Randy Ollenberger de BMO Marchés des capitaux réduit sa recommandation à «performance de secteur». (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Suncor, BlackBerry et Telus? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Suncor (SU, 39,16$): un analyste abaisse sa recommandation
Même si elle se distingue de ses pairs à plusieurs égards, Suncor a encore beaucoup à faire avant de retomber dans les «bonnes grâces des investisseurs», croit Randy Ollenberger de BMO Marchés des capitaux.
Sa performance décevante à Fort Hills de même que l’incertitude entourant le moment où les réserves de sa mine de base seront épuisées créent de la pression sur le titre.
Cette dernière pourrait être à sec dès 2035, rappelle l’analyste. Or, l’entreprise de Calgary peine à trouver une source pour la remplacer. Le rachat raté de la mine de sables bitumineux de Surmont en mai dernier force la société pétrolière à mettre les bouchées doubles pour trouver une nouvelle source où s’approvisionner.
La production de Fort Hills, quant à elle, ne cesse de nuire à la performance de son titre, estime Randy Ollenberger. Sa stratégie pour bonifier la performance de ses installations ne semble toutefois pas suffire d’après lui pour convaincre les investisseurs de lui accorder davantage de fonds.
Elle devra démontrer des progrès «constants et inébranlables» avant qu’ils ne changent d’idée, croit-il. Le hic, c’est que Suncor doit encore attendre à 2028 avant que son taux de production n’atteigne sa pleine capacité, alors qu’elle révise ses installations de deux puits de la mine.
D’ici là, ses frais d’exploitation devraient demeurer important, sans pour autant que le volume produit n’augmente.
Tant et aussi longtemps que Suncor ne gommera pas du portrait ces deux éléments, elle continuera de sous-performer par rapport à ses pairs.
Cela dit, Randy Ollenberger salue les changements apportés à la haute direction de l’organisation.
Lorsqu’elle retrouvera du lustre aux yeux des investisseurs, elle devrait se démarquer à nouveau, comme ce qu’on observait avant 2020.
L’analyste retranche donc ses prévisions pour le deuxième trimestre de l’exercice 2023. Son bénéfice par action et son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) passent respectivement de 1,19$ à 0,87$, et de 3,797 millions de dollars (M$) à 3,200 M$.
Dans l’ensemble, le bénéfice par action et le BAIIA de l’exercice 2023 devraient plutôt atteindre 4,30$ et 14,499 M$, alors qu’ils devraient se situer à 6,61$ et à 18,003 M$ en 2024.
C’est pourquoi l’analyste réduit sa recommandation à «performance de secteur». Son cours cible glisse de 52$ à 44$.
Catherine Charron
BlackBerry (BB, 4,94$ US): un meilleur point d’entrée à venir
BlackBerry (BB, 4,94$ US): un meilleur point d’entrée à venir
Les investisseurs qui sont tentés de regarder du côté de BlackBerry devraient attendre un meilleur point d’entrée, qui devrait se présenter d’ici 2025 estime la CIBC.
L’analyste Todd Coupland indique qu’après avoir accueilli le vice-président des produits et de la stratégie chez Blackberry QNX, Tim Foote, pour une présentation, estime que les deux activités principales de l’entreprise, la cybersécurité et le système d’exploitation QNX, affronteront des vents contraires à sa croissance en 2024, vents qui ne devraient pas se calmer avant la deuxième moitié de cet exercice fiscal.
Le volet cybersécurité continue d’être influencé par un cycle de vente aux entreprises tandis que l’unité de l’internet des objets, qui comprend notamment QNX, souffre d’un design de revenus différés et, dans une moindre mesure, d’une production globale moins soutenue.
La rencontre entre BlackBerry et la CIBC a permis aux dirigeants de l’entreprise de souligner qu’ils s’attendent toutefois à une accélération des revenus liés à l’internet des objets, notamment grâce à l’expansion du contenu logiciel de QNX et le lancement de la version 8, qui devrait survenir d’ici la fin de l’année.
Bien qu’il soit encouragé de voir ses catalyseurs de croissance, Todd Coupland note que le calendrier et l’inflexion pour la croissance sont moins clairs.
La CIBC estime que les investisseurs peuvent attendre un meilleur point d’entrée avec le titre de BlackBerry. Pour refléter le temps de récupération du côté de l’internet des objets, l’institution financière abaisse ses prévisions pour ce secteur d’activité de 30% à 20% de croissance de revenu pour l’exercice financier 2025. Elle diminue ainsi son cours cible du titre de 6,50$ US à 6$ US.
Charles Poulin
Telus (T, 25,55$): des cibles plombées par Telus International
Telus (T, 25,55$): des cibles plombées par Telus International
Jérôme Dubreil de Valeurs mobilières Desjardins s’attendait déjà à ce que le segment d’expérience client numérique de Telus n’atteigne pas la cible que la société s’était fixée. Or la correction qu’elle a apportée à ses prévisions est bien plus grande que celle qu’il anticipait.
En effet, son fournisseur de services technologiques Telus International a été contraint de restreindre ses objectifs à cause des révisions des dépenses de ses clients. Il a réduit de 10% ses revenus escomptés et de 18% son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté.
D’après l’analyste, les investisseurs flairaient déjà que cette division de Telus n’atteindrait pas ses objectifs, car en un an son titre a glissé de 26%, tandis que le Nasdaq a gagné 35% au cours de cette même période.
Sa division de téléphonie mobile semble toutefois bien s’en tirer au deuxième trimestre de 2023. Ce sont 110000 nouveaux appareils mobiles nets qui sont ajoutés à ses abonnements. Ça dépasse non seulement les prévisions de Jérôme Dubreil, mais aussi du consensus, qui tablaient respectivement sur 93000 et 89500 téléphones.
Pourtant, l’entreprise n’a pas concentré au cours du dernier trimestre ses efforts pour attirer des clients, souligne l’analyste, qui croit que c’est prometteur pour ses pairs, comme Bell et Rogers.
Son service d’internet a également excédé les attentes selon les chiffres préliminaires, avec ses 35000 nouveaux abonnés, tandis que le consensus misait sur 21000. En ce premier trimestre qui suit la fusion entre Shaw et Rogers, «c’est encourageant», écrit l’analyste.
Malgré tout, Telus a réduit ses cibles pour la prochaine année, plombée par Telus International. Telus abaisse de 2% son BAIIA ajusté et ses revenus. Cette mise à jour fait aussi état de sa démarche pour diminuer son effet de levier. Jérôme Dubreuil souligne toutefois que ses objectifs pour ses divisions de télécommunication, de santé virtuelle et d’agriculture n’ont pas été modifiés.
L’analyste a révisé ses prévisions, faisant glisser le bénéfice par action ajusté attendu à 0,97$ pour l’exercice 2023 et à 1,14$ pour l’exercice 2024. Il estime dorénavant que le BAIIA ajusté devrait atteindre 7,148 millions de dollars (M$) et 7,670 M$ pour ces mêmes périodes.
Jérôme Dubreuil pense que l’entreprise devra revoir ses dépenses, du moins à moyen terme, ce qui pourrait miner son multiple par rapport à ses paires.
Il fait donc passer son cours cible de 29$ à 27,5$. Bien qu’il anticipe une réaction négative du marché après le dévoilement des nouveaux objectifs de Telus, il maintient sa recommandation à «achat».
Catherine Charron