Le manque de nouvelles commandes d'envergure chez Lion Électrique inquiète les analystes de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. (Photo: courtoisie)
Que faire avec les titres de Telus, Guru et Lion Électrique? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Telus (T, 28,35 $): la filiale Telus Santé renforcée par l’acquisition de LifeWorks
Le fournisseur de services de télécommunications Telus a annoncé l’acquisition de LifeWorks, une entreprise qui offre des solutions virtuelles et présentielles qui favorisent le bien-être global de sa clientèle, pour un montant de 2,9 milliards de dollars, incluant la prise en charge d’une dette de 600 millions de dollars.
L’acquisition à 33 $ par action est vue d’un bon œil par Adam Shine, analyste à la Financière Banque Nationale, qui précise que la transaction devra être approuvée par les tribunaux, les actionnaires de LifeWorks (LWRK, 30,28$), la Bourse de Toronto, la Bourse de New York et les autorités réglementaires.
L’analyste rappelle que LifeWorks a généré des revenus de 1,02 milliard de dollars et un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 194,8 millions de dollars (M$) en 2021. «Telus cible des synergies d’un minimum de 170 M$, tout en parlant de 200 M$ en conférence téléphonique, à un coût de 50 M$ d’ici 2024», dit-il.
Adam Shine estime que la rationnelle derrière l’acquisition est de donner du carburant à la croissance de Telus Santé, qui devient un fournisseur de ressources pour aider les employeurs à répondre aux besoins changeants des employés et de leurs familles en matière de santé et de mieux-être. «De plus, LifeWorks permet à Telus Santé d’ajouter la plateforme de programmes d’aide aux employés et à leur famille (PAEF) à sa suite de technologies de soins de santé», dit-il.
L’analyste ajoute que la clientèle de Telus Santé bondira à plus de 50 millions de personnes une fois la transaction conclue, ce qui devrait survenir au quatrième trimestre de 2022. La société compte 22 millions d’utilisateurs en ce moment. «Telus Santé devient de plus en plus une solution tout-en-un dans le monde des technologies de soins de santé. Au-delà des possibilités d’expansion au Canada et aux États-Unis, l’entreprise voit aussi des occasions de croissance au Royaume-Uni, en Europe et en Australie», raconte-t-il.
L’analyste conserve pour le moment sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Telus et son cours cible sur un an de 36 $.
Guru (GURU, 9,65 $): l’analyste de la CIBC abaisse sa recommandation
Guru (GURU, 9,65 $): l’analyste de la CIBC abaisse sa recommandation
Le fabricant de boissons énergisantes à base de plantes Guru a dévoilé le 14 juin ses résultats financiers du second trimestre de son exercice 2022 terminé le 30 avril et ceux-ci n’ont pas impressionné l’analyste John Zamparo, de Marchés des capitaux CIBC.
«Nous sommes inquiets des perspectives de croissance des revenus à court et moyen terme à un moment où les investisseurs fuient les titres de sociétés non rentables», écrit John Zamparo.
Ce dernier ajoute que les pertes avant intérêts, impôts et amortissements devraient s’intensifier au cours des prochains trimestres, alors que la croissance des revenus devra passer par des campagnes marketing plus importantes que prévu.
L’analyste abaisse ses prévisions de revenus pour 2022 et 2023 de 7%. Cette année, la prévision passe de 37,82 M$ à 35,98 M$, alors que la cible de 2023 recule à 48,41 M$, elle qui était de 53,21 M$ auparavant.
John Zamparo dévoile aussi une nouveauté, soit sa cible de revenus de 62,87 M$ en 2024.
«À son cours actuel, nous croyons que les investisseurs pourront attendre un meilleur point d’entrée et devraient attendre d’avoir une meilleure visibilité sur une accélération des ventes au Canada», croit-il.
Ce dernier souligne qu’après deux trimestres, la nouvelle entente de distribution avec Pepsi a généré une croissance limitée des ventes. «Nous continuons de penser que l’entente va éventuellement résulter en une hausse significative des revenus, et reste la décision qu’il fallait prendre, mais l’ampleur de l’augmentation et le moment où elle surviendra sont plus incertains, à notre avis», dit-il.
L’analyste de la CIBC estime que les volumes de ventes ont progressé d’environ 20% sur un an depuis le début de l’entente avec Pepsi, ce qui est inférieur à ses prévisions.
Il justifie la révision de sa recommandation et de son cours cible en précisant que l’évaluation du titre, à 6,2 fois les revenus des 12 prochains mois, était devenue difficile à justifier. «Même si la campagne marketing agressive annoncée par la direction de Guru donne des résultats, les investisseurs seront hésitants à récompenser l’entreprise avec des valorisations plus élevées, en raison du taux de combustion de son capital et de l’aversion pour les titres de sociétés déficitaires», dit-il.
Ce dernier a abaissé sa recommandation sur le titre, la faisant passer de «surperformance» à «neutre». Il a aussi réduit son cours cible sur un an, qui passe de 14 $ à 10 $.
Lion Électrique (LEV, 6,19 $): des besoins en capitaux qui laissent sous-entendre que le carnet de commandes est moins robuste que prévu
Lion Électrique (LEV, 6,19 $): des besoins en capitaux qui laissent sous-entendre que le carnet de commandes est moins robuste que prévu
Lion Électrique a émis un prospectus qui lui permettrait d’émettre jusqu’à 350 millions de dollars américains (M$ US) d’actions au cours d’une période de validité de 25 mois.
De plus, le fabricant de véhicules électriques lourds a annoncé son intention de déposer un supplément de prospectus pour établir un programme de placement au cours du marché pour émettre 125 M$ US d’actions supplémentaires.
«Selon nous, cela envoie le signal que le carnet de commandes de l’entreprise n’est pas aussi robuste que prévu et que la structure de coûts de Lion fait en sorte que la société aura besoin de capitaux additionnels», analyse Nauman Satti, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
Selon lui, Lion Électrique possède des liquidités de 155 M$, est en attente de prêts gouvernementaux de 100 M$ et possède une facilité de crédit de 200 M$. «Toutefois, la facilité de crédit doit servir aux dépenses d’investissement, ce qui limite la capacité de la société à l’utiliser», écrit-il.
Nauman Satti ajoute que Lion aura besoin de 185 M$ cette année pour bâtir une usine de fabrication à Joliet, en Illinois.
«Lion possède les fonds pour assurer ses besoins à court terme, mais l’absence de commandes d’envergure fait en sorte que les défis seront plus importants en 2023, lorsque la capacité de production passera de 2 500 à 22 500 véhicules par année. Nous nous attendons à ce que l’entreprise utilise son programme de placement au cours du marché l’an prochain», dit-il.
L’analyste soutient que Lion doit livrer 930 véhicules cette année, mais que les problèmes de chaîne d’approvisionnement réduiront ce chiffre à 670. Il rappelle que le carnet de commandes de la société de Saint-Jérôme était de 2 422 véhicules à la fin du premier trimestre, en hausse de 4,2% par rapport au trimestre précédent. De ce nombre, les commandes d’autobus atteignent 2 136 véhicules, en hausse de 5,5% sur un an. «Par contre, les commandes de camions ont reculé de 14 unités à 286, cela signifie que la société a obtenu de nouvelles commandes de seulement deux unités durant la période», affirme-t-il.
À son avis, le manque de croissance du côté des commandes de camions est le principal défi auquel la direction de Lion devra s’attaquer.
Nauman Satti réitère sa recommandation «d’achat spéculatif» sur le titre de Lion Électrique, mais réduit son cours cible sur un an, lui qui passe de 16 $ à 9 $.