La recommandation d'achat d'un analyste demeure pour Rogers Communications. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Rogers, Saputo et Canadien Pacifique? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Rogers Communications (RCI.B, 60,19$): le feuilleton de la direction laisse un analyste (presque) de marbre
Si Aravinda Galappatthige de Canaccord Genuity révise légèrement à la baisse son cours cible pour Rogers Communications, ce n’est pas à cause des tensions qui persistent au conseil d’administration et de la haute direction de la société.
En effet, on apprenait jeudi qu’Edward Rogers ne présiderait plus le conseil d’administration de l’entreprise. C’est John A. MacDonald qui reprend les rênes.
Bien qu’il concède que toute cette discorde peut créer de la volatilité autour du titre de Rogers Communications, ce n’est pas ce qui a teinté ses prévisions, mais bien l’incertitude qui persiste autour de la reprise des activités du sans-fil, et les effets négatifs anticipés de sa division des médias sur ses bénéfices au quatrième trimestre.
Sa recommandation d’achat demeure, car, tout en gardant un œil sur les perspectives des prochains exercices, cette période trouble est un moment opportun pour acquérir des actions du géant canadien.
Après tout, l’analyste s’attend à un retour à la normale lorsque la pandémie sera chose du passé, ce qui devrait se traduire par une croissance plus marquée des résultats financiers du plus grand opérateur de téléphonie sans-fil au pays au cours des exercices subséquents à 2021. D’ailleurs, son titre est bien plus abordable que celui de ses compétiteurs, rappelle Aravinda Galappatthige, puisqu’il s’échange selon un multiple de 7,2 fois son ratio valeur d’entreprise/bénéfice avant intérêt, impôt et amortissement (BAIIA) anticipé en 2022, alors que les multiples de Bell ou Telus sont respectivement de l’ordre de 8,4 et 9,6.
Ce sont les conclusions qu’il a tiré à la suite du dévoilement de résultats du troisième de trimestre de Rogers Communications somme toute au diapason avec ce qui avait été prévu par les analystes.
Ses revenus ont atteint 3,666 millions de dollars (M$) — soit légèrement sous ses prévisions à 3,707 M$ — grâce à une hausse des revenus tirés de ses services de sans-fil. Sa croissance a toutefois été freinée par les revenus tirés de sa division Media, qui ont reculé de 3,3% par rapport à la même période l’an dernier.
L’entreprise a notamment attiré 175 000 abonnés nets à son service postpayé du sans-fil. L’entreprise a souligné que cela représente une hausse de 25 points de base de ses abonnements pour Rogers, et 45 points de base pour Fido, ce qui devrait rassurer les investisseurs à l’égard de l’équipe de gestion de l’entreprise, selon Cannacord Genuity.
L’analyste sent que les attentes à l’égard de la croissance du titre pourraient être plus grandes que celles pour ses pairs à mesure qu’on se rapproche d’un retour à la normale, surtout alors qu’on observe une hausse de certains moteurs pour Rogers, comme l’immigration. Tout dépend des revenus enregistrés au début de l’exercice 2022, et le dévoilement fort probable des attentes de la direction en janvier 2022.
Pour l’instant, le géant des télécommunications croit que son taux de croissance devrait être près de 4% sous son niveau pré-pandémique, tandis que ses compétiteurs ont déjà dépassé ce stade. L’analyste souligne que Rogers a davantage été affecté par la crise sanitaire que ces pairs, ce qui explique cette reprise plus lente. Au troisième trimestre 2021 seulement, la COVID-19 a freiné de 112 M$ ses revenus.
Sa division du câble a profité d’une importante reprise à la fin de 2020 et au début de 2021, puisque ses clients ont adapté leur équipement internet pour parvenir à travailler de la maison pendant le confinement. Toutefois, cet effet devrait s’estomper, notamment dans les prévisions de l’entreprise pour son quatrième trimestre. L’analyste garde donc un œil sur son évolution.
Son cours cible passe de 70$ à 69$.
Saputo (SAP, 31,32$): quelques réserves à l’approche du dévoilement de ses résultats
Saputo (SAP, 31,32$): quelques réserves à l’approche du dévoilement de ses résultats
À la suite d’une rencontre avec la direction, Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux se garde quelques réserves à l’égard du spécialiste du fromage pour l’exercice 2022, mais demeure persuadée que Saputo renouera avec la croissance dès l’exercice 2023.
L’ajout de produits à base de plante à son inventaire, une croissance soutenue de ses ventes, et de nombreuses possibilités d’acquisition lui semble convaincante. Bien qu’elle coupe dans ses prévisions pour le prochain exercice, à cause des répercussions qu’auront les défis d’approvisionnement et de rétention de la main-d’œuvre, l’analyste croit que Saputo saura tirer son épingle du jeu lorsque le contexte redeviendra plus normal.
En effet, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) anticipé pour l’exercice 2025 par Irene Nattel est pratiquement identique à 2,044 milliards de dollars (G$), tout comme le reste de ses résultats, tandis que l’entreprise est persuadée qu’elle devrait générer un BAIIA de 2,125 G$.
On ne peut en dire tout autant pour celui de l’exercice 2022, que l’analyste a fait régresser de 3%, à 1,429 G$ afin de mieux traduire les défis auxquels Saputo est confrontée. Leurs effets devraient toutefois s’estomper, croit-elle, au fur et à mesure que les initiatives mises en place notamment sur le marché canadien par l’organisation porteront leur fruit. Au cours du deuxième trimestre de 2022, dont Saputo dévoilera les résultats le 4 novembre 2021, son BAIIA devrait avoir atteint 330,9 millions de dollars (M$), ce qui représente une baisse de 11% par rapport au même moment lors du dernier exercice.
Irene Nattel s’attend à ce qu’au sud de la frontière canado-américaine, le marché soit demeuré affecté par la pénurie de main-d’œuvre, une reprise plus lente du secteur de l’alimentation, et des défis liés à la chaîne d’approvisionnement. Sa branche britannique devrait avoir généré de bons résultats avec la montée des prix du fromage, alors que sa marque Cathedral City fait le saut sur les tablettes à l’international. Le manque de conteneur devrait avoir affecté encore une fois ses exportations, tout comme une baisse du lait disponible, ce qui a fait grimper le coût des matières premières en Australie.
La stratégie de fusion et acquisition de la société canadienne est toujours dédiée aux secteurs du fromage, des produits et ingrédients à valeur ajoutée, et des alternatives aux produits laitiers. Saputo se concentre aussi sur le marché américain et sur l’Europe continentale, où l’entreprise veut tirer profit de Dairy Crest. Si les attentes de RBC Marchés des capitaux ne tiennent pas directement compte de ces projets, elle mesure tout de même les retombées pour ses actionnaires en comptant l’offre publique de rachat dans le cours normal des activités, ce qui ajouter 0,22 par action, ou 9$ au bénéfice par action.
Afin de mieux refléter les pressions que subira le titre, Irene Nattel fait passer son cours cible à 41$, alors qu’il était à 43$.
Canadien Pacifique (CP, 92,05$): l’acquisition de Kansas City Southern va bon train
Canadien Pacifique (CP, 92,05$): l’acquisition de Kansas City Southern va bon train
Bien que les résultats du troisième trimestre du Canadien Pacifique soient affectés par les feux de forêt dans l’ouest du pays et de moins bonnes récoltes, l’analyste de Valeurs mobilières Desjardins, Benoit Poirier, demeure optimiste à l’égard du titre.
Le transporteur ferroviaire n’a pas dérogé de ses prévisions d’obtenir une croissance à deux chiffres de son bénéfice par action ajusté et dilué (qui a atteint 3,44$ en 2020) au cours de l’année, ce qui laisse croire que ces freins ne seront que temporaires. Les prévisions de l’entreprise sont conformes à celles de Benoit Poirier et du consensus des analystes, qui misent respectivement sur 9% et 14%.
Comme prévu, Canadien Pacifique a réduit ses attentes à l’égard de la croissance de ses revenus par tonne mille, misant plutôt sur un taux de moins de 5% — Valeurs mobilières Desjardins tablait sur 2,2%. Bien que les effets des mauvaises récoltes devraient se poursuivre en 2022, l’entreprise croit que ses revenus par tonne mille grimperont davantage, alors que l’analyste mise sur 3,2%.
Cela ne change pas ce que compte investir l’entreprise, qui entend dépenser 1,6 milliard de dollars en 2021.
Le transporteur ferroviaire demeure convaincu que l’acquisition de Kansas City Southern devrait se clore au cours de la deuxième moitié de 2022. D’après elle, cette décision devrait obtenir l’aval des actionnaires au quatrième trimestre de 2021, ou au cours du premier trimestre de l’exercice 2022. C’est pourquoi l’analyste a revu ses attentes pour le taux de croissance de son bénéfice par action ajusté, en fonction des résultats trimestriels des deux sociétés. Il devrait grimper de 1% en 2023, de 8% en 2024 et de 11% en 2025.
Cette révision fait passer son cours cible de 104$ à 103$. L’analyste est toujours certain que cette transaction génèrera des opportunités pour Canadien Pacivifque, ce pour quoi il préfère ce titre à celui du Canadien National.