(Photo: lesaffaires.com)
Que faire avec les titres de SNC-Lavalin, Empire-IGA et Well Health? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
SNC-Lavalin (SNC, 26,13$): le rapport risque-rendement du recentrage n’est pas si attrayant
La veille des résultats annuels de SNC-Lavalin, Devin Dodge de BMO Marchés des capitaux se dit d’accord avec ses collègues sur un point: la vente du groupe de pétrole et gaz réduira considérablement le risque et la volatilité des bénéfices de l’ingénieur-conseil.
Les provisions importantes du quatrième trimestre procureront aussi un bon coussin à la société dans l’éventualité où d’autres dépassements de coûts survenaient ou le règlement de litiges s’avérait défavorable.
Par contre, il diffère de ses collègues en ce qui concerne le potentiel de réévaluation du titre. Devin Dodge croit que ce processus prendra plus de temps que ne le prévoit le consensus parce que l’effet du recentrage sur les flux de trésorerie sera graduel, dit-il.
«Le rehaussement du titre pourrait être décevant. À notre avis, le rapport-risque rendement n’est pas très attrayant», écrit-il.
Les flux de trésorerie s’amélioreront moins vite que les bénéfices en raison des sommes à fournir pour le règlement des accusations fédérales de fraude, pour la résolution de différends commerciaux et pour l’achèvement des vieux contrats à prix fixe.
Il rappelle aussi que le consortium de l’autoroute 407 à Toronto, dans lequel SNC-Lavalin détient 6,7%, a suspendu ses dividendes parce que la pandémie diminue les déplacements.
Devin Dodge augmente de 1,69 à 1,81$ par action ses prévisions de bénéfices pour 2021, mais il abaisse celles pour les flux de trésorerie de 1,52 à 1,15$ par action, pour la même année.
Et si les flux excédentaires s’avéraient plus modestes comme il le croit, SNC-Lavalin sera aussi plus lente à réduire sa dette, à retourner du capital aux actionnaires et à conclure des acquisitions.
Une série d’ajustements fait en sorte que le titre est moins bon marché qu’il n’y paraît, renchérit l’analyste de BMO.
«Le titre est moins chèrement évalué que ses semblables, mais le rehaussement de l’évaluation titre exige que la société démontre un nouveau parcours d’exécution et de performance financière substantiellement meilleur qu’avant», dit-il.
Même un scénario plus optimiste offre un rendement potentiel de seulement 17%, prévient Devin Dodge.
Après avoir mis à jour l’analyse de toutes les pièces de SNC-Lavalin, son cours cible passe de 24 à 28$, soit un multiple de 8,6 fois le bénéfice d’exploitation des services-conseils en ingénierie prévus en 2021, plus 12$ par action pour les placements.
L’action de SNC-Lavalin s’est appréciée de 22% depuis le début de l’année.
Empire/IGA (EMP.A, 35,60$): le troisième trimestre s’annonce satisfaisant
Empire/IGA (EMP.A, 35,60$): le troisième trimestre s’annonce satisfaisant
Le propriétaire des épiceries Sobeys, IGA et FreshCo. dévoilera des résultats forts satisfaisants le 10 mars, mais ils pourraient tout de même décevoir certains.
Patricia Baker, de Banque Scotia, prévoit une hausse de 19,6% du bénéfice à 0,55$ au troisième trimestre, une prévision qui se situe en bas de la fourchette des attentes qui oscillent entre 0,55 et 0,66 $.
L’analyste estime que les estimations de ses collègues n’incorporent pas les coûts additionnels de 11,5 millions de dollars pour la fermeture de certains magasins pendant leur conversion à l’enseigne FreshCo.
En plus, le lancement du service de commandes en ligne et de livraison en une heure Voilà, dans la grande région de Toronto, amputera aussi 0,05$ au bénéfice. Les commandes en ligne sont traitées au centre robotisé conçu par Ocado Plc, à Vaughan, en Ontario.
Une fois l’effet de surprise passé, les investisseurs devraient tout de même saluer la performance de l’épicier, qui a non seulement bénéficié des achats pandémiques, mais aussi d’une excellente exécution depuis trois ans, dit-elle.
L’augmentation des ventes de 8,3% au troisième trimestre a plus que compensé pour la hausse des coûts additionnels de 15 à 20 M$. Ce total inclut des bonis pandémiques de 5 M$ versés aux employés.
Patricia Baker prévoit une hausse de 14,2% du bénéfice d’exploitation (à 467 millions) de dollars, une marge brute de 24,7% et une marge d’exploitation de 7%, pour le segment de l’épicerie du groupe.
L’analyste ajuste aussi légèrement ses prévisions: le bénéfice prévu en 2021 passe de 2,45 à 2,43$, mais celui de 2021 passe de de 2,70 à 2,73$.
La téléconférence devrait offrir un contraste intéressant entre l’effet du nouveau confinement imposé dans certaines régions du pays et les perspectives d’un retour à la normale des habitudes d’achat après le déconfinement.
Le titre d’Empire devrait continuer à s’apprécier grâce à la bonne «exécution» du plan de croissance Horizon qui vise à accroître le bénéfice d’exploitation de 500 M$ d’ici la fin de l’exercice 2023, prévoit-elle.
L’analyste réitère sa recommandation d’achat et le cours cible de 45$.
Depuis le début de 2021, l’action d’Empire a surpassé celles de ses rivales. Son gain de 5,2% se compare à celui de 3,9% de Loblaw (L, 65,30$) et au recul de 3,7% de Metro (MRU, 54,72$).
Well Health (WELL, 7,63$): une autre petite bouchée pour le consolidateur de télémédecine
Well Health (WELL, 7,63$): une autre petite bouchée pour le consolidateur de télémédecine
Avant même que l’achat transformationnel des cliniques de gastroentérologie CRH Medical ne soit finalisé, Well Health Technologies s’offre un petit d’achat dans sa cour à Vancouver, dans le domaine du logiciel cette fois.
Le consolidateur des fournisseurs de solutions numériques pour le secteur médical acquiert Intrahealth pour 19,2 millions de dollars, dont 10,7 M$ comptant, soit un multiple de 2,1 fois les ventes et de 10,7 fois le bénéfice d’exploitation, estime Doug Taylor, de Canaccord Genuity.
«Cet achat est mineur par rapport aux revenus et à la valeur boursière de Well Health, mais les ratios financiers de la transaction et l’aspect complémentaire des solutions numériques acquises nous plaisent», indique l’analyste.
Intrahealth réalise des revenus de 9 M$ et dégage un bénéfice d’exploitation de 1,8M$, soit des marges de plus de 20%. Quelque 80% de ses revenus sont aussi récurrents.
Intrahealth offre une panoplie de logiciels de gestion au réseau de la santé dont les hôpitaux, les cliniques et les fournisseurs de soins ambulatoires et à domicile. Le réseau sert 15 000 professionnels de la santé au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande qui compte des millions de patients dans leur base de données.
Doug Taylor imagine qu’Intrahealth offrira des solutions de Well Health en Australie et en Nouvelle-Zélande, deux nouveaux marchés pour l’acquéreur.
«Well Health ajoute pour sa part des services numériques plus rentables et de nouvelles applications dans des environnements de soins plus complexes», explique aussi l’analyste.
Well Health enfile les acquisitions à un rythme rapide, tout comme les émissions d’actions (trois depuis mai 2020). Ses revenus et son bénéfice d’exploitation devraient donc passer de 198,5M$ et 39,4M$ respectivement en 2021 à 313,4M$ et à 81,7M$ en 2022, prévoit l’analyste.
Doug Taylor conserve un cours-cible de 12$, soit un multiple 8 fois les revenus prévus et recommande l’achat du titre avec la mention « spéculatif ».
Ce multiple tient compte du fait que la société devient de plus en plus un prestataire de services, grâce à l’achat de CRH, et qu’elle a pu émettre des actions à prix fort pour financer ses achats.