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À surveiller: SNC-Lavalin, Finning et Innergex

Dominique Beauchamp|Publié le 10 mai 2023

À surveiller: SNC-Lavalin, Finning et Innergex

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de SNC-Lavalin, Finning et Innergex ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

SNC-Lavalin (SNC, 35,88$): la forte réaction au solide premier trimestre reflète l’absence de mauvaises surprises 

Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale se réjouit du bond de 12,2% de l’action de SNC-Lavalin, le 9 mai, en réaction aux solides résultats financiers du premier trimestre.

Les revenus de 2 milliards de dollars (G$) ont en effet surpassé les prévisions de 1,8 G$. Le bénéfice d’exploitation de 161 millions de dollars (M$) est 8 % plus élevé que le consensus de 149 M$. Le bénéfice par action de 0,33 $ par action est aussi six cents mieux que prévu.

L’appréciation du titre reflète surtout d’un certain soulagement de la part des investisseurs qui redoutent des mauvaises surprises à chaque trimestre, tempère l’analyste qui ne touche pas d’ailleurs à son cours cible de 39 $.

La «génération régulière de flux de trésorerie disponibles reste l’élément catalyseur pour que le titre soit revalorisé de façon durable. Cette dynamique devra attendre au deuxième semestre», fait-il valoir.

À cet égard, l’exploitation a essuyé un déficit de flux de trésorerie de 57 millions de dollars au premier trimestre, qui est toue de même moins pire que les prévisions de 196 M$ de l’analyste. 

Maxim Sytchev avance aussi que SNC-Lavalin gagnerait à s’inspirer de Jacobs Solutions (J, 118,76 $ US) qui distribue à ses actionnaires sa division CMS de solutions aux gouvernements afin de la mettre en valeur et de mettre au jour la croissance et les marges supérieures de ses principales activités.

L’analyste croit que SNC-Lavalin devrait envisager de se séparer de sa filiale Linxon, un partenariat avec Hitachi qui réalise des projets clés en main de postes électriques à courant alternatif. «Les investisseurs préfèrent les sociétés simplifiées», dit-il. 

Dans l’intervalle, l’analyste salue le saut de 18% des revenus des services d’ingénierie, SNCL Services sans l’effet des acquisitions dans ces trois marchés du Canada, des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Son carnet de commandes a augmenté de 8% en un an et atteint un record de 12,1 milliards de dollars.

La marge d’exploitation de 8,4% est aussi conforme à ses attentes et se compare à celle de 7,5% un an plus tôt.

Le segment nucléaire a accru ses revenus de 5%, sans ‘effet des acquisitions tandis que la marge d’exploitation de 13,4% a souffert du ralentissement des activités en Amérique du Nord.

Les revenus de la division d’énergie et d’énergie renouvelable ont baissé de 9%, sans l’effet des acquisitions alors que sa marge d’exploitation s’est contractée de 110 points de pourcentage, à 7,5%.

Les activités de la filiale de projets clés en main de postes électriques à courant alternatif Linxon ont ralenti dans toutes les régions à l’exception du Moyen-Orient où les revenus ont avancé de 20%. La marge d’exploitation s’est améliorée à 0,7%.

Enfin, la division des contrats à prix fixe CMPF a perdu 9 millions de dollars, moins que les pertes prévues de 19 M$ et surtout nettement moins pires que les pertes de 30 M$, d’un an plus tôt. SNC-Lavalin négocie toujours avec les clients pour récupérer les surcoûts des contrats déficitaires.

Au final, Maxim Sytchev continue de recommander l’achat du titre parce que son redressement progresse dans la bonne direction. Son cours-cible de 39$ est la somme de la valeur spécifique accordée à chacune des divisions, plus 10,75$ pour l’autoroute 407 et d’autres concessions d’infrastructures.

Finning (FTT, 35,87$): un fort trimestre qui valide la thèse de Scotia 

Finning (FTT, 35,87$): un fort trimestre qui valide la thèse de Scotia 

Michael Doumet de Banque Scotia est doublement ravi de la tournure des événements pour le distributeur de machinerie lourde Caterpillar.

Non seulement Finning a-t-elle fracassé les prévisions au premier trimestre, mais son action a aussi gagné 5% le 9 mai, comme il l’avait prévu, alors que les titres de Caterpillar (CAT, 213,49 $US) et de Toromont Industries (TIH, 103,76 $) avaient peu réagi à leurs résultats meilleurs que prévu.

«S’il y avait un trimestre pour que les investisseurs voient de visu la preuve que la capacité bénéficiaire de Finning est structurellement plus élevée qu’avant, c’est bien celui-ci», se targue l’analyste qui défendait cette thèse.

Les revenus nets (2,1 milliards de dollars), le bénéfice avant intérêts et impôts ajusté (216 millions de dollars) et le bénéfice par action (0,89 $) ont surpassé le consensus par 11 %, 28 % et 28 % respectivement. Les revenus tirés de l’entretien des équipements ont grimpé de 27 %, par rapport à la hausse de 16 % des dépenses générales et administratives, souligne l’analyste. 

Les marges ont dépassé les prévisions tant dans l’Ouest canadien, qu’en Amérique du Sud, en Grande-Bretagne et en Irlande.

Le distributeur ne s’assoie pas sur ses lauriers. Il annonce de nouvelles suppressions de coûts dont l’élimination 400 postes de soutien. Enfin, le carnet de commandes et le dividende augmentent tous deux de 6%.

Michael Doumet croit que les solides résultats, le potentiel de rentabilité des nouveaux efforts de rationalisation et les bonnes commandes pourraient revaloriser le titre. 

Pendant presque 15 ans, le titre s’est échangé entre 10 et 20 fois les profits qui ont oscillé entre 1 et 2$ par action. L’analyste estime que les bénéfices des 12 derniers mois atteindront 3,70$, à la fin du deuxième trimestre. Le bas de la fourchette de l’évaluation n’est plus approprié à l’avenir, même si les activités restent cycliques, parce que Finning démontre qu’elle peut atténuer la variabilité de ses bénéfices, avance-t-il. 

Le distributeur consacrera une portion de ses flux disponibles à réduire sa dette et à racheter des actions, ce qui soutiendra les bénéfices jusqu’à la fin de 2024, prévoit-il.

«La société s’estime sur un bon élan grâce à la confiance des clients qui augmentent leurs dépenses en capital, plus particulièrement dans le secteur minier», rapporte l’analyste. 

La demande est forte pour les pièces de rechange et l’entretien. Finning continue donc d’embaucher des techniciens afin d’y répondre et d’augmenter ses parts de marché. «Elle investit là où ça rapporte», indique l’analyste en précisant que les revenus d’entretien ont grossi de 1,2 milliard depuis la fin de 2021, soit plus que pendant la période entre 2012 et 2021.

L’analyste de Scotia réitère sa recommandation d’achat et hausse son cours cible de 45 à 46$.

Innergex (INE, 13,67$): tous les segments ratent la cible au premier trimestre à cause de la météo

Innergex (INE, 13,67$): tous les segments ratent la cible au premier trimestre à cause de la météo

Brent Stadler de Desjardins Marché des capitaux s’attendait à un trimestre difficile pour le producteur d’énergie renouvelable, mais tous les segments ont raté la cible de production moyenne à long terme, surtout en raison de la météo défavorable aux installations hydroélectriques en Colombie-Britannique et éoliennes au Québec. 

En conséquence, le bénéfice d’exploitation ajusté proportionnel et les flux de trésorerie disponibles ajustés par action ont été inférieurs à ses prévisions déjà prudentes. Le bénéfice d’exploitation ajusté proportionnel de 148 millions se compare à ses estimations de 150 M$ tandis que les flux de trésorerie disponibles ont été déficitaires de 0,02$ par action au lieu d’atteindre 0,02$ par action. 

«Le bénéfice d’exploitation inférieur combiné à la hausse des taux d’intérêt semblent être la cause (de ce déficit) à première vue», écrit-il dans une note préliminaire. 

En conséquence, le dividende versé dépasse les flux disponibles. Le ratio de distribution s’est établi à 108% par rapport à 89% un an plus tôt.

Malgré ces revers, les activités de développement progressent. Aux États-Unis, la construction du projet éolien Boswell Springs de 300 MW au Wyoming respecte le calendrier et le budget de 544 millions de dollars américains.

Le projet hydroélectrique Innavik de 7,5 MW devrait également commencer à produire à partir du troisième trimestre bien qu’Innergex n’ait pas réglé le différend avec le contracteur au sujet de surcoûts de 58 M$. 

Enfin, Innergex a complété en avril le financement de construction sans recours de 66,7 M$ du deuxième projet de stockage d’énergie par batteries sur le site du parc solaire existant San Andrés, dans le désert d’Atacama au nord Chili. La mise en service de ces deux projets est prévue pour 2023.

D’autres projets en développement s’ajoutent au pipeline dont le projet éolien Mesgi’g Ugiu’s’n 2 de 102 MW sélectionné par Hydro-Québec, ainsi que le projet éolien Montjean 2 en France. La mise en service de ces deux projets est prévue pour 2026 et 2028 respectivement.  

Trois autres grands projets aux États-Unis sont à un stade avancé au Colorado, au Texas et dans l’État de Washington. À Hawaii, le projet Hale Kuawehi est en attente de l’approbation du contrat d’achat d’électricité révisé et le projet solaire et de stockage d’énergie par batteries potentiel de 20 MW Kahana a été vendu au deuxième trimestre de 2023. Cela a permis à la société de récupérer son investissement. Grâce à cette transaction, Innergex peut recentrer ses ressources sur ses autres projets en cours de développement.

Les dirigeants ont aussi fait part de leur optimisme à l’égard des solides perspectives de développement dans les marchés clés des États-Unis, du Canada, de la France et du Chili.

Au terme du premier trimestre, Innergex avait utilisé 776 millions de dollars de son financement renouvelable de 1,1 milliard de dollars. L’analyste s’attend à ce que la société finance certains actifs libres de dettes et vende un intérêt dans sa plateforme française afin de pérenniser cet emprunt renouvelable. 

Avant la téléconférence, Brent Stadler ne touche pas à sa recommandation de «conserver » le titre ni à son cours cible de 18$.