC Marchés des capitaux.

Les revenus tirés de son service de cybersécurité ont toutefois glissé de 8% par rapport à l’exercice précédent à 111 M$ US. Ses revenus annuels récurrents ont glissé de 12% en un an, et la part qu’ils occupent a reculé de 88% à 85% dans ses états financiers par rapport au trimestre précédent.

BlackBerry maintient le cap malgré tout, et s’attend à ce que les revenus de sa division de cybersécurité ressemblent à ceux de l’exercice précédent, et à ce que son niveau de facturation grimpe de 8% à 12%.

Les revenus qu’a générés sa solution d’internet des objets (IoT) ont bondi de 28% en un an à 51 M$ US, comme ce à quoi s’attendait l’analyste, lui permettant d’atteindre des niveaux records pour un troisième trimestre de suite. Paul Treiber souligne toutefois que la société n’a pas revu à la hausse ses attentes pour ce segment en 2023 à la lumière des pressions macroéconomiques.

Revenant sur la vente de son porte-folio de brevets, BlackBerry a révélé que plusieurs acheteurs étaient intéressés, et qu’elle ne pense pas que le temps va affecter la valeur de son offre. L’analyste table toujours sur un prix de vente à 600 M$, rappelant que chaque tranche de 100 M$ US affecte 0,18 $ US par action.

L’analyste maintient sa recommandation «performance de secteur», mais réduit à 6 $ US son cours cible.