Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

À surveiller: Shopify, Barrick Gold et CAE

Catherine Charron|Mis à jour le 17 juillet 2024

À surveiller: Shopify, Barrick Gold et CAE

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Shopify, Barrick Gold et CAE? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Shopify (SHOP, 64,21$US): moment charnière pour la société, d’après un analyste

C’est le début d’un temps nouveau pour la plateforme de commerce en ligne Shopify, d’après Brad Sills de Bank of America. Sous la gouverne de son nouveau chef des finances Jeff Hoffmeister, la société canadienne est parvenue à tourner la page après des années de marges bénéficiaires en baisse, estime l’analyste. Un changement de ton qui a plu aux investisseurs mercredi.

À partir de maintenant, il s’attend à ce que l’entreprise affiche une «solide croissance de ses revenus» et qu’elle gonfle ses capitaux disponibles grâce à une croissance des ventes en ligne attendues entre 5% et 10% et de la valeur de son titre, mais aussi de dépenses rigoureuses.

Brad Sills souligne que l’augmentation du nombre total de transactions sur la plateforme a systématiquement dépassé le taux de croissance du secteur du commerce en ligne de plus de 2x au cours des derniers mois. À elle seule, Shopify représentait en 2023 4,9% de toutes les transactions numériques faites, alors que ne s’y faisaient que 1,2% des achats en ligne en 2017, rappelle l’analyste.

Il y a fort à parier selon lui que la société va continuer de gagner de nouvelles parts de marché, alors qu’elle héberge déjà 2,5 millions de boutiques virtuelles. De nombreuses entreprises tierces ont développé une offre compatible avec sa plateforme qui permet non seulement de gérer son entreprise, mais aussi de traiter les transactions.

Grâce à la croissance de ses revenus et une gestion serrée des dépenses, l’entreprise devrait augmenter ses marges bénéficiaires et sa conversion de son chiffre d’affaires en trésorerie libre. Brad Sills table sur des marges d’exploitation de 17,4% à l’exercice 2026, alors qu’elles devraient atteindre 14,3% à celui de 2024.

De plus, les paiements – qui génèrent de 33% à 34%, soit moins profits que les abonnements à son service sur lesquels elle touche de 78% à 81% – pèsent moins dans la balance de ses revenus. Ce nouvel équilibre devrait lui permettre de livrer des marges brutes plus stables, une bonne nouvelle pour la société qui a plutôt connu des années de déclins par le passé, indique l’analyste.

Si la tendance se maintient, les revenus de la société devraient atteindre 29,4 milliards de dollars américains (G$US) à l’exercice 2030, et ses flux de trésorerie libre 8 G$US. Ça représente des taux de croissance annuels composés de 22% et de 33% respectivement.

L’analyste de Bank of America fait donc passer sa recommandation de «conserver» à «achat», et son cours cible de 78$US à 82$US.

Barrick Gold (ABX, 25,12$) : une production sous les attentes

Barrick Gold (ABX, 25,12$) : une production sous les attentes

À un peu moins d’un mois du dévoilement de ses résultats trimestriels, Barrick Gold a annoncé avoir vendu davantage d’or qu’elle en a produit, à 956 000 onces (K oz) d’or, ce qui a semblé plaire aux investisseurs mardi.

Elle a toutefois accusé des retards de production autant du côté du cuivre que de l’or, souligne l’analyste, qui anticipait plutôt une déconfiture du titre après l’annonce survenue en début de journée le 16 juillet, indique Mike Pakin de la Financière Banque Nationale.

Barrick Gold a par exemple livré 948 k oz alors que l’analyste et le consensus tablaient respectivement sur 993 koz d’or et 983 k oz d’or. Ça demeure néanmoins une hausse de 1% par rapport au trimestre précédent, concède-t-il.

Ce sont ses installations de Nevada Gold Mines aux États-Unis et de Pueblo Viejo en République dominicaine qui auraient accusé un retard de production. De plus, une baisse de livraison était attendue à ses mines Cortez et Phoenix, toutes deux dans le Nevada, ce qui a plombé la meilleure production enregistrée dans ses autres installations minières.

D’après l’analyste, ses coûts totaux de production (TCC) devraient avoir grimpé de 0% à 2%. Ses coûts de maintien tout inclus (AISC) devraient quant à eux avoir bondi de 1% à 3% au cours du trimestre, notamment à cause d’une hausse de ses redevances minières.

La société minière canadienne a au deuxième trimestre augmenté de 8% sa production de cuivre, à 95 000 000 livres (M lbs). C’est toutefois 6% en deçà de la cible de l’analyste qui visait 101 M lbs.

Ses coûts de production ont certes augmenté, mais l’entreprise est d’avis qu’ils devraient diminuer à mesure que ses installations augmenteront leur cadence.

Ainsi, à la mi-année, la Barrick Gold a atteint 46% de sa cible de production d’or, et 43% de celle de cuivre. D’après la société, elle est toujours sur la bonne voie pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, et compte augmenter trimestriellement sa production pour y parvenir, rapporte l’analyste.

Malgré cette annonce qu’il juge négative, l’analyste maintient sa recommandation à achat et son cours cible à 28$, soit 6,25x son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement.

CAE (CAE, 26,06$): les attentes d’un analyste piquent du nez

CAE (CAE, 26,06$): les attentes d’un analyste piquent du nez

Constatant que les compagnies aériennes, faute de recevoir leurs nouveaux appareils, ralentissent leurs activités d’embauche de nouveaux pilotes, ça n’augure rien de bon pour leurs besoins de formation, estime Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins.

Il y a donc peu de chance d’après lui que CAE parvienne à maintenir le cap sur les cibles qu’elle s’était fixées pour sa division de l’aviation civile qui a connu ces derniers temps de belles performances.

En effet, depuis que la société a dévoilé les résultats de son quatrième trimestre, le nombre d’embauches de nouveaux pilotes a ralenti «considérablement», surtout aux États-Unis, rapporte l’analyste. Difficile donc pour CAE de livrer des marges d’exploitation de 23%, croit-il.

Reconnaissant son surplus d’optimisme précédent, Benoit Poirier, abaisse désormais ses attentes à l’égard de la marge tirée des résultats opérationnels du secteur de l’aviation civile, qui passent pour le premier trimestre de 21,9% à 19,8%. Le consensus table toujours sur 20,4%, mais c’est en partie parce qu’il ne tient toujours pas compte selon lui du ralentissement dans ce secteur.

Comme la demande sera moins importante pour ses services, l’entreprise aura plus de difficulté à amortir ses coûts fixes, ce qui devrait gruger ses marges de profit. De plus, la formation de nouveau pilote a tendance à doper ses profits. Moins de recrues à former pourraient donc accélérer ce déclin, indique Benoit Poirier.

Il s’attend donc désormais à ce que le taux de croissance qu’enregitrera cette division cet exercice-ci atteigne 5,4%, et non plus 12,1%. Il mise aussi sur un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajusté de 1,07 million de dollars (M$) pour l’exercice 2025, et de 1,17 M$ pour l’exercice 2026. Ses prévisions à l’égard du bénéfice par action ajusté pour cet exercice-ci passent de 1,19$ à 1,11$. À l’exercice 2026, elles glissent de 1,37$ à 1,33$

Ce faisant, son cours cible passe de 29$ à 28$. Sa recommandation demeure à «conserver».