Saputo vient d’acquérir le producteur de fromage végane écossais Bute Island Foods. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Saputo, TFI International et Banque Scotia? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Saputo (SAP, 41,86$): une première pour le transformateur laitier demain
Le transformateur laitier dévoilera les résultats du quatrième trimestre le 3 juin, mais c’est la présentation formelle de la stratégie de croissance interne et des orientations financières, une première pour la société, qui soulève le plus grand intérêt.
Michael Van Aelst de Valeurs mobilières TD s’attend à ce que les dirigeants précisent comment la société entend utiliser l’augmentation récente de sa capacité de production, lancer de nouveaux ingrédients alimentaires à valeur ajoutée, accélérer l’expansion des produits à base de plantes, tirer profit du regroupement des deux divisions américaines et améliorer sa part du marché au détail.
Au quatrième trimestre, les résultats de l’an dernier seront faciles à surpasser. Malgré le recul prévu de 2% des revenus, Michael Van Aelst table sur un rebond de 61% du bénéfice à 0,45$ par action, par rapport au consensus de 0,39$. Ses prévisions excluent l’amortissement de la plus-value des acquisitions, ce que ses collègues ne font pas tous.
Un an plus tôt, en pleine pandémie, Saputo avait dévalué des stocks à cause de la chute des cours pour les tartinades de lait, les fromages et le lait.
Le bénéfice d’exploitation devrait aussi rebondir de 9% excluant l’effet des radiations.
À son cours actuel, l’évaluation de 12,4 fois le bénéfice d’exploitation est encore inférieure à la moyenne de 12,7 fois d’avant la pandémie.
«Le retour d’un parcours plus visible de croissance des bénéfices devrait propulser le titre à notre cours-cible de 44$», dit-il.
Il y a une multitude de catalyseurs: la réouverture des restaurants, les prix plus stables pour les produits laitiers, le redressement des volumes de ventes au Canada et en Australie, la diversification des clients en Grande-Bretagne pour ses ingrédients, les gains d’efficacité du regroupement américain et l’ouverture d’une nouvelle usine de lait ultra-moderne en Colombie-Britannique cet été. Des acquisitions potentielles complètent ce tableau.
Saputo vient d’ailleurs d’acquérir le producteur de fromage végane écossais Bute Island Foods et le fabricant d’ingrédients de lait du Wisconsin.
Le groupe a accès à 3 milliards de dollars de ressources financières pour réaliser des acquisitions.
Le quatrième trimestre sera le premier d’une phase d’accélération de croissance qui s’appuiera sur la reprise de l’industrie des services alimentaires, des produits innovants (le lait d’amandes et d’avoine, le fromage à pizza sans lait) et la meilleure utilisation de la capacité de production.
«Nous ajusterons nos prévisions après le dévoilement des résultats et des orientations», indique l’analyste qui réitère sa recommandation d’achat.
TFI International (TFII, 115,13$): l’action du camionneur reflète ses bons coups
TFI International (TFII, 115,13$): l’action du camionneur reflète ses bons coups
Au cours actuel, l’évaluation du transporteur reflète amplement l’amélioration cyclique de la demande et la contribution potentielle de ses acquisitions, estime Fadi Chamoun de BMO Marchés des capitaux.
L’analyste continue de croire que la demande du secteur industriel restera forte étant donné le déséquilibre entre les ventes et les stocks des fabricants, mais juge que le titre offre moins de potentiel si la vigueur actuelle s’avérait un pic pour la demande et les tarifs de transport.
D’ailleurs, il relève de 95 à 100$ son cours cible en raison de la conjoncture favorable. Toutefois après un bond de 86% en Bourse depuis le début de 2021, le «rapport risque-rendement est plus équilibré» qu’il ne l’était auparavant, dit-il.
La vulnérabilité du titre à une contraction du multiple d’évaluation est sa principale préoccupation parce que la performance des camionneurs tend à se modérer six à douze mois après une pointe cyclique des tarifs, historiquement.
«Les futurs bénéfices pourraient surprendre, mais l’évaluation reflète déjà en partie ces attentes», évoque Fadi Chamoun.
Son cours-cible tient déjà compte du potentiel que les bénéfices puissent plus doubler à 7,19$ par action en 2023.
«Ces projections sont réalistes étant donné la vigueur de la demande, mais l’intégration des acquisitions (dont UPS Fret) comporte des risques », ajoute l’analyste en rappelant que le transporteur doublera sa taille au cours des deux prochaines années.
Une fois que TFI aura amélioré la rentabilité et les flux de trésorerie de ses plus récents achats, le transporteur pourra alors reprendre le chemin des acquisitions.
L’analyste ne recommande donc plus l’achat du titre qui s’échange à un multiple de 11,3 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2021.
Banque Scotia (BNS, 80,88$): la reprise dépend de celle de l’Amérique latine
Banque Scotia (BNS, 80,88$): la reprise dépend de celle de l’Amérique latine
La reprise de la plus internationale des banques canadiennes repose sur l’éventuel rebond économique des pays de l’Amérique latine où la pandémie fait plus de ravages.
Bien que Darko Mihelic, de RBC Marchés des capitaux y croit toujours, ses attentes restent prudentes.
L’analyste mise sur des marges d’intérêts stables d’ici le reste de l’année et le retour de la croissance des prêts à partir du quatrième trimestre pour les activités bancaires internationales.
En bout de ligne, les revenus totaux de la banque devraient peu bouger en 2021, alors que ceux des autres banques croîtront de 4,1% en moyenne, note l’analyste qui prévoit aussi que la croissance des revenus de 4,5% de 2022 sera encore inférieure à celle de 5,6% de ses semblables.
Dans l’intervalle, les activités bancaires canadiennes, la gestion de patrimoine et le contrôle des coûts tiennent le fort.
Au deuxième trimestre, les bénéfices des activités bancaires canadiennes pour particuliers et entreprises de 931 millions de dollars ont surpassé les prévisions de RBC de 848 M$. La hausse de 4% des revenus provient surtout des revenus autres que d’intérêts.
Les prêts ont tout de même augmenté de 4,1%, principalement grâce au bond de 7,8% des hypothèques.
Le bénéfice trimestriel de 1,90$ par action, 8% que prévu, est surtout attribuable à la baisse de 73% à 496 M$ des provisions pour pertes sur prêts. En gros, le renversement de la dotation pour pertes sur créances productives a compensé pour la hausse de 56% de la dotation pour pertes sur prêts douteux. La pire performance des banques à cet égard provient de prêts non garantis à l’international, précise Darko Mihelic qui mentionne que les dirigeants croient que les prêts douteux ont atteint leur pic.
Malgré les perspectives moins reluisantes que celles des autres banques, l’analyste maintient sa recommandation d’achat et augmente même son cours cible de 84 à 86$ parce que la reprise profitera éventuellement à l’institution.
Il note par exemple que les revenus de 2,3 milliards de dollars du deuxième trimestre sont encore inférieurs au niveau trimestriel moyen de 3,1 G$, avant la pandémie.
Ses nouvelles prévisions de bénéfice qui passent de 7,16 à 7,53$ en 2021 et de 7,91 à 8,11$ en 2022, soit une croissance de 7,7%.
«Il est possible que nos prévisions soient trop prudentes si la croissance des prêts à l’international dépassaient celle de 7% de notre modèle en 2022», prévient l’analyste.
Son cours-cible repose sur un multiple de 10,5 fois les bénéfices prévus en 2022, une évaluation au bas de la fourchette de 10,5 à 11,5 fois qu’il attribue aux banques.