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À surveiller: Shopify, CGI et Weston

Dominique Beauchamp|Publié le 30 juillet 2020

Que faire avec les titres de Shopify, CGI et George Weston? Voici quelques recommandations d'analystes.

Que faire avec les titres de Shopify, CGI et George Weston? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.


Shopify (SHOP, 1401,23$): un trimestre «épique», tout comme son action 

David Hynes de Canaccord Genuity exprime bien la frustration de bien des investisseurs envers la coqueluche du commerce en ligne

La croissance exceptionnelle du fournisseur de solutions omni-canal de bonnes chances de durer, mais il est presque inconcevable de recommander un titre qui s’échange à un multiple tout aussi spectaculaire de 36,5 fois les revenus prévus en 2021.

«Nous croyons toujours que la recommandation de conserver le titre est la bonne posture à adopter, mais nous aimerions ne pas avoir pris cette position il y a trois mois», déplore l’analyste.

Il n’est pas encore clair aujourd’hui ce qui ramènera le titre sur terre pour en faire un achat, ajoute David Hynes, mais il suggère trois possibilités: l’inévitable modération du rythme des ventes totales réalisées par les marchandes sur sa plateforme, de possibles pressions économiques sur la capacité dépensière des consommateurs ou tout bonnement un taux de croissance difficile à soutenir.

Une déception par rapport aux attentes trop élevées, et non une mauvaise performance par la société, offrira donc une nouvelle occasion d’acheter le titre. Dans l’intervalle, «la meilleure chose à faire est d’attendre», dit-il.

Il est nettement plus clair que le virage en ligne prend de la vigueur rapidement. Le rythme pourrait se stabiliser après la pandémie, mais ne risque pas de se renverser, fait aussi valoir l’analyste.

Le nombre de nouveaux magasins sur la plateforme a explosé de 71%, en partie grâce à l’offre d’essai gratuite de 90 jours au lieu de l’habituel 14 jours, mentionne David Hynes. Cette promotion a pris fin en mai.

La société d’Ottawa convertit un moins grand nombre de ces nouveaux marchands en clients payants, mais le taux de rétention global devrait être satisfaisait étant donné que plusieurs nouveaux clients sont de grandes entreprises qui veulent vendre directement aux consommateurs, explique l’analyste.

Si la marge d’exploitation «ajustée» de 16% du trimestre donne un avant-goût du levier de rentabilité potentiel de la société, David Hynes s’attend plutôt à ce que cette dernière exploite sa force de frappe pour investir davantage dans ses projets de plus longue haleine dont sa propre infrastructure d’approvisionnement.

Shopify Capital a aussi fourni des avances de fonds et des prêts de 153 millions aux marchands, soit 65% de plus d’un an plus tôt, précise l’analyste.

David Hynes hausse son cours cible de 940$ à 1340$, un objectif inférieur au cours actuel.

 

Groupe CGI (GIB.A, 93,34$): trois raisons de reconsidérer le titre

Groupe CGI (GIB.A, 93,34$): trois raisons de reconsidérer le titre

Les investisseurs ont au moins trois raisons de reconsidérer le titre de CGI, croit Maher Yaghi de Desjardins Marché des capitaux.

L’effet de la pandémie a été moins sévère que prévu, si l’on se fie au recul de 6% des revenus (sans l’effet des acquisitions) et à la marge d’exploitation de 14,7%, au troisième trimestre.

Cette marge était de 15,2% un an plus tôt, mais elle dépasse tout de même le consensus qui était de 14,3%.

Même si la COVID-19 nuira encore aux résultats du prochain trimestre, les perspectives s’améliorent par la suite, indique l’analyste.

CGI a aussi décidé de doubler à 115 millions de dollars le plan de coupes entrepris pour protéger sa rentabilité pendant la pandémie.

Maher Yaghi prévoit d’ailleurs que les bénéfices croîtront de 2,3% en 2020 (à 4,81$ par action) si les mesures de confinement actuelles ne durent pas plus de six mois, avant de rebondir de 8,7% (à 5,23$) en 2021.

Les coûts de la rationalisation grimpent surtout parce que la majorité des nouvelles mises à pied ( 2% des effectifs totaux), s’effectueront en Europe de l’ouest, une région où les indemnités de départ sont élevées, explique l’analyste.

Maher Yaghi évalue que CGI récupérera ces dépenses d’ici deux ans sous forme d’économies.

«Le plan sera bénéfique aux marges à long terme et son effet commencera à se faire sentir en 2021», ajoute-t-il.

L’autre attrait du titre concerne le pipeline croissant d’acquisitions potentielles que la pandémie fait émerger. CGI dit avoir colligé une liste de 1000 candidates et discutent avec vingt d’entre elles.

Étant donné la discipline d’achat et la capacité d’intégration dont a fait preuve CGI dans le passé, Maher Yaghi voit ce potentiel d’un bon œil.

Enfin, malgré le rebond de 7% de l’action le 29 juillet, le titre de CGI se négocie encore à bon prix par rapport à ses semblables en Bourse.

Le multiple d’évaluation de 17,8 fois le bénéfice prévu en 2021 se compare à la moyenne de 23,4 fois pour le groupe-repère américain.

Le cours actuel offre un «bon point d’entrée compte tenu de la capacité d’acquisition du bilan solide et de l’évaluation attrayante par rapport à ses semblables», conclut l’analyste.

Petite ombre au tableau à court terme: les élections américaines devraient entraîner un déclin des nouveaux contrats de la part du gouvernement à Washington pour la division CGI Fédéral à partir du mois d’octobre, peu importe quel parti remporte la victoire.

 

George Weston (WN, 103,06$): la patience est encore de mise pour le boulanger

George Weston (WN, 103,06$): la patience est encore de mise pour le boulanger

La société de portefeuille de la famille du même tente de rehausser sa valeur en Bourse depuis des années. Une récente réorganisation devait rapprocher la société un peu plus près de son but, mais la pandémie ralentit le processus.

Bien que George Weston évolue surtout en fonction de la performance de Loblaw (L, 69,79$) dont elle a 177 millions d’actions, la ré-évaluation potentielle du conglomérat passe aussi par le redressement de son boulanger Weston et l’éventuel réinvestissement des capitaux excédentaires.

Mark Petrie de CIBC Marchés mondiaux croit toujours à ce potentiel, mais reconnaît que la patience est de mise.

Il ne se formalise pas trop des résultats décevants du deuxième trimestre parce que la pandémie a affaibli les ventes de pain à l’industrie de la restauration et des services alimentaires tandis que les mesures sanitaires ont soulevé les dépenses.

«Nous sommes disposés à passer par-dessus cette faiblesse parce que les tendances s’améliorent déjà au troisième trimestre», explique l’analyste. Le recul des revenus s’est amoindri à 5% lors des quatre premières semaines du troisième trimestre alors que les ventes avaient chuté de 14% au deuxième.

Les coûts additionnels passeront aussi de 16 millions à 3 millions d’un trimestre à l’autre.

Pour 2021, Mark Petrie se dit optimiste. Il prévoit que les investissements pour augmenter la capacité et élargir l’éventail de produits du boulanger devront commencer à rapporter.

«Sans orientations de la part de la société, il est difficile d’évaluer le potentiel des marges futures de cette transformation», admet-il.

L’analyste imagine néanmoins que les bénéfices seront élevés compte tenu des mauvais résultats passés et des énormes efforts consacrés ai repositionnement du boulanger ces dernières années.

L’incertitude pourrait persister de 6 à 18 mois, mais les priorités de la société restent les mêmes en ce qui concerne la répartition du capital.

La conjoncture pourrait offrir des occasions d’achat, mais Mark Petrie croit que le holding préférera laisser son trésor de guerre s’accumuler avant de passer à l’action.

Dans l’intervalle, l’immobilier est le segment le plus susceptible de prendre de l’expansion étant donné les projets que caresse sa filiale Fiducie de placement immobilier Propriétés de Choix (CHP.UN, 12,78$).

Weston détient 440,6 millions d’actions de ce fonds de placement immobilier à capital fermé.

D’ailleurs, le fonds vient d’acheter deux propriétés à Toronto de Wittington Properties, une société privée appartenant à la famille Weston, en échange de 206 M$ de ses actions.

L’action de Weston n’est plus aussi bon marché qu’au moment où son cours était tombé à 87,49$ en décembre 2018, mais l’écart entre son cours et la valeur de ses filiales est encore attrayant, croit Mark Petrie.

Plus la performance du boulanger s’améliorera plus cet écart devrait se rétrécir, entrevoit-il.

Mark Petrie renouvelle donc sa recommandation d’achat. Son cours cible passe de 124 à 126$ essentiellement en fonction de l’appréciation prévue de Loblaw.