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À surveiller: Transat, Empire, et H2O Innovation

Catherine Charron|10 Décembre 2021

À surveiller: Transat, Empire, et H2O Innovation

La dette de Transat pèse sur ses résultats. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Transat, Empire, et H2O Innovation? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Transat A.T. (TRZ, 4,52$): le voyage reprend, mais son bilan plombe sa performance

Si le spécialiste du voyage Transat a mis en place de nombreuses mesures pour redresser ses finances, elle demeure très endettée, et risque de diluer l’avoir des actionnaires, croit Cameron Doerksen de la Financière Banque Nationale.

L’entreprise dirigée par Annick Guérard a dévoilé les résultats de son dernier trimestre de l’exercice 2021 jeudi. Ses revenus ont atteint 63 millions de dollars (M$), ce qui est plus que ce qu’avait prévu l’analyste qui tablait sur 51 M$, mais bien en dessous des attentes du consensus, qui misait sur pas moins de 100 M$. Ses pertes avant intérêts, impôts et amortissement ont été de 58 M$, ce qui est pire que, non seulement les prévisions du consensus (38 M$), mais aussi de la Financière Banque Nationale (53 M$).

Ses coffres sont toutefois bien garnis en cette fin d’exercice, avec pas moins de 433 M$ en flux libre, et 170 M$ de plus de disponibles. Elle a consommé 15 M$ par mois au quatrième trimestre, ce qui est mieux qu’au troisième trimestre, où elle sortait environ 20 M$ de sa trésorerie mensuellement. La direction croit que sa consommation devrait se stabiliser dans cette fourchette au cours des prochains mois.

Pour réduire les coûts de sa structure et de ses opérations, Transat a réduit sa flotte, recentré ses activités autour du transport aérien et signé une entente de partenariat avec WestJet qui permet aux voyageurs de se déplacer avec les deux compagnies aériennes à l’aide d’un seul billet, sans se soucier d’enregistrer leurs bagages à plusieurs reprises entre le moment du départ et celui de l’arrivée à destination.

Cameron Doerksen observe aussi des signes encourageants d’une reprise des réservations pour les voyages au cours non seulement du prochain hiver, mais aussi du prochain été, et ce, malgré les récentes restrictions mises en place pour réduire la propagation du variant omicron, concède l’analyste.

La direction s’est voulue rassurante en précisant que les réservations ont repris au cours des derniers jours. Elle s’attend à ce que son achalandage hivernal soit à 60% de celui de l’hiver 2019, alors que cet été, il devrait se rapprocher davantage d’une situation normale, avec un taux d’occupation à 90% de celui de l’été 2019. Des prévisions qui sont bien au-dessus de celles qu’a faites Cameron Doerksen.

L’analyste croit que Transat aura de la difficulté à retrouver au cours des deux prochaines années un bénéfice avant intérêts impôts et amortissement à la hauteur de ce qu’elle affichait avant la pandémie de COVID-19. Néanmoins, elle prévoit une hausse de 190 M$ au cours de l’exercice 2023. Il croit que son ratio d’endettement devrait être de 5,1 fois son bénéfice d’exploitation ajustée.

Pour que ce multiple soit au moins de 3 fois, le transporteur aérien devra forcément émettre sur le marché des actions d’une valeur de 400 M$. Pour l’instant, sa capitalisation boursière est d’environ 170 M$, ce qui laisse donc présager une dilution des actions à venir.

Son cours cible est maintenu à 3,50 $ et sa recommandation à «sousperformance de secteur».

 

Empire (EMP.A, 37,75 $): de maigres résultats

Empire (EMP.A, 37,75 $): de maigres résultats

Les résultats trimestriels présentés par Empire avant l’ouverture de la séance du jeudi 9 décembre sont la preuve que le spécialiste de l’alimentation se nourrit des meilleures marges de profits générées par sa nouvelle enseigne, Longo’s, et des avantages de son Projet Horizon. Ses ventes en ligne, toutefois, lui coupent encore l’appétit, constate Kenric S. Tyghe d’ATB Capital.

Bien que ses ventes soient plus faibles que ce qui avait été anticipé, ses bénéfices bruts ont atteint 1,85 milliard de dollars (G$), et ses marges bénéficiaires ont crû de 190 points de bases, à 25,3%, si l’on inclut dans le calcul les ventes d’essence. Ça lui a permis de générer un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) et un bénéfice par action ajusté (0,66 $) meilleurs que ce qui avait été prévu.

Tandis que le consensus misait sur un BAIIA de 541,3 millions de dollars (M$), il a dépassé les attentes et s’est établi à 565,2 M$ au deuxième trimestre de 2022.

Même scénario du côté des marges du BAIIA de la maison-mère d’IGA qui ont atteint 7,7%, soit plus que ce que le consensus (7,4%), et l’analyste (7,3%) avaient escompté. Kenric S. Tyghe estime qu’Empire doit en partie cette performance à de meilleures marges brutes et à une optimisation des coûts, en partie tirée d’une baisse des dépenses liées à la pandémie.

Les ventes du conglomérat du commerce de détail alimentaire ont raté de peu la cible des analystes, atteignant 7,32 G$, alors que le consensus et Kenric S. Tyghe tablaient respectivement sur 7,38 G$ et 7,35 G$.

Les ventes d’un magasin comparable ont même reculé de 1,3%, si l’on exclut l’essence. Sa nouvelle chaîne de supermarché Longo’s, dont Empire a conclu l’achat de 51% des parts en mai 2021, a fait croître ses revenus de 4,9%, fait remarquer l’analyste d’ATB Capital.

En ligne aussi, c’est la branche virtuelle de Longo’s, Grocery Gateway, qui a alimenté en grande partie la hausse de 33% de ses ventes trimestrielles. Sans elle, ses ventes en ligne n’ont cru que de 1,8% par rapport à la même période l’an dernier, note Kenric S. Tyghe. L’application Voilà a, elle aussi, contribué à cette augmentation, mais les achats sur IGA ont freiné sa croissance.

Ce résultat le déçoit, et ce, bien qu’il prévoyait déjà une déconfiture puisque ces résultats trimestriels se comparent à une faste période de l’exercice 2021.

De plus, même s’il s’attendait à observer un changement d’habitudes des consommateurs au cours de ce trimestre, ce virage a été accentué par une importante hausse des prix des aliments.

Malgré sa déception, l’analyste ne change ni son cours cible ni sa recommandation, qui demeurent à 46 $ et à «performance de secteur».

 

H2O Innovation (HEO, 2,35 $): mise à jour de son plan stratégique

H2O Innovation (HEO, 2,35 $): mise à jour de son plan stratégique

Un an après le dévoilement du plan stratégique de H2O Innovation, Frédéric Tremblay de Desjardins Marché des capitaux croit qu’il permettra de créer «significativement» de la valeur pour les actionnaires.

L’entreprise a dévoilé jeudi une mise à jour fort réjouissante de ses revenus et bénéfices attendus pour l’exercice 2023 et a présenté ses objectifs pour l’exercice 2024, ce qui constitue selon l’analyste un plan de croissance «agressif».

La croissance de ses revenus et de ses marges bénéficiaires au cours de la première année de son plan stratégique est telle qu’elle laisse croire que l’entreprise devrait profiter encore longtemps de cet élan, ce pour quoi la direction a revu ses attentes pour l’exercice 2023.

H2O Innovation mise sur des revenus qui devraient s’établir dans une fourchette de 185 à 250 millions de dollars (M$), alors qu’elle misait sur 175 à 250 M$ précédemment. Les marges de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement devraient se situer entre 11% et 11,5%. Frédéric Tremblay croit que le taux de croissance annuel composé de ses revenus devrait se situer entre 13 et 32%.

Au cours de l’exercice 2024, ses revenus devraient se situer entre 220 et 300 M$, grâce à une croissance interne de plus de 10% et de prochaines fusions et acquisitions, rapporte l’analyste.

La spécialiste de la filtration membranaire connaîtra une telle croissance notamment s’il y a une hausse des investissements liés aux infrastructures d’approvisionnement en eau et à sa désalinisation, estime Frédéric Tremblay, et si la société québécoise met en marché de nouveaux produits ou met en place de nouvelles initiatives.

Il estime que l’entreprise pourra tirer profit de sa croissance interne et d’activités de fusion et acquisition qui ne dilueront pas son actionnariat, tout en maintenant des marges bénéficiaires «saine», écrit-il. Il s’attend à revoir à la hausse ses prévisions, surtout car il n’a pas pris en considération de potentielles acquisitions.

Desjardins Marché des capitaux maintient sa recommandation à «achat» et son cours cible à 3,25 $. Celui-ci se base sur un multiple de 14 fois son ratio valeur d’entreprise/BAIIA de l’exercice 2023, tout comme le reste du secteur.