À surveiller: TFI International, Air Canada et Restaurant Brands
Catherine Charron|Publié le 27 juillet 2021La direction d'Air Canada a su traverser le pire de la tempête pandémique. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de TFI International, Air Canada et Restaurant Brands? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
TFI International (TFII, 131,46 $): des résultats bien au-delà des attentes
Les résultats du deuxième trimestre de TFI International ont largement dépassé les attentes de Cameron Doerksen de la Financière Banque Nationale, notamment grâce à TForce Freight, qui continuera d’être un moteur de croissance au cours des prochaines années.
Ses revenus trimestriels dévoilés le 26 juillet 2021 ont atteint 1,837 million de dollars (M$), soit 130 % fois ce qu’elle avait obtenu au même trimestre, un an plus tôt. L’analyste tablait sur 1,591 M$, alors que le consensus visait plutôt 1,348 M$.
Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté se situe à 285 M$, mais puisque l’analyste ne compte pas la vente de son équipement roulant dans ces prévisions, il estime qu’il se situe plutôt à environ 280 M$, ce qui demeure tout de même largement au-dessus de son estimation à 247 M$. Bay Street s’attendait à un BAIIA de 216 M$.
Le bénéfice par action ajusté a lui aussi fracassé les attentes, se situant à 1,44 $, alors que la Financière Banque Nationale visait 0,96 $. Ses flux de trésorerie disponible sont de 234 M$, bien au-dessus des 144 M$ anticipés.
Comme l’entreprise l’avait souligné avant le dévoilement de ses résultats, le coefficient d’exploitation de sa nouvelle acquisition TForce Freight, anciennement connue sous le nom d’UPS Freight, est bien meilleur que l’objectif de 96-97 % fixé pour 2021. Il se situe plutôt à 90,1 % au deuxième trimestre, période qui est normalement plus forte pour l’industrie.
Sachant que l’entreprise doit encore ajuster l’intégration des opérations de sa nouvelle division, mettre en place des mesures pour réduire ses coûts, et que le marché de la livraison de lots brisés est prometteur, Cameron Doerksen est convaincu que l’entreprise pourrait atteindre un coefficient annuel d’exploitation de 90 %. La direction est du même avis, et croit même que d’ici cinq ou six trimestres, il pourrait se trouver sous la barre des 90 %. À lui seul, un tel coefficient d’exploitation pourrait bonifier son bénéfice avant intérêts et impôts (BAII) de 113 % par rapport à 2020, croit l’analyste de la Financière Banque Nationale.
L’entreprise qui possède la plus large flotte au Canada a revu à la hausse ses prévisions pour l’ensemble de l’exercice 2021, et s’attend maintenant à un bénéfice par action qui devrait se situer dans une fourchette de 4,50 et 4,60 $, alors qu’elle misait plutôt sur une fourchette de 3,80 à 4,00 $. Ses flux de trésorerie disponible devraient atteindre 550 à 570 M$, et non plus 475 à 525 M$. Cameron Doerksen fait de même, et s’attend à ce que l’ensemble de ses segments de marché fassent mieux que prévu.
TFI International demeure l’un des titres chouchous de l’analyste, qui continue de tabler sur une croissance des revenus au cours des prochaines années grâce à de meilleures marges du côté de TForce Freight.
Selon la Financière Banque Nationale, son titre s’échange pourtant à un ratio cours/bénéfice de 16,9 fois, alors que l’ensemble du secteur s’échange plutôt en moyenne selon un multiple de 17,7 fois. Elle fait passer son cours cible de 137 $ à 144 $, et maintient sa recommandation à « surperformance de marché ».
Air Canada (AC, 25,13 $): la direction sait comment naviguer dans la tempête
Air Canada (AC, 25,13 $): la direction sait comment naviguer dans la tempête
La direction a si bien su traverser le pire de la tempête pandémique qu’elle se trouve en bonne position pour profiter de la reprise imminente des activités, croit Walter Spracklin de RBC Marchés des Capitaux.
Bien que des incertitudes persistent du côté des deux segments de marché les plus profitables d’Air Canada, soit ceux des voyages d’affaires et à l’international, les récentes données provenant de ses compétiteurs aux États-Unis encouragent l’analyste.
Le transporteur aérien a dévoilé le 23 juillet dernier que ses pertes avant intérêts, impôts et amortissement (PAIIA) au deuxième trimestre ont atteint 656 millions de dollars (M$), soit davantage que ce que le consensus (579 M$) et l’analyste (470 M$) avaient prévu.
Le coefficient d’occupation des sièges d’Air Canada, qui représente -86 % de celui du deuxième trimestre de 2019, est légèrement sous les attentes de la direction, à -84 %.
L’épuisement de son capital net a atteint 8 M$ par jour, ce qui est bien mieux que les 11 M$ par jour anticipés. Malgré tout, Walter Spracklin porte peu d’attention à ces chiffres, car ils lui importent moins que les tendances en matière de demande et de réservations pour les prochains trimestres.
La direction a dévoilé de nouvelles attentes pour le troisième trimestre de 2021 à l’égard de sa capacité et de son épuisement du capital net. Grâce à l’allègement des restrictions à voyager au Canada du 9 août et du 7 septembre, l’entreprise table sur un coefficient d’occupation des sièges de -65 % par rapport au troisième trimestre de 2019.
Elle mise sur des pertes qui se situent entre 280 et 460 M$, ce qui est bien mieux que les 745 M$ épuisés au cours du deuxième trimestre de 2021 et que ce à quoi il s’attendait (-691 M$), rappelle l’analyste.
Walter Spracklin estime aussi que le cargo deviendra un important segment de marché pour Air Canada. Au cours du deuxième trimestre seulement, les revenus qu’elle en a tirés sont en hausse de 33 % par rapport à la même période l’an dernier, et de 27 % par rapport au trimestre précédent.
L’entreprise a d’ailleurs laissé entendre qu’elle souhaitait répondre à la demande soutenue par le commerce en ligne en bonifiant sa capacité de transport.
L’analyste surveillera donc les répercussions que cette décision aura sur le transport de passagers, surtout alors que la demande est sur le point d’augmenter.
Pour mieux refléter les résultats du deuxième trimestre, et les nouvelles annonces faites par Air Canada, RBC Marchés des Capitaux revoit très légèrement ses prévisions à long terme. C’est pourquoi elle ajuste quelque peu ses attentes à l’égard du BAIIA pour 2024, faisant passer sa cible de 3,387 M$ à 3,482 M$. Son cours cible grimpe donc à 28 $, alors qu’il se trouvait à 27 $.
Convaincue que la demande est sur le point de rebondir, ce qui aura des effets bénéfiques pour le titre, elle maintient sa recommandation à « surperformance de marché ».
Restaurant Brands International (QSR, 64,91 $ US): des hoquets à court terme
Restaurant Brands International (QSR, 64,91 $ US): des hoquets à court terme
Bien que la pandémie aura très certainement affecté les résultats du deuxième trimestre de Restaurant Brands International, Patricia Baker de Scotia Capital est convaincue que la stratégie de croissance à long terme de l’entreprise ne sera pas affectée.
Les attentes de l’analyste sont néanmoins sous celles du consensus. Alors qu’elle table sur un bénéfice par action de 0,59 dollar américain ($ US) et un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 519 millions de dollars américains (M$ US) et des revenus consolidés de 1,344 M$ US, Bay Street mise plutôt sur 0,60 $ US, 523 M$ US et 1,345 M$ US, respectivement. Les prévisions de Patricia Baker représenterait des bonds de 78,8 %, de 45 % et de 28,3 % par rapport à la même période l’an dernier.
Au premier trimestre de 2021, le taux de croissance des ventes du spécialiste de la restauration rapide est repassé en territoire positif pour la première fois depuis le quatrième trimestre de 2019, rappelle l’analyste.
Patricia Baker croit que cette tendance devrait se poursuivre au cours du deuxième trimestre, grâce aux nombreuses initiatives mises en place pour attirer davantage de trafic dans ses points de vente.
Cette augmentation est davantage marquée chez Tim Hortons, où la stratégie de miser sur ses produits phares, comme le café, les beignes et les déjeuners, semble porter fruit. L’analyste s’attend à une hausse des ventes à magasins comparables de 25,3 % par rapport à la même période l’an dernier.
Chez Burger King, Patricia Baker croit que les ventes à magasins comparables devraient grimper de 16,2 % en un an. Aux États-Unis toutefois, elle mise plutôt sur une hausse de 13 % grâce à la livraison à domicile maintenant disponible à plus grande échelle et à l’intérêt pour le ramassage en magasin des commandes passées par les appareils mobiles.
Les ventes à magasins comparables de Popeyes Louisiana Kitchen devraient, elles, monter de 4 % grâce à la mise en vente de nouveaux produits et une hausse de la livraison et du ramassage en magasin.
Toutefois, Restaurant Brands n’est pas complètement tirée d’affaire, car la pandémie a continué de chambouler au cours du trimestre le quotidien de ses clients, et donc leurs habitudes de consommation.
Au cours de l’appel avec les actionnaires qui se tiendra le 30 juillet 2021, Patricia Baker sera attentive aux commentaires de la direction concernant ses besoins en main-d’œuvre et sur tout type de pression inflationniste que pourrait subir l’entreprise.
Restaurant Brands International devrait d’ailleurs se prononcer sur ses prévisions pour le reste de l’année.
D’ici là, Scotia Capital maintient sa recommandation à « surperformance de marché » et son cours cible à 79 $ US, soit 19,5 fois son ratio valeur d’entreprise/BAIIA prévu pour l’exercice 2022.