Le Commissaire canadien de la concurrence, Matthew Boswell, tente par tous les moyens de bloquer la fusion entre Rogers Communications et Shaw Communications, approuvée par le Tribunal de la concurrence à la fin décembre. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Rogers Communications, CAE et Nuvei? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Rogers Communications (RCI.B, 63,98$) : le Commissaire canadien de la concurrence en rajoute
Le Commissaire canadien de la concurrence, Matthew Boswell, tente par tous les moyens de bloquer la fusion entre Rogers Communications et Shaw Communications, approuvée par le Tribunal de la concurrence à la fin décembre.
Dans son jugement, le Tribunal affirmait notamment que « les transactions proposées et les ententes auxiliaires constituant l’arrangement n’auront vraisemblablement pas pour effet d’empêcher ou de diminuer sensiblement la concurrence » dans l’Ouest du Canada.
Dans une première contestation rédigée le 30 décembre, le Commissaire estimait d’abord que le tribunal avait commis deux erreurs. Toutefois, il en a ajouté deux autres le 6 janvier. «Il a entre allégué que le Tribunal avait commis une erreur de droit en n’expliquant pas en quoi la transaction n’allait pas empêcher ou diminuer sensiblement la concurrence», raconte Maher Yaghi, analyste à la Banque Scotia.
Le Commissaire allègue également que le Tribunal n’a pas non plus expliqué en quoi la cession de certains actifs de Shaw (Freedom Mobile) à Vidéotron allait être un remède efficace pour empêcher ou diminuer la concurrence en téléphonie mobile au pays.
L’analyste dit surveiller de près la date du 13 janvier, alors que le Commissaire doit soumettre sa contestation par écrit. «Une réponse est attendue au plus tard le 17 janvier et une audience d’une journée doit avoir lieu le 24 janvier pour que les parties présentent leurs arguments. Par la suite, une décision suivra», explique-t-il.
Maher Yaghi soutient que le Tribunal a prononcé sa décision de ne pas donner raison au Commissaire canadien de la concurrence en se fondant sur des milliers de pages de témoignages et sur plusieurs heures d’audiences impliquant des témoins clés. «Renverser cette décision ne sera pas une tâche facile et nous continuons de croire que la fusion proposée entre Rogers et Shaw ira de l’avant», affirme-t-il.
L’analyste ne change donc pas sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Rogers, ni son cours cible sur un an de 74,75$.
CAE (CAE, 26,80$) : une occasion risque/rendement favorable
CAE (CAE, 26,80$) : une occasion risque/rendement favorable
Le titre du fabricant de simulateurs de vols CAE a sous-performé le secteur de l’aérospatiale et de la Défense ces derniers mois et se retrouve à un niveau de valorisation près de son creux historique par rapport à ses pairs, croit Fadi Chamoun, analyste à BMO Marchés des capitaux.
«Cette contre-performance s’explique par la faiblesse des activités de CAE dans le secteur de la Défense, alors que celles dans l’aviation civile (qui comptent pour 85% du bénéfice avant intérêts et impôts (BAII)) ont continué de dépasser nos prévisions», soutient l’analyste.
Fadi Chamoun constate que les commandes du côté de la Défense ont repris et que le carnet de commandes de l’entreprise dans le secteur est un signe que CAE améliorera ses résultats financiers graduellement. «Pendant ce temps, le secteur de l’aviation civile reste bien positionné pour profiter de l’augmentation de la demande qui devrait durer plusieurs années», estime-t-il.
L’analyste rappelle que depuis le début de l’exercice 2023 (amorcé le 1er avril dernier, NDLR), il a révisé à la hausse ses prévisions de BAII des activités d’aviation civile de CAE, elles qui montrent à ce jour une amélioration de 35% par rapport à celles de la période correspondante en 2022. «La hausse sur un an atteint même 47% en ce moment, alors que la demande continue de surprendre à la hausse», dit-il.
Selon lui, le pire est aussi passé du côté des activités dans le secteur de la Défense, avec des commandes et un carnet de commandes qui montraient des hausses respectives de 17% et de 13% sur un an au 30 septembre, soit à la fin du second trimestre de l’exercice 2023. «La demande se renforce, alors que les pressions sur les coûts de la chaîne d’approvisionnement se détendent. Cela devrait continuer de favoriser une augmentation de la rentabilité de ces activités», explique-t-il.
L’analyste concède toutefois que CAE devrait clarifier davantage comment elle compte atteindre ses objectifs de croissance à long terme des marges bénéficiaires et de rendement sur le capital investi de plus de 10%.
Fadi Chamoun réitère sa recommandation de «surperformance» sur le titre de CAE et son cours cible sur un an de 33$.
Nuvei (NVEI, 35,60$, 27$US) : acquisition à 1,3 milliard de dollars aux États-Unis
Nuvei (NVEI, 35,60$, 27$US) : acquisition à 1,3 milliard de dollars aux États-Unis
Le fournisseur montréalais de technologies de paiement Nuvei a annoncé lundi l’acquisition de la société américaine Paya (PAYA, 9,69$US) pour un montant de 9,75$US par action, pour un montant total d’environ 1,3 milliard de dollars américains (G$US).
Richard Tse, analyste à la Financière Banque Nationale, constate que le prix offert par Nuvei constitue des primes de 25% par rapport à la valeur du titre de Paya le 6 janvier et de 30% en faisant la moyenne des 90 derniers jours de négociation.
Ce dernier estime que Paya se distingue par l’intégration directe de ses solutions dans de nombreux logiciels, surtout dans le commerce électronique interentreprises.
L’analyste soutient que la transaction valorise Paya à 13 fois le ratio VE/BAIIA (valeur d’entreprise/bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) pour l’exercice 2023, en incluant des synergies potentielles de 21 millions de dollars sur deux ans. En excluant les synergies, le ratio passe à 15,5.
«À notre avis, cette valorisation n’est pas bon marché en tenant compte que Paya prévoit une croissance de ses activités de 11% sur un an en 2023. Cela étant dit, avec le potentiel de diversification qui bénéficiera à Nuvei, le prix n’est pas non plus déraisonnable», croit-il.
Nuvei compte financer l’acquisition au moyen de la combinaison de son encaisse, d’une facilité de crédit existante et d’une nouvelle facilité de crédit engagée garantie par un privilège de premier rang de 600 millions de dollars américains (M$US).
La transaction, qui doit se conclure d’ici la fin du premier trimestre de cette année, devrait avoir un effet positif que le bénéfice par action de Nuvei dès cette année. « En incluant les synergies, l’effet positif devrait être d’environ 0,30$ par action sur une base annuelle», estime Richard Tse.
L’analyste ajoute qu’après la conclusion de la transaction, le ratio d’effet de levier de Nuvei sera inférieur à trois fois. «Cela est raisonnable, étant donné que la combinaison des deux entreprises devrait permettre à Nuvei de générer des flux de trésorerie libres de 400M$US durant l’exercice 2023», dit-il.
Il ajoute que l’acquisition devrait permettre à Nuvei de gonfler son volume de transactions de 53,3G$US et ses revenus de 235,5M$US durant son exercice financier 2023, en présumant que la transaction sera finalisée comme prévu d’ici la fin du mois de mars.
Richard Tse réitère sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Nuvei et son cours cible sur un an de 75$US.