Shopify n’a jamais autant raté la cible depuis son premier appel public à l’épargne. (Photo: La Presse Canadienne)
Que faire avec les titres de Shopify, Sleep Country et Bombardier? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Shopify (SHOP, 420,02$US): elle rate la cible pour la deuxième fois de son histoire
En dévoilant des revenus inférieurs de 3% à ce qu’avaient prévu les analystes, Shopify n’a jamais autant raté la cible depuis son premier appel public à l’épargne, souligne Paul Treiber de RBC Marchés des capitaux.
À 1,2 milliard de dollars américains (G$US), ses revenus ont toutefois crû de 22% par rapport à la même période l’an dernier, tandis que l’analyste et le consensus tablaient sur 1,24 G$US. Son bénéfice par action ajusté est d’une valeur de 0,20$US, RBC misant plutôt sur 1,53$US, et le consensus sur 0,63$US.
C’est la moins bonne performance du volume brut de la marchandise — qui a crû de 16% par rapport au même moment l’an dernier — à 43,2 G$US qui a freiné sa croissance, estime Paul Treiber. Il tablait plutôt sur 45,4 G$US, et le consensus sur 46,1 G$US.
L’analyste précise que malgré tout, Shopify s’en est mieux tiré que l’ensemble du secteur du commerce en ligne aux États-Unis qui n’a avancé que de 10%. Ainsi, la société devient plus compétitive. Si l’entreprise compte bel et bien imposer un taux de plus de 5%, elle doit toutefois devenir la plateforme de commerce par défaut, précise Paul Treiber.
En plus d’avoir gagné des parts de marché, son volume brut de marchandise tiré de ventes qui ne se sont pas produites en ligne a bondi de 80% en un an, alors que les ventes tirées des réseaux sociaux et de ses partenaires ont quadruplé sur cette même période.
Le taux d’imposition a cependant avancé de 9 points de pourcentage par rapport au trimestre précédent atteignant 1,99%, ce qui est mieux que ce qu’avaient prévu tous les analystes.
Ses revenus récurrents mensuels ont bondi de 17% par rapport au premier trimestre de l’exercice précédent à 105 M$US, soit entre le 106 M$US attendu par RBC et le 104 M$US du consensus.
La valeur de l’entreprise a glissé de 37% par rapport à son niveau prépandémique, et de nombreuses inquiétudes liées aux dépenses des consommateurs et de la compétition et de ses dépenses en investissement obscurcissent le portrait. Or, l’analyste précise qu’elles proviennent davantage de la conjoncture économique que d’opérations de Shopify comme tel.
La société s’attend d’ailleurs à faire de nouveaux investissements pour attirer des commerçants à partir de la deuxième moitié de son exercice 2022, rapporte l’analyste.
D’après lui, Shopify devrait reprendre du galon à partir de la deuxième moitié de l’année 2022, et il est toujours d’avis qu’elle devrait continuer à s’approprier des parts de marchés et gagner de l’ampleur à long terme, ce pour quoi il ne change pas ses prévisions à cet égard.
Il maintient donc sa recommandation de «surperformance de secteur», mais sabre son cours cible, le faisant passer de 1000$US à 800$US, afin de mieux représenter ses inquiétudes à court terme.
Sleep Country (ZZZ, 27,22$): ses investisseurs peuvent dormir paisiblement
Sleep Country (ZZZ, 27,22$): ses investisseurs peuvent dormir paisiblement
La société a dévoilé des résultats solides sur toute la ligne, largement supérieurs à ceux qu’avait prévus Vishal Sheedhar de la Financière Banque Nationale, notamment à cause de la croissance de ses marges brutes «significatives».
Les ventes d’un même magasin comparable ont grimpé de 8,8%, alors que l’analyste misait sur 7,4%. L’an dernier, elles étaient plutôt en hausse de 19,6%.
Elle a généré des revenus de 207 millions de dollars (M$), ce qui est encore mieux que ce qu’elle avait fait à pareille date l’an dernier, à 183 M$. Les revenus tirés de la vente de ses matelas ont grimpé en hausse de 9,5%, tandis que ses accessoires ont bondi de 27% en un an.
La part de ses revenus tirés de la vente en ligne est similaire à ce qui a été enregistré au quatrième trimestre de l’exercice 2021.
Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajusté a atteint 46,7 M$, tandis que l’analyste tablait sur 36 M$ et le consensus sur 34,5 M$, ce qui est largement mieux que ce qu’elle avait fait en 2021, à 31,5 M$.
Vishal Sheedhar rappelle que le ton employé par la société lors de son appel avec ses actionnaires était fort encourageant, d’autant qu’elle a mentionné que son élan se poursuivait à la fin du trimestre. Elle compte continuer de nouer des partenariats stratégiques, notamment dans les supercentres de Walmart, après le franc succès de son projet pilote.
Elle s’est aussi entendu avec Loblaw, afin que le détaillant tienne sur sa plateforme virtuelle une boutique Dormez-vous en ligne.
L’analyste estime que la société ontarienne est parvenue à bien naviguer à travers la tempête pandémique, malgré les défis d’approvisionnement, la hausse de l’inflation et les difficultés à recruter.
À moyen terme, l’entreprise est donc bien placée pour poursuivre sa croissance grâce aux initiatives qui se trouvent dans son percolateur, comme ses investissements dans ses outils virtuels, dont son progiciel de gestion intégré, l’ouverture d’au moins six nouvelles boutiques, et ses partenariats stratégiques.
Vishal Shreedhar fait donc passer son cours cible de 33$ à 37$, soit 11 fois le bénéfice par action anticipé pour l’exercice 2023-2024. Il représente ainsi mieux la révision à la hausse de ses attentes, et le changement de sa période d’évaluation. Sa recommandation demeure à «performance de secteur».
Bombardier (BBD.B, 1,32$): la société surprend agréablement
Bombardier (BBD.B, 1,32$): la société surprend agréablement
Bombardier a surpris Kornak Gupta en dévoilant des résultats trimestriels «solides» grâce au travail de la direction et un marché du jet d’affaires en ébullition, qui voit là une belle occasion de mettre la main sur ce titre.
Il a surtout été ravi par la quantité de flux de trésorerie dans un trimestre où un important volume de liquidité est habituellement utilisé.
Ainsi, elle a généré 173 millions de dollars (M$) au premier trimestre de l’exercice, alors qu’à pareille date l’an dernier elle faisait état de pertes de 405 M$. L’analyste et le consensus tablaient respectivement sur des pertes de 228 M$ et de 263M$.
Elle le doit en partie aux commandes qui lui ont été passées, en ayant enregistré 2,5 fois plus que le nombre d’appareils livrés, de même qu’au fruit de son travail pour générer davantage de marge et réduire la taille de sa dette.
L’entreprise a souligné que les avances des acheteurs ont grimpé de 500M$ par rapport au trimestre précédent, ce qui a gommé les coûts associés à l’étoffement de son inventaire et à sa dette.
Son carnet de commandes se rapproche de ses niveaux prépandémie à 13,5 milliards de dollars (G$), alors qu’il était de 12,2 G$ en 2021 et de 10,7 G$ en 2020.
Elle a livré un appareil de moins que prévu par l’analyste, et 5 de moins que l’an dernier.
Devant une telle performance, Kornak Gupta estime que les attentes à l’égard de ses flux de trésorerie d’ici la fin de l’exercice sont prudentes, et ce, même si le marché du jet d’affaires devait perdre un peu d’altitude.
C’est pourquoi il révise à la hausse les siennes au-delà de celles prévues par la direction qui n’y a pas touché.
Elle compte toujours livrer plus de 120 appareils, que ses revenus, son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement et ses flux de trésorerie dépassent respectivement 6,5 G$, 825 M$, et 50 M$, et que le taux de croissance de ses livraisons se situent entre 15% et 20% en 2023, rappelle l’analyste.
Bombardier préfère attendre, afin d’observer quels seront les conséquences des conflits géopolitiques et l’impact que ça pourrait avoir sur ses flux de trésorerie avant de revoir ses prévisions, ce qu’elle pourrait faire plus tard cette année.
Il garde sa recommandation de «surperformance de secteur», tout comme son cours cible à 2,35$, étant donné que le marché ne «partage pas [sa] confiance grandissante».