Saputo devrait fournir bientôt un aperçu du potentiel des produits laitiers alternatifs, comme le fromage végane pour la pizza. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Saputo, Magna et Shaw? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Saputo (SAP, 38,78$): les conditions réunies pour émerger d’un tunnel de 5 ans
Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, croit que le transformateur laitier pourrait enfin émerger d’un long tunnel dans lequel son titre est coincé depuis cinq ans.
L’amélioration du marché laitier, l’avancement d’initiatives internes, le rebond des résultats déprimés par la pandémie et le potentiel d’acquisitions se réunissent pour embellir les perspectives pour le titre, dit-elle.
Le dévoilement plus tard ce printemps d’un nouveau plan stratégique pourrait être le premier catalyseur de ce pivot.
Après cinq ans consacrés à intégrer 3,5 G$ d’acquisitions, ponctués par la grande volatilité des prix du lait, Saputo est maintenant prête à exploiter ses compétences et son réseau mondial d’actifs pour accélérer sa croissance interne, explique l’analyste.
À son avis, la présentation plus formelle et quantifiée du potentiel que recèlent les multiples initiatives en chantier devrait contribuer à extirper le titre du couloir dans lequel il transige depuis 2016.
L’analyste s’attend à ce que Saputo dévoile de nouveaux objectifs financiers, donne une idée des retombées de la fusion des actifs fromagers et laitiers aux États-Unis et fournisse un aperçu du potentiel des produits laitiers alternatifs tels que le mozzarella végane pour pizzas.
Irene Nattel espère aussi en apprendre plus à propos des nouveaux produits à base de poudres de lait, de la stratégie pour tirer profit de son leadership dans les fromages spécialisés et enfin des occasions d’acquisition que la pandémie met au jour aux États-Unis et en Europe.
Le quatrième trimestre, qui sera diffusé le 3 juin, devrait voir le bénéfice s’améliorer de 8% à 0,38$ par action, prévoit-elle. Les résultats devraient refléter les meilleures marges sur le fromage, la hausse des prix des poudres de lait et la reprise graduelle des ventes de fromage.
Bien que la remontée des ventes dépend du rythme inégal de déconfinement dans les différents marchés, Irene Nattel croit que le normalisation des volumes de ventes amplifiera l’effet de différentes initiatives internes clé.
Les rachats d’actions sont encore suspendus, mais Saputo peut d’appuyer sur son bilan solide et des flux de trésorerie excédentaires annuels de 650 à 750 millions de dollars pour sauter sur des occasions d’acquisitions. Irene Nattel estime la capacité transactionnelle à 3,5 milliards de dollars.
L’analyste renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 46$, qui offre un gain potentiel de 20%.
Ce cours-cible repose sur un multiple de 21 fois le bénéfice et de 12,5 fois le bénéfice d’exploitation prévus à la mi-2023.
Magna International (MG, 93,64$): le fabricant est prêt pour le virage électrique
Magna International (MG, 93,64$): le fabricant est prêt pour le virage électrique
Mark Neville, de Banque Scotia, se dit encore plus confiant qu’avant dans la capacité du fabricant de composantes et d’automobiles à s’adapter et à même à profiter du virage électrique et de l’adoption de la conduite assistée, après avoir assisté à une présentation.
Le troisième fournisseur de composantes automobiles au monde estime que sa gamme actuelle de produits le positionne bien pour les nouvelles tendances lourdes de l’industrie. Magna tire seulement 10% de ses revenus de la fabrication de transmissions manuelles et de systèmes de propulsion à essence par exemple voués à disparaître à l’avenir.
De plus, la flexibilité de la capacité manufacturière de Magna, qui peut fabriquer des pièces, des sous-systèmes entiers et des véhicules complets, font de l’entreprise un partenaire de choix pour les fabricants d’origine et les sociétés de technologie qui veulent lancer une voiture, fait valoir l’analyste.
Une co-entreprise avec LG Electronics semble prometteuse, car elle mettra en commun les complémentarités des deux fabricants, soit les moteurs électriques et les convertisseurs de LG et l’intégration logicielle et la fabrication des systèmes de Magna.
«Magna pourra offrir un système de propulsion entièrement intégré ou fournir des systèmes et composantes», explique l’analyste de Scotia. Les deux fabricants ont déjà réalisé des revenus de 150 M$US de leur partenariat et prévoient une croissance annuelle de 50%.
La possibilité que ce duo soit choisi par Apple (AAPL, 132,03$ US) pour sa future voiture, selon The Korea Times, a contribué en partie au bond de 4,5% de l’action de Magna, le 13 avril.
Grâce aux flux de trésorerie excédentaires de 5,5 à 6 G$ US prévus au cours des trois prochaines années, Magna assure qu’elle peut investir 600 M$ US par année dans de nouvelles technologies sans nuire au bilan ou au retour de capital aux actionnaires.
Magna prévoit que les systèmes de propulsion électrique lui procureront des revenus de 22 G$US d’ici 2023 et de plus de 4 G$ US d’ici 2027.
À plus court terme, les systèmes avancés de conduite assistée devraient doubler leurs revenus à 1 G$US d’ici et 2023 puis à 2 G$US d’ici 2027.
L’entreprise a aussi laissé entendre qu’elle pourrait installer une première usine d’assemblage complet de véhicules en Amérique du Nord si elle obtenait des engagements fermes de la part de clients. Cette troisième usine du genre s’ajouterait à celles de Magna Steyr en Autriche et à sa co-entreprise en Chine.
Mark Neville réitère son cours cible de 105$US et sa recommandation d’achat.
Shaw (SJR.B, 33,91$): l’écart entre le cours et prix offert par Rogers offre une occasion
Shaw (SJR.B, 33,91$): l’écart entre le cours et prix offert par Rogers offre une occasion
Dans une note intitulée «Où sont les arbitragistes?», Jérome Dubreuil de Desjardins Marché des capitaux met en relief l’écart qui sépare le cours de Shaw Communications et le prix offert de 40,50$ par Rogers Communications (RCI.B, 60,64$).
Au cours actuel, le titre du câblodistributeur de Calgary s’échange comme si les chances que la transaction se réalise étaient de 60 à 65% alors que l’analyste les estime à 85 à 90%.
La transaction requiert le feu vert des autorités de la concurrence, ce qui pourrait prendre plusieurs mois, mais l’absence de chevauchement des réseaux de câble ainsi que la possibilité que Rogers revende Shaw Mobile augmentent les chances d’une résolution.
Shaw a aussi dévoilé des résultats «décents» au deuxième trimestre, mais les investisseurs s’y intéressent peu. D’ailleurs, la société ne tient pas son habituelle téléconférence trimestrielle.
La hausse de 1,8% des revenus à 1,38 milliard de dollars est conforme au consensus. L’augmentation de 6,2% du bénéfice d’exploitation à 637 millions est 4% meilleur que prévu, mais elle provient en partie d’ajustements à la caisse de retraite.
Shaw a perdu 26 000 abonnés au service de câble, ce qui est moins que les pertes de 38 000 prévues.
Le nombre d’abonnés au service internet a baissé de 5 000, mais c’est moins pire que les prévisions de 11 000.
L’ajout de 82 297 abonnés au service sans-fil est supérieur aux prévisions de 67 300, et en hausse de 31% sur un an, mais le lancement de Shaw Mobile affaiblit les revenus mensuels moyens par abonné.
Étant donné l’écart de 19% entre le cours de Shaw et l’offre de Rogers, Jérome Dubreuil en recommande l’achat aux clients qui veulent profiter de cet arbitrage.