Teck Resources a dévoilé le 24 octobre 2023 des résultats trimestriels plus faibles que prévu et révisé à la baisse ses attentes pour l’exercice. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Teck Resources, Gildan et BCE? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Teck Resources Limited (TECK.B, 53,23$): des résultats qui déçoivent
L’entreprise minière canadienne Teck Resources a dévoilé le 24 octobre 2023 des résultats trimestriels plus faibles que prévu et révisé à la baisse ses attentes pour l’exercice, rapporte Orest Wowkodaw de la Banque Scotia. À priori, ça augure mal pour le titre, d’après lui.
Bien que la phase 2 de la mine Quebrada Blanca au Chili soit sur la bonne voie, ses dépenses d’investissement de capital ont à nouveau augmenté, cette fois de 7%, faisant passer la facture de 8,6 milliards de dollars américains (G$US) à 8,8G$US.
À 0,76$, son bénéfice par action est bien en deçà de la cible de 1,03$ de l’analyste, et de 1,07$ du consensus. Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement de 1,21 G$ est 8% inférieur à ce sur quoi tablait l’analyste (1,21G$), et 15% sous la mise du consensus (1,42G$).
Les revenus de 3,6G$ que Teck Resources a générés ont dépassé le 3,39G$ attendu par Orest Wowkodaw, mais ses marges brutes n’y sont pas parvenues.
Sa dette nette a aussi augmenté, atteignant désormais 6,2G$. Elle a dévoilé que ses flux de trésorerie négatifs étaient de 0,7 G$. À la même période, l’an dernier, ils atteignaient 1,9G$. L’analyste souligne que malgré son offre publique de rachat d’action dans le cours normal de ses activités, l’entreprise n’a pas racheté d’action de classe B.
L’entreprise a ajusté ses cibles de production en 2023 pour certains minerais qu’elle extrait, comme le cuivre. Ce qui a toutefois surtout attiré l’attention de l’analyste, c’est la hausse de 10% de ses investissements de capitaux bruts pour l’exercice. Son budget passe donc d’une fourchette de 4,5 G$ à 5,1G$ à une de 5,2G$ à 5,2G$.
Et c’est en grande partie causé par la mine de cuivre chilienne qu’elle détient à 60%, ajoute-t-il. Teck Resources attribue selon lui cette hausse notamment à la construction qui s’éternise.
Le trimestre dernier, sa production a augmenté 18 000 tonnes de minerais, alors qu’elle n’avait été que de 3000 tonnes au deuxième trimestre. Orest Wowkodaw indique qu’à la fin du troisième trimestre, elle roulait à 70% de sa capacité.
L’entreprise a laissé entendre que bien qu’elle s’attende toujours que sa production se situe dans une fourchette de 80 000 à 100 000 tonnes en 2023, elle estime qu’il devrait se trouver plus près de la branche du bas, rapporte l’analyste qui table plutôt sur 57 000 tonnes.
La mine devrait atteindre son rythme de croisière à partir de la fin de 2023, note-t-il toutefois.
Il maintient son cours cible à 75$, et sa recommandation à «surperformance de secteur».
Gildan (GIL, 29,04$): l’impôt minimum mondial change la donne
Gildan (GIL, 29,04$): l’impôt minimum mondial change la donne
À quelques jours du dévoilement des résultats trimestriels de Gildan, Martin Landry de Stifel ajuste ses attentes, tenant compte pour la première fois des répercussions de l’implantation au début de 2024 de la taxe minimum mondiale de 15% sur les multinationales.
L’analyste fait preuve d’un peu moins d’optimisme que le consensus à l’égard du bénéfice par action que l’entreprise a généré au troisième trimestre que l’entreprise annoncera le 2 novembre prochain. Il table sur 0,71$ plutôt que 0,73$, comme anticipé par Wall Street. Ça représenterait une baisse 16% par rapport à la même période l’an dernier.
Il compte aussi sur une baisse de revenus de 2% par rapport au troisième trimestre de 2022, à 833 millions de dollars. Ce recul est le fruit d’une diminution de ses ventes de vêtements de sport de 5% par rapport à cette même période. Or, il sera gommé en partie par une bonne performance du côté des sous-vêtements, dont les ventes devraient avoir bondi de 22% en un an.
Cette tendance devrait toutefois nuire à ses marges brutes, ce pour quoi il leur retranche 200 points de base par rapport à l’an dernier.
Lors de la présentation des résultats du fabricant de vêtements, l’analyste s’intéressera tout particulièrement à trois éléments: l’évolution de la demande pour ses produits, la quantité d’items qui se trouve dans l’inventaire de ses distributeurs, et la férocité de la compétition.
Dès 2024, l’adoption de l’impôt minimum mondial – une initiative de l’OCDE pour que les multinationales ne fassent pas d’évitement fiscal à laquelle 140 pays se sont ralliés – affectera les résultats de l’entreprise dès 2024, croit Martin Landry.
Certes, les pays où les sociétés sont moins imposées pourraient offrir des mesures d’atténuation pour continuer d’attirer des investissements étrangers, concède l’analyste, mais peu d’informations circulent en ce sens pour le moment.
Ainsi, il s’attend désormais à un bénéfice par action de 11% inférieur à ses précédentes prévisions, passant de 3,30$ à 2,92$. Il maintient toutefois que Gildan génèrera 3,2 milliards de dollars en revenu.
Bien que la demande pour les articles promotionnels liés à la reprise des événements soit forte en cette ère post-pandémie, celle de l’impression numérique s’essouffle, selon les acteurs du milieu avec qui l’analyste a discuté. Ça ne devrait pas nuire à la performance de l’organisation au troisième trimestre, mais ça pourrait représenter un risque pour les prochains mois, estime-t-il.
Son cours cible passe de 37$ à 34$, mais sa recommandation demeure à «achat». Malgré ses corrections, le titre demeure attrayant d’après l’analyste, puisque son cours cible représente 10x ses bénéfices attendus.
De plus, la baisse du prix du coton prévue devrait bonifier le taux de croissance de son bénéfice par action, et lui faire avoisiner les 15%, table Martin Landry.
BCE (BCE, 51,51$): Bell Media affiche ses couleurs à l’égard d’Outfront
BCE (BCE, 51,51$): Bell Media affiche ses couleurs à l’égard d’Outfront
Bell Media compte acquérir les activités canadiennes d’affichages publicitaires d’Outfront, a-t-on appris hier, ce qui lui permettrait de rayonner en dehors du Québec et de l’Ontario d’après Adam Shine de la Financière Banque Nationale.
Les panneaux publicitaires extérieurs sont «un segment médiatique en pleine croissance», ajoute-t-il.
La société montréalaise devrait verser 410 millions de dollars (M$) en liquidité, mais tout n’est pas coulé dans le béton, prévient l’analyste. L’entente serait toutefois encore sujette à des embuches.
Si elle obtient l’aval des autorités réglementaires, la transaction devrait se clore au cours du printemps prochain.
Les 9325 espaces d’affichages dont dispose Outfront au pays sont complémentaires aux 45 000 que possède déjà Bell Media, depuis l’acquisition d’Astral il y a près de 10 ans. Déjà présent dans les aéroports, les stations de métro, ou encore les arrêts de bus, Bell pourrait dorénavant proposer de diffuser des messages publicitaires sur des espaces d’affichage plus traditionnels.
De plus, ça lui permettrait d’être davantage présent en Ontario, et de faire son entrée dans l’ouest du pays. Dans le marché actuel de l’affichage, Adam Shine ne croit pas que la consolidation de ces deux réseaux devrait inquiéter les autorités concernées. Il attend toutefois de voir qu’elle sera la décision rendue par le Bureau de la concurrence.
L’an dernier, les activités canadiennes d’Outfront lui ont permis de générer 91,9 M$ américains en revenus, soit 126 M$ selon le taux de change actuel. Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) a atteint 60 M$. L’entreprise a toutefois dû débourser 30M$ pour la location nécessaire à ses activités.
En tenant compte des fonds nécessaires à la location d’espace d’affichage, la transaction représente 4,4x ses revenus, et 9.3x son BAIIA, ou 7,5x si on tient compte des économies qu’elle pourrait faire grâce aux synergies qui devraient émaner de cette fusion, estime l’analyste.
À la suite de cette annonce, Adam Shine maintient son cours cible à 60$, et sa recommandation à «surperformance de secteur». Son effet de levier devrait grimper de 4 points de base.