Les marges bénéficiaires de Tesla inquiètent. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Tesla, Canadien Pacifique et Air Canada? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Tesla (TSLA, 180,59$US): des marges bénéficiaires qui inquiètent
Le fabricant de véhicules électriques Tesla a livré des résultats financiers mitigés au premier trimestre.
Daniel Ives, analyste à Wedbush, a préféré mettre ses lunettes roses de côté, et n’hésite pas à parler de l’éléphant dans la pièce : les marges bénéficiaires.
«Les marges ont atteint 19,3% durant le trimestre, alors que les marchés anticipaient une performance de 21,1%», dit-il, ajoutant que le chiffre est en forte baisse par rapport la marge de 29,1% dévoilée à la période correspondante il y a un an.
Daniel Ives attribue le recul des marges aux multiples baisses de prix annoncées par la haute direction de Tesla, menée par le coloré milliardaire Elon Musk, alors que l’entreprise s’ajuste à un marché du véhicule électrique plus concurrentiel dans un environnement macroéconomique difficile.
«La question des marges bénéficiaires garde les actionnaires de Tesla éveillés la nuit. Les marges plus faibles à court terme pour stimuler la demande à long terme est une stratégie avec laquelle les investisseurs semblent d’accord. Toutefois, un recul des marges sous les 20% est préoccupant», écrit-il.
L’analyste croit toutefois que l’objectif de l’entreprise de livrer 1,8 million de véhicules cette année reste atteignable, soulignant au passage qu’Elon Musk a réitéré qu’il souhaitait atteindre cette cible durant la conférence téléphonique qui a suivi le dévoilement des résultats trimestriels.
«Nous restons très optimistes envers Tesla. Toutefois, le recul des marges et les baisses de prix sont à surveiller de près au cours des prochains trimestres, car ils font passer un mauvais quart d’heure au titre en Bourse», dit-il.
L’action de Tesla a en effet terminé la séance du 20 avril sur un repli de 17,60$US, ou de 9,75%, à 162,99$US. Depuis le début de l’année, l’action reste malgré tout en hausse de 37,6%, elle qui a amorcé le mois de janvier à 118,47$US.
Les revenus du fabricant de véhicules ont atteint 23,3 milliards de dollars américains (G$US) durant le premier trimestre, ce qui est pratiquement conforme aux prévisions du consensus des analystes de 23,6G$US.
La société a livré 422 875 véhicules durant les trois premiers mois de l’année, alors que les attentes étaient de 421 500. Tesla a généré des flux de trésorerie positifs de 2,51G$US, ce qui est largement inférieur à la prévision de 5,85G$US du consensus des analystes.
Daniel Ives conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Tesla, mais abaisse son cours cible sur un an, qui passe de 225$US à 215$US. Il anticipe par ailleurs la première livraison du Cybertruck au troisième trimestre de cette année.
Denis Lalonde
Canadien Pacifique Kansas City (CP, 108,70$): le fort potentiel de la fusion de Kansas City Southern encore sous-estimé
Canadien Pacifique Kansas City (CP, 108,70$): le fort potentiel de la fusion de Kansas City Southern encore sous-estimé
Après deux ans de silence imposé par son employeur BMO Marchés des capitaux qui a conseillé Canadien Pacifique dans l’achat du chemin de fer Kansas City Southern, Fadi Chamoun relance le suivi de ls nouvelle Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) très confiant du potentiel de cette union au cours des prochaines années.
L’analyste croit qu’au cours actuel, l’évaluation du titre n’intègre pas les bienfaits de la transaction qui crée le seul réseau feroviaire à ligne à voie unique reliant le Canada et les États-Unis au cœur du Mexique.
«Bien que toute intégration comporte des risques, cette fusion relie deux réseaux complémentaires sans chevauchement ou redondance des actifs physiques», dit-il.
Le raccordement des deux réseaux gonfle la valeur totale du marché de fret et permettra à la société combinée de capter l’augmentation déjà prévue des volumes de marchandises transportées qui devrait perdurer bien au-delà de la décennie actuelle. L’analyste cite l’acheminement de véhicules et de denrées alimentaires en vrac ainsi que le transport intermodal de produits de consommation.
C’est sans compter tout le potentiel qu’offre le rapatriement en Amérique de la fabrication de biens qui devrait accroître le commerce entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. «Le réseau de CP lui confère un avantage par rapport à ses concurrents nord-américains», ajoute-t-il.
Fadi Chamoun est prêt à parier que les synergies opérationnelles d’un milliard de dollars américains visées s’avéreront ultimement prudentes. Quelque 800 M$US de cette somme proviendront de revenus additionnels.
Pour encadrer les attentes, Fadi Chamoun présente trois scénarios potentiels.
Dans un scénario pessimiste qui verrait le CPKC réaliser la moitié des synergies prévues – à cause d’une détérioration de la conjoncture ou un durcissement du cadre réglementaire – l’action pourrait perdre sa plus-value à court terme, mais tout de même offrir un rendement annuel composé de 5% potentiel par année d’ici 2027, avant les dividendes.
«Il faudrait que CPCK rate de loin ses propres objectifs et que son évaluation se contracte pour que les investisseurs perdent de l’argent, au cours actuel (de 104$)», écrivait-il à la mi-avril.
Dans un scénario optimiste de synergies de 2,5 G$ US, l’action pourrait dépasser 200$ d’ici 2027, soit un rendement annuel composé de 15%. Le scénario mitoyen qu’il retient entrevoit une appréciation annuelle composé de 10% et un cours cible de 130$ d’ici un an et de 171$ d’ici 2027.
Son modèle financier présume que le CPKC réalisera 57% des synergies d’ici la fin de 2024, ce qui lui permettrait de réduire son ratio d’endettement de 3,8 à 2,5 fois le bénéfice d’exploitation. À ce moment-là, le chemin de fer devrait relever son dividende à nouveau. Et si le taux de distribution passait de 20 à 25% des profits, le dividende pourrait croître à un rythme annuel composé de 23% entre 2022 et 2027.
L’analyste table aussi sur le retour des rachats d’actions à partir du premier semestre de 2025.
Fadi Chamoun fait valoir que la nouvelle CPKC est le «leader de l’industrie en termes de coûts unitaires», qu’elle est première de classe pour l’exécution» et qu’elle offre en plus le parcours de croissance le plus «visible» et le plus «considérable» de tous les transporteurs ferroviaires de classe 1. Il recommande donc chaudement son achat.
Dominique Beauchamp
Air Canada (AC, 19,22$): une saison estivale forte en vue
Air Canada (AC, 19,22$): une saison estivale forte en vue
La demande pour les voyages aériens au Canada demeure en deçà de ses niveaux prépandémiques. Le volume de voyages est en baisse de 4% par rapport à 2019 et de -10% de ce qu’elle devrait être en ce moment, selon les estimations de Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale, qui s’attend malgré tout à une saison estivale forte pour Air Canada.
Les prix du transport aérien sont en hausse au pays, selon Statistique Canada, qui note dans son indice des prix à la consommation de mars 2023 que les prix sont en hausse de 3,2% sur un an et de 20,6% depuis 2019.
L’offre des transporteurs pour les voyages internationaux est toujours en baisse au Canada avec une baisse de 13,8% pour les vols au sud de la frontière et une baisse de 6,7% de l’offre dans le reste du monde comparativement à la même période en 2019.
Le prix moyen du carburant (1,38 $/litre) a augmenté de 40%, comparé au prix payé par Air Canada au premier trimestre de 2022, remarque l’analyste. Le volume d’achats réalisé par Air Canada à ce prix correspond à environ 40% de ses achats totaux de carburant. Le reste a été obtenu à des prix plus avantageux. Cameron Doerksen s’attend donc que la prévision d’un prix moyen réalisé à 1,35$ au premier trimestre soit atteinte.
Les prévisions 2023 d’Air Canada pour les coûts de carburant se situent à 1,30$ le litre. Le prix à New York est présentement à 0,95 $ alors que celui de la Côte du Golf se situait à 0,92 $. Si les prix se maintiennent à ce niveau, l’analyste s’attend à ce que le prix du carburant soit un bon vent de dos pour le transporteur.
À trois semaines du dévoilement de ses résultats pour le premier trimestre de l’exercice 2023, Cameron Doerksen maintient sa prévision de «surperformance» pour Air Canada alors que la demande n’est pas encore revenue à ses niveaux prépandémiques et que les prix demeurent hauts dans un environnement où l’offre des transporteurs est encore limitée.
L’analyste maintient son cours-cible sur un an à 29 $, ce qui représente un multiple de 4,5 fois la valeur de l’entreprise divisée par le BAIIA.
Matthieu Hains