À surveiller: Rogers, Shopify et Alphabet
Catherine Charron et Matthieu Hains|Publié le 27 juillet 2023Jerome Dubreuil de Valeurs mobilières Desjardins ne peut conclure que tous les risques liés à l’intégration de Shaw se sont estompés. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Rogers, Shopify et Alphabet? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Rogers Communication (RCI.B, 60,82$): elle maintient le cap
Malgré les bonnes nouvelles apprises lors du dévoilement des résultats de Rogers, Jerome Dubreuil de Valeurs mobilières Desjardins ne peut conclure que tous les risques liés à l’intégration de Shaw se sont estompés.
Le hic, c’est que le secteur des télécommunications est secoué de toutes parts. La décision rendue par le CRTC qui obligent les opérateurs de réseau mobile virtuel à s’entendre avec leurs clients régionaux d’ici août, le déploiement de la connexion fibre, et la guerre des prix ne sont que quelques exemples de ces «turbulences».
L’entreprise a augmenté ses cibles, surtout en ce qui concerne ses flux de trésorerie libre, ce qui indique de la fusion avec Shaw va bon train.
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent peut-être pourquoi le titre s’en est aussi bien tiré sur les marchés à la suite du dévoilement de ses résultats.
De plus, on n’a toujours pas observé de répercussion négative sur ses revenus depuis la baisse des prix de ses forfaits, ce qui pourrait aussi expliquer cette ascension, estime Jerome Dubrueil.
Pourtant, en tenant aussi compte des forfaits qu’offre Shaw dans le calcul, on constate que la croissance de son revenu moyen par client a glissé 3,5% par rapport à la même période l’an dernier. L’effet sur sa performance financière a toutefois été en partie gommé par l’augmentation des frais en itinérance au cours du trimestre.
Même s’il s’attend à ce que l’entreprise réduise son effet de levier éventuellement – l’entreprise a d’ailleurs démontré qu’il était déjà en baisse-, l’analyste fait preuve de prudence à l’égard d’un titre qui est encore très endetté.
Il préfère attendre de voir comment les différents joueurs des télécommunications s’en tireront lors de la période du retour en classe et le lancement de la 5G du côté de Québecor avant de changer de position à l’égard de Rogers. C’est pourquoi il maintient sa recommandation à «conserver», le ratio entre le risque à court terme et les bénéfices que l’on peut tirer du titre n’étant pas très attirant selon lui.
Jerome Dubreuil ajuste lui aussi ses attentes, après le dévoilement des résultats trimestriels de la société. Il augmente le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajusté pour l’exercice 2023 et 2024, à 8,594 millions de dollars (M$) et 9,900 M$ respectivement.
Le bénéfice par action ajusté, quant à lui, ne devrait pas si bien s’en tirer. Jerome Dubreuil table dorénavant sur 4,22$ en 2023, et sur 4,87$ en 2024.
Néanmoins, il révise à la hausse son cours cible, le faisant passer de 68$ à 71$.
Catherine Charron
Shopify (SHOP, 66,57 $US): une structure plus légère qui devrait lui permettre de surpasser les estimations
Shopify (SHOP, 66,57 $US): une structure plus légère qui devrait lui permettre de surpasser les estimations
La plateforme de commerce en ligne d’Ottawa va publier ses résultats financier le mercredi 2 août prochain après la fermeture des marchés.
Todd Coupland, analyste chez Marché des capitaux CIBC, s’attend à des bénéfices de 1,64 milliard de dollars américains (G$ US) pour le deuxième trimestre, ce qui représente une hausse de 26% sur un an, et un bénéfice par action ajusté (BPA) de 0,08 $US. C’est légèrement au-dessus de ses prédictions précédente de 1,63 G$ US et de 0,07 $US respectivement.
Malgré les répercussions de la vente des opérations logistique et les réductions d’employés au milieu du trimestre, l’analyste de Marché des capitaux CIBC s’attend à ce que la structure plus légère de Shopify lui permette de surpasser les attentes pour le troisième trimestre.
Il révise donc ses estimations à la hausse pour cette période et prévoit des bénéfices de 1,63 G$ US, en croissance de 19% comparé au même trimestre l’an dernier et un BPA de 0,11 $US. Il tablait plutôt sur des bénéfices de 1,61 G$ US et un BPA de 0,10 $US précédemment.
L’augmentation des prix des forfaits de base et avancé en avril dernier devraient influencer les bénéfices de Shopify au troisième trimestre ainsi que l’augmentation du trafic web pour les commerçants Shopify Plus entre mai et juillet.
Shopify va également profiter d’effets de levier d’exploitation suite à la vente de ses opérations de logistique à Flexport et Ocado. La réduction d’environ 20% de son personnel devraient occasionner une baisse des dépenses d’exploitation et une augmentation des marges de profits.
Avec la présence de plus de 50 millions de PME dans le monde, la part de marché de Shopify continue de croître. Sa base de clients de 2 millions de commerçants en fait le leader dans ce segment. Dans la dernière année, le taux de croissance de Shopify a été supérieure à celui du marché du commerce électronique, à 15% versus 14%.
L’accélération de la croissance des bénéfices, les effets de levier d’exploitation et des flux de trésorerie excédentaires ainsi que la possibilité pour Shopify d’intégrer le programme «Buy with Prime» d’Amazon expliquent la recommandation d’«achat» de l’analyste et un cours cible de 75 $US en 2024.
Matthieu Hains
Alphabet (GOOGL, 122,21$US): des résultats qui réjouissent les optimistes, sans pour autant complètement rassurer les prudents
Alphabet (GOOGL, 122,21$US): des résultats qui réjouissent les optimistes, sans pour autant complètement rassurer les prudents
Bien qu’elle compte peser sur l’accélérateur dans le développement de l’intelligence artificielle générative, Alphabet ne compte pas augmenter ses futures dépenses d’investissement de capitaux au-delà de ce à quoi s’attendait Brad Erickson de RBC Marchés des capitaux.
C’est ce que la société derrière le moteur de recherche Google a annoncé lorsqu’elle a dévoilé avoir mieux performé que prévu au deuxième trimestre.
La raison est simple: elle a moins investi de capitaux que prévu ce trimestre-ci dans ce poste de dépenses. Alphabet a donc une plus grande marge de manœuvre pour le reste de l’exercice, puisqu’elle compte dépenser toute la cagnotte qu’elle avait budgétée.
L’analyste est convaincu que l’entreprise devrait tirer profit à long terme de l’intégration de l’intelligence artificielle générative à son moteur de recherche. Déjà, des progrès ont été faits par Search Generative Experience, son laboratoire de recherche qui s’y consacre.
La direction a indiqué qu’elle était encore à l’étape de tester l’intégration de contenu commandité parmi les résultats proposés par le moteur de recherche propulsé par l’intelligence artificielle générative. Les investisseurs plus frileux attendront donc des signes plus clairs d’une mise en marché imminente avant d’être rassurés, croit l’analyste.
Le trimestre dernier, les revenus de Google ont dépassé les attentes des analystes, tout comme YouTube qui a généré plus de revenus publicitaires et d’abonnement. Le lancement du nouvel appareil mobile Pixel a aussi contribué à sa bonne performance.
Grâce à son moteur de recherche et aux économies qu’elle a réalisées, l’entreprise a aussi dégagé de meilleures marges bénéficiaires.
Ainsi, d’après l’analyste, Alphabet dément les inquiétudes qu’éprouvent les investisseurs à l’égard du titre, comme une hausse de ses investissements ou son incapacité à réduire ses coûts d’exploitation.
De plus, la direction a d’ailleurs répété à maintes reprises le mot «durable» lorsqu’il était question de la réorganisation de ses coûts de base, rapporte l’analyste.
Il s’attend aussi à ce que l’entreprise continue d’accroître ses parts de marché dans l’infonuagique. N’empêche que la compétition est féroce de se côté, alors qu’Apple et Amazon ont-elles aussi des chances de se démarquer.
C’est pourquoi il révise à la hausse ses attentes, tablant dorénavant sur des revenus de 307,497 milliards de dollars américains (G$US) et un bénéfice par action de 5,66$ en 2023, de 344,002 G$US et de 6,69$ en 2024, et de 420 817 G$US et de 9,28$US en 2025.
Ainsi, son cours cible passe de 145$US à 155$US. Il réitère sa recommandation d’achat.
Catherine Charron