Le feuilleton se poursuit entre Elon Musk et la direction de Twitter. (Photo: Getty images)
Que faire avec les titres de Tesla/Twitter, Lightspeed et Québecor? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Tesla (TSLA, 724,37 $ US): capitalisation boursière en baisse de 300 G$ US depuis l’annonce de l’achat de Twitter par Elon Musk
Elon Musk a déclaré dans une conférence à Miami lundi après-midi que les faux comptes constituaient au moins 20% de tous les utilisateurs du réseau social Twitter, ce qui est beaucoup plus que le chiffre de 5% avancé par la direction il y a quelques semaines.
Le titre de Twitter a mal réagi à cette déclaration, terminant la séance de lundi sur une baisse de 8,18%, ou de 3,33 $ US, à 37,39 $ US, loin du prix de 54,20 $ US offert par Elon Musk pour acheter le réseau social.
Plus tard en soirée, le coloré homme d’affaires en a rajouté une couche, affirmant que «le PDG de Twitter avait refusé de prouver que moins de 5% des comptes étaient des faux. Jusqu’à ce qu’il le fasse, la transaction ne pourra pas aller de l’avant».
L’action du réseau social avait déjà subi une baisse de près de 10% vendredi quand le PDG de Tesla a annoncé qu’il suspendait l’acquisition de 44 milliards de dollars américains (G$ US), mettant en doute les estimations de faux comptes de la direction.
«Elon Musk a ajouté que l’acquisition de Twitter n’était pas hors de question, mais à un prix plus bas. Notre vision de la transaction est que Wall Street confère une probabilité de plus de 50% que le milliardaire se retire de la transaction, ce qui explique la pression à la baisse sur le titre de Twitter», écrit Daniel Ives, analyste à Wedbush Securities.
Il croit qu’Elon Musk se sert des faux comptes comme d’un bouc émissaire dans le but de faire baisser le prix de la transaction.
«Même si Elon Musk dit s’être engagé à acheter Twitter, la forte pression sur le titre de Tesla depuis l’annonce de la transaction, une baisse de l’appétit pour le risque sur les marchés boursiers depuis un mois et d’autres facteurs financiers pourraient avoir refroidi le milliardaire», écrit l’analyste.
Selon lui, la capitalisation boursière du fabricant de voitures électriques a fondu de 300 G$ US depuis l’annonce de l’acquisition de Twitter par Elon Musk.
L’analyste explique également qu’à part l’emblématique dirigeant de Tesla, aucun autre acquéreur ne sera prêt à débourser 44 G$ US pour acheter Twitter, et qu’Elon Musk le sait très bien. «L’éléphant dans la pièce pour Twitter est qu’Elon Musk peut se retirer de la transaction et empocher une indemnité de rupture de 1 G$ US, citant le problème des faux comptes, une explication qui serait sûrement contestée par Twitter devant les tribunaux».
Daniel Ives croit que la direction de Twitter est prise au piège. Elle doit soit accepter de vendre à un prix moins élevé, soit laisser Elon Musk se retirer, ce qui accentuerait les pressions sur le titre du réseau social qui pourrait aller chatouiller les 30 $ US.
L’analyste recommande aux investisseurs de se garder un sac de maïs soufflé à portée de mains, car le «feuilleton va se poursuivre cette semaine».
En misant sur un scénario où une transaction serait conclue à un prix moins élevé, Daniel Ives réitère sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Tesla et son cours cible sur un an de 1400 $ US.
Lightspeed (LSPD, 21,37 $ US) : préparer l’exercice 2023
Lightspeed (LSPD, 21,37 $ US) : préparer l’exercice 2023
L’entreprise de solutions de commerce en ligne et de paiements Lightspeed dévoilera ses résultats financiers du 4e trimestre de l’exercice 2022 le 19 mai et l’analyste Daniel R. Perlin, de RBC Marchés des capitaux, anticipe des revenus de 141 millions de dollars (M$) et un bénéfice d’exploitation de 72 M$.
C’est sensiblement conforme aux prévisions du consensus des analystes, qui table sur des revenus de 140 M$ et sur un bénéfice d’exploitation de 71 M$.
«Depuis que Lightspeed a dévoilé ses résultats financiers du troisième trimestre, la valeur de l’action a reculé de 31%, alors que l’indice S&P 500 a cédé 10% durant la même période. Le titre se négocie en ce moment à 5 fois le ratio valeur d’entreprise/bénéfice d’exploitation de l’exercice 2023 et à un ratio de 3 fois le ratio valeur d’entreprise/revenus. Une amélioration de ces ratios est possible à court terme, à condition que la société fasse preuve de plus de transparence sur l’atteinte de ses principaux indicateurs de performance», dit l’analyste.
Ce dernier estime que trois éléments seront scrutés à la loupe par les marchés dans les résultats du quatrième trimestre: 1 — la croissance du nombre de clients ; 2— l’augmentation du revenu moyen par utilisateur et 3 — la hausse du nombre de transactions traitées.
«Plus tôt ce mois-ci, Lightspeed a lancé sa plateforme commerciale tout-en-un, Lightspeed Retail, pour tous les marchands partenaires. Nous prévoyons qu’il en sera question lors de la conférence téléphonique qui suivra la publication des résultats trimestriels», dit-il.
Daniel R. Perlin réitère sa recommandation de «surperformance» sur le titre, mais il fait passer son cours cible sur un an de 50 $ US à 40 $ US, citant l’augmentation de la volatilité sur les marchés boursiers. Il fonde son cours cible plus bas sur un ratio valeur d’entreprise/bénéfice d’exploitation de l’exercice 2023 de 12 fois.
Québecor (QBR.B, 28,56 $): la liberté de choisir
Québecor (QBR.B, 28,56 $): la liberté de choisir
Il serait étonnant que les actionnaires du fournisseur de services de télécommunications Québecor sortent perdants de l’achat proposé de Shaw Communications par Rogers.
L’analyste Jerome Dubreuil, de Valeurs mobilières Desjardins, croit que les marchés boursiers estiment que Québecor achètera la division de services de téléphonie mobile Freedom Mobile, de Shaw, dans une forte probabilité. «Ce n’est pas notre scénario de base pour le moment. Toutefois, en analysant le parcours de fusions et acquisitions de la société et son expertise en la matière, on constate que les risques liés à une telle acquisition ne seraient pas aussi élevés que les marchés le perçoivent», croit-il.
Jerome Dubreuil explique que la direction de Québecor estime que la situation actuelle entre le Bureau de la concurrence du Canada et Rogers améliore sa situation, si elle décidait d’amorcer les pourparlers pour acheter Freedom Mobile. «Même si nous sommes d’accord pour dire que l’entreprise est en bonne posture, car elle n’a pas besoin d’acheter Freedom, nous pensons que Québecor n’est pas dans le siège du conducteur en ce moment», dit-il.
L’analyste précise que le gouvernement fédéral préférerait sans doute Québecor comme un «remède» (à une trop forte concentration dans l’industrie des télécommunications, NDLR). «Toutefois, dans la déclaration du Bureau de la concurrence contre l’achat de Shaw par Rogers, nous n’avons rien vu qui laisse entendre que l’identité de l’acquéreur de la division de téléphonie mobile de Shaw est le principal obstacle à l’approbation de la transaction», explique-t-il.
Jerome Dubreuil ajoute que le titre de Québecor est le moins dispendieux de l’industrie des télécommunications au Canada selon le ratio valeur d’entreprise/BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) et selon les rendements de flux de trésorerie libres. Selon lui, il pourrait s’agir d’un bon point d’entrée. Il réitère sa recommandation «d’achat» sur le titre et son cours cible sur un an de 36 $.