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À surveiller : Stella-Jones, Transat et Canadian Western Bank

Dominique Beauchamp|Publié le 30 mai 2023

À surveiller : Stella-Jones, Transat et Canadian Western Bank

L’analyste de la CIBC, Kevin Chiang, demeure très prudent devant l’idée d’investir dans les actions de Transat. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Stella-Jones, Transat et Canadian Western Bank ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

Stella-Jones (SJ, 60,53$) : la première journée des investisseurs donne confiance 

Stella-Jones avait donné un avant-goût de ses perspectives d’ici 2025 lors du dévoilement des résultats du premier trimestre, ce qui explique que le titre du fabricant de poteaux de téléphone et de traverses de chemin de fer a peu réagi à la hausse des objectifs financiers lors de première journée des investisseurs, tenue le 25 mai.

Il faut dire que l’action de Stella-Jones s’était envolée de 28% depuis six mois en Bourse à la suite de résultats record en 2022.

Hamir Patel, de Marchés des capitaux CIBC, est tout de même ressorti plus confiant qu’avant de la rencontre qui a chiffré le parcours de croissance, d’ici 2025.

Stella-Jones a confirmé que la progression des revenus et des marges reposera surtout sur la performance des poteaux de téléphone, dont l’élan se modérera après 2024. Les poteaux procureront en effet la moitié des revenus d’ici trois ans.

La croissance sera la plus vigoureuse en 2023 et 2024 si l’on se fie à la hausse annuelle composée prévue de 20% des ventes de poteaux en 2023 et 2024. En 2025, cette croissance passera à un rythme de 5 à 7%.

Environ 40% de la progression proviendra de la hausse du nombre d’unités vendues et le reste des prix plus élevés.

D’ailleurs, le producteur augmente même sa capacité de 20% pour satisfaire la demande et automatise certaines tâches dont l’empilement des poteaux.

«Stella-Jones n’assume aucune majoration importante des prix des poteaux après 2023», précise Hamir Pattel.

D’ici, 2025, le fabricant vise donc une croissance annuelle composée de 6% des revenus et de 9% du bénéfice d’exploitation, sans tenir compte d’acquisitions potentielles. «En 2025, les revenus totaux atteindront 3,6 milliards de dollars tandis que la marge d’exploitation devrait s’établit à 16% pour les trois années, soit 140 points de pourcentage de plus que celle de 14,6% dégagée en 2022», précise l’analyste.

Même si la solide demande pour les poteaux procure la part de lion de la croissance prévue, Hamir Patel apprécie aussi la nature peu cyclique de l’entretien des réseaux électriques et de télécommunications et des chemins de fer ainsi que l’indexation des prix contractuels.

La société devrait notamment bénéficier des investissements requis pour renforcer les infrastructures en vue de l’électrification automobile, les communications 5G et la fibre optique jusqu’au domicile.

Le producteur prévoit aussi distribuer 500 millions de dollars à ses actionnaires entre 2023 et 2025, sous forme de dividendes et de rachats d’actions tout en restant à l’affût de petites acquisitions complémentaires.

Hamir Patel recommande l’achat du titre, mais maintient son cours cible de 69$, soit 9,25 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024, moins la dette. Ce multiple est inférieur à la moyenne de 10 fois des cinq dernières années parce que les perspectives de croissance de la division bois résidentiel sont plus incertaines qu’auparavant.

 

 

Transat A.T.(TRZ, 4,06$): été exceptionnel en vue, mais la lourde dette assombrit le portrait 

Transat A.T. (TRZ, 4,06$): été exceptionnel en vue, mais la lourde dette assombrit le portrait 

Alors que le voyagiste s’apprête à dévoiler les résultats de son deuxième trimestre clos le 30 avril, le 8 juin, la société mère d’Air Transat présente des perspectives contrastées.

D’un côté, la demande et les prix des billets sont exceptionnellement élevés pour les vols transatlantiques cet été, qui représentent habituellement les trois quarts des revenus des troisième et quatrième trimestres de l’exercice financier.

La hausse du prix des billets en haute saison est la plus élevée depuis 2015, quand la Financière Banque Nationale a commencé à faire des sondages sur le sujet. «Les prix sont aussi substantiellement en hausse par rapport à ceux qui prévalaient en 2019», note Cameron Doerksen.

Le prix du carburant devrait également lester les résultats puisque la marge d’exploitation du transporteur pour 2023 repose sur un prix moyen de 1,20$ CA le litre par rapport au prix spot actuel de 0,90$ CA, ajoute l’analyste.

En conséquence, il augmente de 12,5% le bénéfice d’exploitation qu’il prévoit en 2023, de 151 millions de dollars (M$) à 171M$. 

Ses prévisions pour 2024 changent peu puisque l’analyste misait déjà sur l’amélioration des marges. Le bénéfice d’exploitation prévu en 2024 passe de 250M$ à 252M$ tandis que le bénéfice par action passe de 0,13$ à 0,15$ par action.

Entretemps, le deuxième trimestre devrait avoir profité de la reprise des vols vers le sud puisqu’il se compare à la période de restrictions sanitaires. Après avoir procédé à certains ajustements, l’analyste prévoit des revenus de 895M$, un bénéfice d’exploitation de 35M$ et une perte par action de 0,52$. 

Malgré ce portrait favorable, Cameron Doerksen rappelle que Transat a une énorme dette de 1,4 milliard de dollars qui vient à échéance en avril 2024 par rapport à une valeur boursière de 152M$. Ce déséquilibre explique pourquoi il propose encore de vendre le titre «même si les marges et ses flux de trésorerie s’amélioreront d’ici la fin de 2024».

L’analyste appose un multiple de 5 fois le nouveau bénéfice d’exploitation prévu en 2024, auquel il ajoute la valeur comptable de terrains et celle de son intérêt dans un hôtel au Mexique. Son cours cible passe de 3$ à 3,25$.

«Étant donné le fort endettement, la valeur de l’action est très sensible à tout changement mineur dans les bénéfices prévus et le multiple d’évaluation», met-il en contexte.

L’action de Transat a rebondi de 38% depuis le début de l’année, mais reste qu’elle a perdu la moitié de sa valeur depuis cinq ans.

 

Canadian Western Bank (CWB, 24,22$): la banque d’Edmonton souffre des mêmes maux que les grandes institutions

Canadian Western Bank (CWB, 24,22$): la banque d’Edmonton souffre des mêmes maux que les grandes institutions

Déjà affaiblie par des marges sous pression et des coûts élevés depuis quelque temps, Canadian Western Bank a encore raté la cible au deuxième trimestre. Essentiellement, la hausse de 2% des revenus a été inférieure à celle de 5% des dépenses autres que celles d’intérêt.

Le bénéfice de base de 0,74$ par action (à la baisse de 12%) est donc 4% inférieur au consensus et de 3% inférieur aux prévisions de Meny Grauman, de Banque Scotia. 

L’analyste s’attend à ce que les pressions s’atténuent au deuxième semestre grâce à la stabilité prévue du taux directeur de la Banque du Canada et à de nouveaux efforts pour contrôler les coûts. En revanche, la banque a prévenu que la croissance des prêts passera d’un rythme de 8-9% à une cadence de 5 à 6%.

«Bien que la modération des prêts diminue les besoins pour la banque d’augmenter ses capitaux propres en émettant de nouvelles actions, ce ralentissement reste négatif puisque la banque (de plus petite taille) doit croître plus vite que les grandes institutions pour performer en Bourse, ce que nous ne prévoyons pas au cours des prochains trimestres», prévient l’analyste.

La banque a mis de côté 10,3 millions de dollars (M$) en réserves pour les mauvaises créances au deuxième trimestre alors qu’elle avait renversé des provisions de 8,5M$, un an plus tôt.

L’institution d’Edmonton a aussi abaissé ses objectifs annuels. Le bénéfice baissera de 2 à 5% (à 3,50-3,60$ par action) au lieu de croître de 2 à 5%. Les prêts devraient augmenter de 5 à 6% au lieu de 8 à 9%.

La banque a aussi indiqué que ses dépôts croîtront de moins de 5% au lieu de la progression prévue de plus de 10%, en 2023.

Afin de s’ajuster, Meny Grauman réduit ses propres prévisions de bénéfices de 2% à 3,50$ par action pour 2023 et de 4% à 3,70$ par action pour 2024.

Meny Grauman ne recommande pas l’achat du titre et abaisse son cours cible de 28$ à 27$ par action, soit un multiple de 7,3 fois le bénéfice projeté en 2024. Cette évaluation est de 28% inférieure à la moyenne bancaire.

Le 29 mai, l’action de la banque a récupéré une bonne part du déclin de plus de 5% encaissé au dévoilement des résultats, le 26 mai. Son titre s’est déprécié de plus de 8% depuis six mois.