Que faire avec les titres de Saputo, BRP et Great-West?
Que faire avec les titres de Saputo, BRP et Great-West ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Saputo (SAP, 45,99$): la Britannique Dairy Crest est dans le sac, mais l’Américaine Dean Foods ne l’intéresse pas
L’achat du transformateur laitier britannique Dairy Crest pour 1,7 milliard de dollars, annoncé en février, se conclut rapidement.
Saputo avait Dairy Crest dans sa mire depuis cinq ans. Son PDG Lino Saputo Jr juge cet achat transformationnel, car il lui ouvre un nouveau marché avec des produits à valeur ajoutée au moment où la concurrence s’intensifie partout dans le monde, dans son industrie.
Cette fois, les synergies seront modestes puisque la Grande-Bretagne où Dairy Crest vend 97% de ses produits est un nouveau marché pour le fromager québécois.
Saputo prévoit toutefois exporter le cheddar Cathedral City de Dairy Crest, de bonne réputation, ailleurs dans le monde.
Dairy Crest fonctionne à 98% de sa capacité et envisage de l’augmenter de 20 à 25%, un projet auquel Saputo pourra contribuer des ressources. Le plan vise à accroître la fabrication de fromage et à élargir la gamme de fromages.
Dairy Crest devrait donc bénéficier de l’efficacité opérationnelle et du savoir-faire en marketing de Saputo, croit Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux.
Des rumeurs circulent à l’effet que Saputo lorgne le producteur laitier américain Dean Foods, mais M. Sklar n’y croit pas. La demande pour le lait décline alors que les marges des producteurs américains sont déprimées.
Lino Saputo Jr y a d’ailleurs fait allusion pendant l’appel-conférence, en répétant son intérêt pour les produits à valeur ajoutée.
M. Sklar termine sa note en prévenant ses clients que 2019 se termine sur une fausse note pour Saputo, ce qui laisse croire que le quatrième trimestre ne verra encore pas les premiers signes du redressement espéré.
Saputo dévoilera ses résultats annuels au début de juin.
En conséquence, M. Sklar recommande encore de conserver le titre de Saputo pour lequel il a un cours cible de 44$, inférieur au cours actuel.
BRP (DOO, 40,97$): le titre est redevenu attrayant
BRP (DOO, 40,97$): le titre est redevenu attrayant
Timothy Conder, de Wells Fargo, considère que le titre de BRP est peu chèrement évalué en fonction de sa performance même si les perspectives économiques sont incertaines.
L’analyste croit que la «faiblesse» observée en février et en mars dans la vente au détail de véhicules motorisés devrait se rétablir une fois la mauvaise météo passée.
BRP a différents leviers à sa disposition pour continuer à gagner des parts de marché, incluant de nouveaux véhicules côte à côté d’entrée de gamme et sa capacité de production accrue pour satisfaire la demande.
En même temps, la fabrication modulaire de ses produits devrait relever ses marges, croit l’analyste.
Le nouveau véhicule côte à côte sportif Talon de Honda ajoute à la concurrence, mais ne perturbera pas les parts des acteurs établis tels que BRP et Polaris Industries, prévoit M. Conder.
La seule ombre au tableau est le risque que représente la nouvelle stratégie de BRP pour intégrer son moteur Evinrude aux embarcations de plaisance d’ici 2022 et ainsi rivaliser Yamaha et Mercury.
L’analyste estime tout de même la contribution d’Alumacraft et de Manitou à 0,10$ par action en 2020.
M. Conder mise sur une croissance annuelle de 6 à 7% des revenus d’ici 2021, grâce à des gains dans les véhicules hors route et à l’offre élargie de véhicules aux concessionnaires qui aiment les marges que procurent les produits et les accessoires de BRP.
La marge brute devrait s’améliorer de 2 à 3% à mesure que BRP tirera profit de l’usage commun d’interfaces et de modules pour la fabrication, d’une hausse des volumes de production et de l’implantation des pratiques LEAN.
Il hausse son cours cible de 39 à 47$ et en recommande de nouveau l’achat.
Cet objectif prévoit le rachat par la société de 4,2 millions de ses actions, qui ajoutera 0,09$ par action au bénéfice.
M Conder accorde au titre un multiple cours-bénéfice de 11,5 fois le bénéfice prévu en 2021. C’est inférieur à l’évaluation de 13,1 fois à laquelle se négocie sa rivale Polaris parce que BRP est de plus petite taille et compte moins d’actions en circulation libre.
Great-West (GWO, 32,67$): merci pour le rachat de 6% des actions, mais encore
Great-West (GWO, 32,67$): merci pour le rachat de 6% des actions, mais encore
L’assureur-vie de l’empire Power a racheté 6% de ses actions à un prix de 33,50$ chacune. Le rachat ajoutera 4% au bénéfice par action de 2019 et 5% à celui de 2020.
Le rachat compense surtout pour les bénéfices que perdra Great-West à la suite de la vente récente de sa division de rentes individuelles pour 1,6 milliard de dollars.
Le retour de capital plaît à Tom MacKinnon, de BMO Marchés des capitaux, en partie parce que GWO rachète ses actions alors que son évaluation en Bourse est de 7% inférieure au multiple moyen de 11,3 fois les bénéfices, depuis 2009.
Par contre, l’analyste préfère attendre que l’assureur-vie déploie son capital excédentaire d’encore 3,5 à 4G$, avant de retirer sa recommandation neutre.
«Bien que le dividende de 5% offre un bon appui au titre, nous attendons de voir quel investissement stratégique Great-West compte faire pour améliorer sa croissance, qui reste inférieure à celui de ses semblables», écrit-il.
Deux options s’offrent: l’achat d’un gestionnaire américain de fonds pour rentabiliser sa filiale Putnam ou encore l’ajout à sa filiale américaine de services de retraite Empower.
M. MacKinnon attribue sa prudence au fait que le parcours de Putnam depuis son achat en 2007 ait fortement déçu.
L’analyste augmente tout de même son cours cible de 32 à 34$ pour s’ajuster à la hausse prévue du rendement de l’avoir des actionnaires de 13,3 à 14,3% entre 2019 et 2020.