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À surveiller: Saputo, Rogers et Agnico Eagle

Catherine Charron|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Saputo, Rogers et Agnico Eagle

Tant que Saputo ne sera pas en mesure de clairement démontrer qu'elle reprend de la vitesse de façon durable, les investisseurs et le marché devraient continuer de miser sur la prudence. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Saputo, Rogers Communications et Agnico Eagle? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Saputo (SAP, 27,6 $): à court terme, ça ne sent pas très bon

Au cours des douze prochains mois, Saputo sera plombé par de nombreux facteurs, comme des bris dans sa chaîne d’approvisionnement, une baisse de la demande et la pénurie de main-d’œuvre.

C’est pourquoi l’analyste de RBC Marchés des capitaux, Irene Nattel, ralentit de 8,5% la croissance qu’elle attend du bénéfice par action de Saputo entre l’exercice 2022 et l’exercice 2023. Cette reprise n’est pas prévue avant la fin de l’exercice de 2024 et 2025, soit au même moment où la société montréalaise modernisera ses infrastructures aux États-Unis.

Selon ces derniers échanges avec la direction de l’organisation, l’analyste ne croit pas qu’elle compte revoir le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement qu’elle vise pour l’exercice 2025, à 2,125 milliards de dollars (G$) — Irene Nattel mise plutôt sur 2,014 G$.

Si Saputo atteint sa cible, ça représenterait un taux de croissance annuel composé de son BAIIA de 8% par rapport à l’exercice 2021.

L’analyste s’attend à ce que l’entreprise révèle un BAIIA de 319,6 millions de dollars au troisième trimestre de l’exercice 2022 soit une baisse de 26% par rapport à la même période l’an dernier.

Elle ne semble pas trop se soucier de cet important recul, puisqu’un phénomène similaire a été observé au cours de la première moitié de l’exercice, que Saputo avait déjà prévenu le coup et que ça ne devrait pas, selon elle, affecter la valeur du titre, qui se trouve déjà à son plus bas en huit ans.

Irene Nattel s’attend plutôt à ce que les investisseurs s’intéressent à ce qui pourrait accélérer la reprise de Saputo et à son plan de match pour moderniser ses infrastructures aux États-Unis en 2025 (qui coïncide avec le moment de la reprise). Ils devraient aussi s’attendre à un échéancier du retour à la normale de la demande, des informations sur sa position d’encaisse, et des détails sur de prochaines fusions et acquisitions notamment. Les prévisions de l’analyste n’en comprennent pas pour l’instant.

Tournant sa lunette à moyen et long terme, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, croit que le plan stratégique de la société devrait bel et bien la propulser vers l’avant, lorsque la pandémie cessera d’affecter ses activités.

Toutefois, tant que Saputo ne sera pas en mesure de clairement démontrer qu’elle reprend de la vitesse de façon durable, les investisseurs et le marché devraient continuer de miser sur la prudence, chose qui devrait arriver bien après l’horizon de ses prévisions.

Elle ajuste donc le multiple de son BAIIA à 11,5 x, et abaisse son cours cible à 37 $.

 

Rogers Communications (RCI.B, 63,85 $): l’acquisition de Shaw est prometteuse

Rogers Communications (RCI.B, 63,85 $): l’acquisition de Shaw est prometteuse

Après la réunion avec le nouveau chef de la direction de Rogers, Tony Staffieri, l’analyste de Valeurs mobilières Desjardins, Jérôme Dubreuil, voit d’un très bon œil la révision des objectifs du géant des télécommunications pour 2022.

Plus réalistes, selon lui, elles comprennent aussi une analyse sommaire de ce que l’acquisition de Shaw Communication — qui devrait se clore au deuxième trimestre de 2022 — pourrait apporter à l’organisation.

Puisque cette transaction générera de nombreuses occasions de croissance, le titre de Rogers s’échange donc présentement au rabais, et les investisseurs ne devraient pas manquer de le remarquer, note l’analyste.

De plus, l’écart entre le ratio valeur d’entreprise/bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement et le rendement des flux de trésorerie de Bell et ceux de Rogers tirés de son analyse sommaire placent son titre dans une position très avantageuse, estime Jérôme Dubreuil.

Certes, les risques liés à cette acquisition demeureront sur son radar au cours des prochains trimestres, mais ils sont déjà largement compris dans la valeur actuelle de son titre.

Malgré le dévoilement des résultats du quatrième trimestre de l’exercice 2021 de Rogers, et ses nouvelles attentes pour 2022, l’analyste de Valeurs mobilières Desjardins ne change pas ses prévisions pour 2023.

II revoit toutefois à la hausse son cours cible, qu’il fait passer de 68 $ à 72 $. Sa recommandation est à «achat».

 

Agnico Eagle Mine (AEM, 59,49 $, 46,72 $US): une fusion qui lui donnera du lustre

Agnico Eagle Mine (AEM, 59,49 $, 46,72 $US): une fusion qui lui donnera du lustre

Depuis qu’elle a annoncé sa fusion avec Kirkland Lake Gold, le titre d’Agnico Eagle ne cesse de sous-performer par rapport à son nouveau groupe des pairs, observe Mark Parkin de la Financière Banque Nationale.

En effet, à la fermeture des marchés, le 27 janvier 2022, son titre glissait de 6,8% par rapport à là où il se trouvait avant l’annonce, tandis que celui de ses pairs a plutôt haussé au cours de cette même période.

Puisque son titre se trouve maintenant à un creux, l’analyste de la Financière Banque Nationale estime qu’il est le bon moment de mettre la main sur le titre. D’autant que depuis qu’il a mis à jour ses prévisions pour y inclure la fusion qui est sur le pont de se clore, il fait passer sa recommandation à «surperformance», et son cours cible à 84 $.

En effet, cette opération devrait transformer Agnico Eagle en un géant de l’industrie minière canadienne, avec une production annuelle potentielle d’au moins 3,5 millions d’onces d’or.

L’analyste précise que cette performance s’appuie sur un risque géopolitique plutôt faible là où se trouvent ses mines, ce qui devrait lui permettre de regagner du lustre comparé à ses pairs. Ses maigres frais d’exploitation lui permettront aussi d’avoir des flux de trésorerie plutôt enviable.

Mike Parkin surveillera aussi de près la révision de la durée de vie de la mine de Detour Lake à la mi-2022. Agnico Eagle a dévoilé en septembre 2021 une importante réévaluation des ressources qu’elle pense en extraire.

La Financière Banque Nationale a basé ce nouveau cours cible sur un multiple de 9x de son ratio valeur d’entreprise/bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement des douze prochains mois, alors qu’il se trouvait précédemment à un multiple de 10,5 x.