(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Saputo, ATS et Tesla? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Saputo (SAP, 36,18 $) : un momentum sur les marchés internationaux
À trois semaines du dévoilement des résultats du quatrième trimestre de 2023 de l’entreprise fromagère montréalaise, l’analyste financier Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale, projette une solide performance et un bénéfice par action (BPA) en hausse sur un an.
L’analyste anticipe un BPA de 0,43 $, légèrement supérieur au consensus de 0,41 $, en hausse de 0,14 $ comparé à 2022, dû au maintien de la performance au Canada, l’augmentation des parts de marchés aux États-Unis ainsi qu’à une hausse de la performance internationale.
Vishal Shreedhar émet un bémol à ses prédictions toutefois, puisque l’entreprise n’en a pas terminé avec ses opérations de restructuration, ce qui pourrait affecter sa rentabilité.
L’analyste s’attend à un revenu pour le trimestre de 4,38 milliards de dollars (G$), légèrement en retrait du consensus de 4,39 G$, en hausse comparée au même trimestre l’an dernier à 3,95 G$.
Au niveau du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), l’analyste de la FBN prévoit un total de 409 millions de dollars (M$) en hausse de 57,2% sur un an.
Pour le marché américain, Vishal Shreedhar s’attend à une hausse du BAIIA de près de 100 M$ à 145 M$ et une hausse de 23% sur le marché canadien avec un BAIIA de 144 M$. Pour l’international, il estime le BAIIA à 78 M$, dont 41 M$ en Europe seulement.
Les conditions sur le marché américain se sont améliorées ce trimestre et l’analyste anticipe qu’elles continueront d’être positives pour l’année qui s’en vient. La différence entre le prix du lait et du fromage est maintenant de 0,10 $/livre comparé à – 0,25 $ l’a dernier. Ce serait le premier trimestre avec une différence positive en sept trimestres.
Le volume des ventes de Saputo aux États-Unis est en hausse et l’intégration de ses divisions devrait être complétée en avril selon la direction, qui s’attend à une augmentation de la synergie pour supporter sa croissance sur le marché.
L’analyste de la Financière Banque Nationale s’attend à ce que Saputo continue de croître dans les prochaines années, grâce à la hausse des prix et à l’augmentation de la performance de ses procédés de fabrication.
Vishal Shreedhar maintient sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Saputo ainsi que son cours-cible sur un an de 43 $
Matthieu Hains
ATS Corp. (ATS, 61,42$) : le spécialiste de l’automatisation profite à fond de la transition électrique
ATS Corp. (ATS, 61,42$) : le spécialiste de l’automatisation profite à fond de la transition électrique
ATS Corp. n’a pas la notoriété de l’américaine Rockwell Automation (RDK, 281,11 $US) ou de la Suisse ABB mais le spécialiste ontarien de l’automatisation industrielle a très bonne mine comme en témoignent les résultats qui ont fracassé les attentes de Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale. Les tendances structurelles de l’électrification automobile et de la réindustrialisation sourient à l’entreprise, mais ATS «exécute» bien aussi, dit l’analyste.
Au quatrième trimestre, les revenus ont bondi de 21% à 731 millions de dollars, soit de 16,5% sans l’effet des acquisitions. Le bénéfice d’exploitation a atteint 118 M$ au lieu des 104 M$ attendus tandis que la marge d’exploitation de 16,2% se compare aux prévisions de 15,2%.
Bien que plusieurs problèmes d’approvisionnement persistent, notamment pour les composantes mécaniques, ATS a «admirablement» réussi à améliorer son efficacité et à modérer ses coûts. Les dépenses générales et administratives sont passées de 15,2% à 14,8% des revenus malgré les pressions salariales.
Au final, le bénéfice de 0,73$ par action est de loin supérieur au consensus de 0,55$.
Les commandes en carnet ont crû de 50%, dont 44% proviennent du secteur du transport. Un client automobile lui a notamment confié un contrat de 120 millions de dollars américaine pour automatiser l’assemblage de blocs- batterie.
Les segments du transport et de la construction compensent pour la demande plus modeste des industries biopharmaceutique, alimentaire et de produits de consommation.
Le seul bémol concerne les flux de trésorerie disponibles qui ne suivent pas l’élan du bénéfice d’exploitation parce que le démarrage de gros contrats automobiles exige d’importants fonds de roulement, à court terme.
Maxim Sytchev a bon espoir qu’à mesure que ces contrats avanceront, les fonds générés par l’exploitation se transformeront en flux de trésorerie disponibles.
Après avoir grimpé de 77% en un an et de 6% le 18 mai, le titre n’est plus un secret bien gardé, mais l’analyste croit qu’il peut soutenir une évaluation élevée parce qu’il y a peu de choix canadiens pour participer aux investissements générationnels dans l’automobile électrique et la réindustrialisation, un peu partout dans le monde.
Maxim Sytchev relève le multiple d’évaluation qu’il accorde au titre de 14 à 15 fois le bénéfice d’exploitation projeté en 2025. Son cours cible passe donc de 61 à 66$, soit une appréciation potentielle d’encore 7%.
Dominique Beauchamp
Tesla (TSLA, 166,52$US) : une stratégie solide alors que l’attention des actionnaires se porte sur la guerre des prix
Tesla (TSLA, 166,52$US) : une stratégie solide alors que l’attention des actionnaires se porte sur la guerre des prix
Elon Musk a dévoilé cette semaine ce qui est une stratégie et une feuille de route très détaillées pour Tesla lors de l’assemblée des actionnaires.
L’analyste Daniel Ives, de Wedbush, estime que les déclarations du dirigeant viennent clarifier comment la société générera de la croissance dans les années à venir.
«Nous continuons de penser qu’Elon Musk peut concentrer toute son énergie à diriger Tesla depuis qu’il a nommé Linda Yaccarino au poste de PDG de Twitter plus tôt cette semaine», dit-il.
Selon lui, Twitter constituait une distraction pour Elon Musk et les actionnaires de Tesla sont tout de même heureux de le voir continuer d’occuper un rôle de chef de la technologie pour le réseau social afin de développer de nouveaux canaux de monétisation.
«Elon Musk sera PDG de Tesla pour encore au moins cinq ans pour mener à bien la progression de la voiture autonome, du Cybertruck, de l’augmentation de la production et du développement de nouveaux modèles», croit-il.
Daniel Ives estime toutefois que les prochains trimestres seront chaotiques pour Tesla, qui navigue dans une guerre de prix en Chine, ce qui risque d’affecter ses marges bénéficiaires dans un environnement économique mondial difficile. À son avis, l’objectif du constructeur de véhicules électriques de vendre 1,8 million de véhicules cette année est atteignable.
Il pense que les coupures de prix annoncées ces derniers mois par Tesla ont été des passages obligés douloureux, un peu comme lorsque l’on doit retirer rapidement un diachylon. «La société devait protéger son territoire dans l’industrie des véhicules électriques et installer une clôture pour retenir sa clientèle», illustre-t-il.
La grande question, selon lui, est de savoir quand la guerre des prix s’arrêtera. «L’entreprise prend des décisions douloureuses à court terme en espérant qu’elles seront profitables à long terme. Le marché chinois reste la grande inconnue à travers tout ça», croit-il.
Daniel Ives réitère sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Tesla avec un cours cible sur un an de 215$US.
Denis Lalonde