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À surveiller: Rogers, Tesla et Transcontinental

Catherine Charron|Publié le 22 avril 2022

À surveiller: Rogers, Tesla et Transcontinental

Même si Transcontinental compte faire appel du jugement de la Cour supérieure du Québec, cela crée «un mauvais précédent». (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres Rogers, Tesla et Transcontinental? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Rogers Communication (RCI.B, 76,07 $): un catalyseur en vue

Même si les impressionnants résultats financiers qu’a dévoilés Rogers laissent peu de place à des «gains surdimensionnés» au cours des prochains trimestres, n’en demeure pas moins que Jérôme Dubreuil de Valeurs mobilières Desjardins réitère sa recommandation d’achat.

En effet, le titre du géant des télécommunications ne brosse pas encore selon lui un portrait juste des occasions de croissances que devrait générer l’acquisition de sa concurrente Shaw. De plus, il est toujours décoté par rapport à celui de Bell.

Jérôme Dubreuil estime que la nouvelle entité, si la transaction est approuvée, devrait sabrer une partie des actuels coûts du réseau sans-fil de Rogers, étant donné que la société agrandira son réseau partout au pays. Elle se retrouverait ainsi dans une position avantageuse par rapport à ses pairs dans le service aux entreprises, tout en accroissant sa présence dans l’ouest du pays.

Rogers devrait aussi augmenter les parts de ses flux de trésorerie libre convertis en bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA). Sa décote qui se trouve présentement à son niveau historique ne devrait donc pas inquiéter outre mesure les investisseurs, croit l’analyste.

Il ajoute que les chiffres dévoilés le 20 avril 2022 prouvent que la performance de Rogers est étroitement liée à la réouverture de l’économie, ce qui laisse entrevoir encore une fois de meilleurs résultats.

Les marges de son BAIIA ajusté tiré de sa division du câble ont grimpé de 13%, en grande partie à cause de certaines économies qu’elle a réalisées, ce qui a su impressionner Jérôme Dubreuil. Ce serait aussi selon lui un aperçu des synergies qui pourraient émaner de sa fusion avec la société albertaine. Rogers a d’ailleurs mieux défini le genre d’économies d’échelle qu’elle pense pouvoir réaliser en intégrant ses infrastructures.

Prévenant que les économies réalisées au premier trimestre pourraient ne pas toutes se reproduire, l’analyste souligne que les attentes de la direction de Rogers à l’égard de la croissance des marges bénéficiaires de ces activités sont supérieures aux siennes. C’est pourquoi il a corrigé le tir.

Ainsi, il fait passer son bénéfice par action ajusté attendu en 2022 à 4,10 $, et à 4,85 $ pour celui de 2023. Le BAIIA ajusté prévu grimpe à 6397 $ en 2022, et à 6907 $ en 2023. Sa division du câble devrait générer des marges encore plus grandes alors que la société de télécommunication veut réduire ses coûts.

Jérôme Dubreuil rappelle que le titre a bien performé depuis le début de l’année, laissant transparaître que la gestion de l’entreprise se stabilise après les conflits à sa tête à l’automne 2021. Il fait passer son cours cible de 72 $ à 83 $.

 

Tesla (TSLA, 977,20 $ US): son titre reflète déjà son coup de circuit

Tesla (TSLA, 977,20 $ US): son titre reflète déjà son coup de circuit

Bien que Tesla ait fracassé de nombreux records au premier trimestre de 2022, il semble qu’ils ne soient pas assez spectaculaires pour avoir un effet significatif sur son cours cible, qui reflète déjà très bien son potentiel de croissance, écrit l’analyste de Bank of America, John Murphy.

Selon la méthode comptable Non-GAAP, Tesla a dévoilé un bénéfice par action de 3,22 dollars américains ($ US), ce qui est largement au-dessus de ce qu’avait anticipé Bank of America (2,50 $ US) et le consensus des analystes (2,27 $ US). Tous deux avaient pourtant revu à la hausse leurs attentes peu avant le dévoilement des résultats, rappelle John Murphy.

Ses revenus de 18,7 milliards de dollars américains (G$ US) ont aussi dépassé ses prévisions, qui avaient aussi été ajustées à la suite de la publication du rapport de livraison de la société dirigée par Elon Musk. Tesla semble avoir mieux géré ses opérations, et touché davantage de «regulatory credits», un crédit remis aux entreprises américaines qui fabriquent des voitures électriques.

Ses flux de trésorerie libres ont aussi agréablement surpris l’analyste, à 2,2 G$ US, ce qui laisse croire que l’organisation a de solides reins financiers et est maintenant en mesure de «financer sa croissance future».

Fort de cette performance, le fabricant de véhicules électriques et de bornes de chargement a révisé à la hausse ses prévisions, s’attendant même à une croissance de 50% de ses volumes de livraisons malgré ses défis d’approvisionnement. Celles-ci sont toutefois «vagues», selon la note de l’analyste.

Elle a notamment laissé entendre que le rythme de production de ses installations d’Austin au Texas et de Berlin en Allemagne devrait croître, mais sera limité par des enjeux d’approvisionnement, et qu’elle devrait lancer la production du Cybertruck en 2023, et d’un nouvel appareil en 2024.

Si ce sont là des étapes importantes, concède l’analyste, Tesla évite de donner une meilleure idée de la performance financière à laquelle elle s’attend.

Bien qu’il ait lui-même révisé ses prévisions à l’égard des prochains résultats de l’entreprise, John Murphy maintient son cours cible à 1300 $ US se basant sur un multiple de 18x son ratio valeurs d’entreprise/ventes attendue en 2023.

 

Transcontinental (TCL.A, 15,96 $): un précédent qui ne lui fera pas (trop) mal

Transcontinental (TCL.A, 15,96 $): un précédent qui ne lui fera pas (trop) mal

Même si Transcontinental compte faire appel du jugement de la Cour supérieure du Québec, qui a tranché en faveur de Mirabel qui souhaite limiter la distribution du Publisac, cela crée «un mauvais précédent», écrit Adam Shine de la Financière Banque Nationale.

Il rappelle que la ville située sur la couronne nord de Montréal est la première municipalité à avoir légiféré à l’automne 2019 que la distribution du Publisac se ferait aux citoyens qui en font la demande, et non plus de facto.

Le jugement de la cour est tombé une dizaine de jours seulement après que la ville de Montréal ait signifié son intention d’emboîter le pas à Mirabel à compter de mai 2023, précisant qu’elle offrira un coup de main financier temporaire à Transcontinental au cours de la prochaine année afin de repenser la distribution des journaux qui profitaient de cette méthode pour être livrés.

Adam Shine précise que l’acheminement de coupons rabais des détaillants au domicile des clients à Montréal représente de 20% à 25% des 100 millions de dollars en revenus tirés du Publisac et que les marges dégagées de son bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement frôlent le 10%. L’effet sur ses profits serait donc minime selon lui.

La société ne souhaite pas pour autant que cette nouvelle ait un effet de ricochet sur l’ensemble de ses activités d’impression de brochures et de produits publicitaires, qui devraient rapporter en 2022 6,20 $ par action, ajoute l’analyste.

Ce dernier ne croit pas que l’entreprise cessera complètement ses activités d’impression de circulaire à court terme, et ce même si d’autres municipalités font comme Mirabel et Montréal, sans tenter de trouver une solution pour continuer d’en faire la distribution, qui est trois fois moins coûteuse aux entreprises que celle de Poste Canada par exemple.

L’analyste de la Financière Banque National ajuste néanmoins ses prévisions à l’égard des revenus que Transcontinental pourra tirer de cette division. Son cours cible glisse de 24,50 $ à 23 $, mais sa recommandation demeure à «surperformance de secteur».