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À surveiller: Saputo, Boralex et Canadian Tire

Catherine Charron et Matthieu Hains|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Saputo, Boralex et Canadian Tire

Le prix de la livre de fromage aux États-Unis devrait nuire à la valeur de la marchandise de Saputo, d'après BMO Marchés des capitaux. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Saputo, Boralex et Canadian Tire? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Saputo (SAP, 28,14$): le prix du bloc de fromage mine la valeur de sa marchandise

Lorsqu’elle dévoilera ses plus récents résultats trimestriels le 11 août prochain, tout porte à croire que les pressions macroéconomiques dont la direction a fait mention au trimestre précédent ne se soient pas estompées, d’après Tamy Chen de BMO Marchés des capitaux.

Elles se seraient même accentuées : le prix du fromage aux États-Unis est passé de 1,80 dollar américain ($US) la livre à 1,34 $US/lb le mois dernier. C’est le fruit à la fois d’une demande plus faible des consommateurs qui tentent de faire quelques économies, mais aussi d’une capacité de production à la hausse au sud de la frontière.

Le hic, c’est que la valeur de sa marchandise est révisée à la fin de chaque trimestre en fonction du prix courant. La baisse du prix du bloc du fromage devrait donc avoir d’importantes conséquences, car la valeur d’une grande part de ses produits s’y réfère.

Toutefois, le prix du fromage et du lait en poudre semble regagner du terrain en Océanie en mai et en juin, d’après un indice que consulte l’analyste.

Tamy Chen estime que la baisse observée entre avril 2022 et avril 2023 a contribué à ce que ses profits à l’international ne représentent que 8,7% de ses revenus, et non pas 10% ou 12% comme c’était le cas depuis quelques trimestres.

Néanmoins, l’analyste réduit ses attentes à l’égard des prochains résultats trimestriels de l’entreprise. BMO Marchés des capitaux mise dorénavant sur un bénéfice par action de 0,36 $, et non pas de 0,38$.

Elle table sur des revenus de 4,258 millions $(M$) et un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement de 347 M$, alors qu’elle anticipait auparavant des revenus de 4,422 M$, et un BAIIA de 357 M$.

Les revenus générés aux États-Unis devraient avoir glissé de 7% par rapport à la même période l’an dernier, plutôt que d’avoir grappillé 1%. Ses profits devraient avoir atteint 4,9% de ses revenus, ce qui représente un sérieux recul par rapport à ses performances trimestrielles précédentes.

C’est tout de même mieux qu’un an auparavant (4,7%), puisqu’elle a réduit ses coûts et qu’elle souffre moins de problèmes de main-d’œuvre.

L’analyste demeure sur ses gardes, et n’écarte pas la possibilité que les résultats soient pires qu’escompté.

Elle rappelle que le titre de Saputo s’échange présentement à 9,5 fois son BAIIA attendu en 2024 (1,587 M$), et 8x celui prévu pour 2025 (1,835 M$). Habituellement, ce multiple se situe dans une fourchette de 12 à 14.

Elle maintient sa recommandation de «surperformance de secteur» malgré tout, étant d’avis que les résultats de l’entreprise, bien que sous sa moyenne historique, devraient revenir à la normale au cours des prochains trimestres.

Catherine Charron


Boralex (BLX, 35,91$): le vent ne souffle pas autant que prévu dans ses voiles

Boralex (BLX, 35,91$): le vent ne souffle pas autant que prévu dans ses voiles

La météo n’a pas été clémente pour Boralex au cours du deuxième trimestre de son exercice 2024, estime Rupert Merer de la Financière Banque Nationale.

Il estime que la société québécoise aura généré 1,816 gigawattheure (GWh) au cours de cette période, et non pas 1,952 GWh comme il l’avait précédemment anticipé. Bien qu’en France et au Québec, sa production d’énergie éolienne ait été soutenue, la situation est différente du côté des États-Unis et de l’Ontario. En Californie, ses panneaux solaires ne parviendront pas non plus à générer autant d’énergie que prévu, croit-il.

Ce faisant, l’analyste réduit ses attentes à l’égard du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l’entreprise, se ralliant au consensus en tablant dorénavant sur 143 millions de dollars (M$), et non plus sur 149 M$.

D’après lui, pour l’ensemble de l’exercice 2024, le BAIIA ajusté devrait plutôt atteindre 639 M$. Auparavant, il s’attendait à 643 M$.

L’entreprise devrait aussi donner, lors du dévoilement de ses résultats le 3 août 2023, une mise à jour sur son intérêt à réinvestir dans ses infrastructures, sachant qu’elles ont été mises à rude épreuve au cours des dernières semaines.

Puisque la valeur de l’entreprise est de 11 fois son BAIIA, et qu’elle dispose de plus de 500 M$ en liquidité, Boralex a la latitude nécessaire pour faire des acquisitions qui bonifierait son bénéfice par action, estime Rupert Merer.

L’analyste s’attend à ce qu’elle explique aussi comment la révision de ses prix d’énergie solaire dans l’État de New York se déroule, ses activités ayant grandement été touchées par une hausse de ses coûts de production.

L’entreprise a des opportunités de croissance devant elle, comme l’appel d’offres remporté en Ontario en mai pour des installations de stockage d’énergie, ou l’intention des gouvernements des différentes régions où elle est déjà implantée d’augmenter leur production d’énergie renouvelable.

Toutefois, les prévisions de rendement des obligations à 10 ans ont augmenté pour le troisième trimestre de l’exercice de 2024 de Boralex, ce qui augmente le coût de ses fonds propres.

Ainsi, l’analyste retranche 2$ à son cours cible, qui atteint désormais 44$ par action. Il maintient sa recommandation à «surperformance de secteur», Boralex étant selon lui une entreprise qui se distingue dans l’industrie de l’énergie renouvelable.

Catherine Charron

 

Canadian Tire (CTC.A, 185,56): tiède, mais résilient

 

Canadian Tire (CTC.A, 185,56): tiède, mais résilient

En amont de la publication des résultats du deuxième trimestre de 2023 de Canadian Tire, prévu le 10 août prochain, l’analyste de RBC Marchés des capitaux, Irene Nattel met à jour ses prévisions.

Dorénavant, elle mise sur un bénéfice par action de 2,88 $, ce qui est plus bas que la moyenne du consensus à 3,26 $.

Le printemps plus frais a, d’après elle, nuit aux ventes de magasins comparables, repoussant l’achat de produit saisonnier plus tard dans la saison, soit à la fin de son deuxième trimestre et au début de son troisième.

L’analyste prévoit une hausse des bénéfices avant impôts (BAI) de sa division Services financiers Canadian Tire afin de mieux refléter l’augmentation des prêts accordés en avril. Elle s’attend à des dépenses de financement plus élevées, puisque les coûts de financement le sont aussi.

Le taux de sa marge bénéficiaire brute devrait rester stable malgré l’augmentation des promotions pour les produits non essentiels, grâce à la déflation du prix des marchandises et la baisse des coûts de fret.

La baisse des coûts de fret dépendra du conflit de travail au port de Vancouver. Les longs délais de livraison, son cycle de commande et les investissements dans la chaîne d’approvisionnement devraient atténuer l’impact d’une courte interruption, croit Irene Nattel.

Ses prévisions reflètent aussi l’effet sur ses revenus et sa marge bénéficaire de l’entente annoncée le trimestre dernier de partage de la marge conclue entre Canadian Tire avec ses marchands, de même que les retards d’expédition causés par un incendie dans un centre de distribution. Ce dernier devrait d’ailleurs affecter les résultats de l’ensemble du premier semestre, estime-t-elle.

Elle rappelle que la société a l’intention d’ajuster ses emplettes pour Noël 2023 en raison du niveau d’inventaire légèrement plus élevé des marchands.

Alors que la durée et la sévérité du ralentissement économique anticipé sont incertaines, Canadian Tire se situe en meilleure position aujourd’hui que lors des années 2008-2009. Elle dispose dorénavant de meilleures données et des analyses de fidélité. De plus, sa gestion des revenus et des marges brutes s’est améliorée. 

S’attendant à une mince récession, son service bancaire mise toutefois sur une croissance «solide, quoiqu’en perte de vitesse» des créances moyennes brutes, de même qu’à une hausse de soldes de cartes de crédit impayés en 2023.

Les rachats d’actions annuels prévus de 450 M$ à 500 M$ ajoutent environ 300 points de base à sa prévision de bénéfices par action et son taux de croissance annuel composé pour la fin de l’exercice 2025. Canadian Tire a racheté 900 000 actions au deuxième trimestre pour 151 M$.

Irene Nattel maintient sa prévision à surperformance pour le titre de Canadian Tire ainsi que son cours cible a 225 $.

Matthieu Hains