Adam Shine réduit ses attentes à l’égard des marges de profit tirées de l'impression chez Transcontinental, les faisant passer de 31% à 23,8%.(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Transcontinental, Alimentation Couche-Tard et Best Buy? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Transcontinental (TCL.A, 25,73 $): le cours de la résine est peu emballant
Adam Shine de la Financière Banque Nationale se demande si le consensus des analystes a bel et bien saisi l’ampleur des répercussions qu’aura le prix de la résine sur les résultats de l’emballeur et éditeur québécois Transcontinental.
Alors que ces derniers tablent sur des revenus de 619,3 millions de dollars (M$), un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 112,7 M$, et un bénéfice par action de 0,58$, Adam Shine mise plutôt sur des revenus de 626,7 M$, mais un BAIIA de 104,3 M$ et un bénéfice par action de 0,52$.
Certes ces revenus qui seront dévoilés le 8 septembre prochain seraient supérieurs à ceux engrangés au troisième trimestre de 2020, mais les marges devraient être affectées par une hausse «inattendue et soutenue» du cours de la résine et un taux de change défavorable, croit l’analyste.
Il soutient que leurs répercussions négatives devraient d’ailleurs davantage lester les résultats de l’entreprise qu’au trimestre précédent. Déjà, au cours de cette période, le prix de la résine a amputé 10 millions de dollars la performance de l’entreprise. Si l’analyste avait d’abord espéré que le cours de la résine diminue pendant les deux derniers mois, force est de constater qu’il a plutôt continué son ascension, souligne Adam Shine.
D’autant que les résultats trimestriels de l’entreprise auront de la difficulté à se démarquer par rapport à ceux du troisième trimestre de 2020. Le contexte bien différent a permis à Transcontinental de dégager des marges de 18,6%. Ses marges bénéficiaires devraient plutôt s’établir à 12,5%, alors qu’elles étaient à 14,1% au deuxième trimestre, et à 14,9% au premier trimestre. «Si cela peut sembler peu si on se fie à l’efficacité de l’entreprise, ça fait plutôt preuve de prudence par rapport aux répercussions du prix de la résine, qui sont difficiles à anticiper», concède l’analyste de la Financière Banque Nationale.
De côté de l’impression, qui a tiré vers le haut les résultats du deuxième trimestre grâce à des économies réalisées par l’entreprise, Adam Shine réduit là aussi ses attentes à l’égard de ses marges de profit, les faisant passer de 31% à 23,8%.
Les frais de gestion de l’imprimeur dont le siège social se trouve à Montréal devraient quant à eux grimper, passant de 3,1 M$ à 8,5M$, alors que l’entreprise s’attend à dépenser environ 40 M$ pour l’ensemble de l’année, car sa charge de rémunération à base d’actions devrait être plus élevée que prévu.
Néanmoins, l’analyste maintient sa recommandation de «surperformance» et son cours cible à 28$.
Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 51,70$ ): les Américains pèsent sur le champignon
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À l’approche de la publication des résultats trimestriels le 31 août 2021, l’analyste Martin Landry chez Stifel GMP revoit à la hausse le cours cible d’Alimentation Couche-Tard. Il ajuste ses attentes afin de mieux illustrer les marges plus hautes que prévu tirées de la vente d’essence aux États-Unis annoncées par l’agence OPIS, et ce, malgré de plus basses marges anticipées du côté des ventes de marchandise.
La distance parcourue par les Américains en mai et en juin a crû en moyenne de 22% par rapport à la même période l’an dernier. Cette reprise des déplacements devrait se traduire chez Couche-Tard par un niveau de vente d’essence qui se rapprochera des sommets historiques, croit Martin Landry. Prudent, l’analyste s’attend à ce qu’une même station-service vende un volume supérieur d’essence de 15% au cours du premier trimestre de l’exercice 2022.
Stifel s’attend à ce que les marges obtenues par gallon d’essence atteignent 0,33 dollar américain ($US), en hausse par rapport au 0,28 $US anticipé précédemment. Sachant qu’elles étaient de 0,43 $US au trimestre précédent, cela freinera de 0,16 $US la croissance de son bénéfice par action au cours de l’exercice.
L’analyste rappelle toutefois que les marges tirées de l’essence par Couche-Tard ont été supérieures de 20 à 25% par rapport à ses comparses américains au cours des quatre trimestres précédents.
Au Canada, l’analyste croit que les ventes d’essence d’une même station-service devraient croître de 10% au cours de son premier trimestre de l‘exercice 2022. Les marges devraient se situer à 0,10 $US le litre d’essence, ce qui est 5% de moins que l’an dernier, mais supérieur à la moyenne des cinq dernières années qui se situe à 0,085$US le litre.
Ainsi, il revoit à la hausse ses prévisions à l’égard du bénéfice par action et le fixe à 0,68$US, soit 0,05$US de plus que précédemment et légèrement plus haut que le 0,63$US anticipé par le consensus des analystes. C’est tout de même une baisse de 5% par rapport à la même période l’an dernier, pendant laquelle les marges tirées de l’essence aux États-Unis étaient plus solides.
Du côté de la vente des marchandises, le portrait américain devrait demeurer similaire par rapport à la même période l’an dernier. L’entreprise avait alors annoncé un bond de 7,7%, son plus haut taux de croissance en 10 ans. Au Canada toutefois, ses ventes devraient avoir reculé de 6%, soit légèrement plus que son compétiteur Parkland. Martin Landry souligne qu’au premier trimestre de l’exercice 2021, Alimentation Couche-Tard avait dévoilé une hausse de ses ventes de 20% au pays, ses stations-service ayant bénéficié des fermetures liées aux consignes sanitaires du côté de la vente de cigarettes et d’alcool notamment.
En Europe, puisque les conséquences de la COVID-19 se sont fait ressentir plus tôt au cours de l’année 2020, les résultats de son premier trimestre de l’exercice 2022 seront moins affectés par des comparables drastiquement différents. Les ventes de marchandises d’un même dépanneur devraient avoir crû de 3%, ce qui se rapproche de la moyenne des cinq dernières années qui se situe à 2,7%. Martin Landry s’attend néanmoins à un recul de 240 points de base par rapport à la même période l’an dernier.
L’analyste de Stifel revoit à la hausse ses prévisions pour l’exercice 2022 et 2023 à la suite de la rencontre des investisseurs, à laquelle l’entreprise a fait part d’initiatives pour maintenir des marges supérieures tirées de l’essence, et pour croître.
C’est pourquoi Martin Landry fait grimper de 6$ son cours cible, à 53$, et fixe sa recommandation à «maintenir».
Best Buy (BBY, 110,10 $US): le détaillant devrait profiter de la rentrée scolaire
Best Buy (BBY, 110,10 $US): le détaillant devrait profiter de la rentrée scolaire
Elizabeth Suzuki de Bank of America Securities s’attend à ce que le détaillant spécialiste de l’électronique Best Buy dévoile de solides résultats le 24 août prochain, bien qu’elle anticipe une baisse de ses ventes comparables.
L’analyste croit que le bénéfice par action de l’entreprise devrait atteindre 1,76 dollar américain ($US), alors que le consensus des analystes table sur 1,90 $US. Elle estime toutefois que les ventes d’un même magasin devraient avoir grimpé de 16%, là où le consensus mise plutôt sur une hausse de 14,7%.
L’entreprise devrait avoir passé ce qu’Elizabeth Suzuki qualifie du «sommet de la comparaison», soit la période où la fermeture des magasins imposée par les consignes sanitaires et les confinements ont le plus affecté ses résultats. Toutefois, elle ne s’attend pas à une importante correction du titre, car le marché semble déjà l’avoir pris en considération.
Elle se tourne donc plutôt vers le taux de croissance des ventes en électronique des deux dernières années, qui se trouve présentement à un sommet, pour évaluer la réelle demande des consommateurs. En se fiant aux ventes comparables d’un même magasin, Best Buy devrait afficher une hausse de 5% en mai, mais une baisse de la demande de 3% en juin et une autre de 8% en juillet, par rapport aux mêmes périodes l’an dernier.
Lors de la réunion des actionnaires, qui se tiendra à 8h00 le 24 août 2021, Elizabeth Suzuki s’intéressera aux conséquences du retour en classe des étudiants sur les ventes de la rentrée de Best Buy.
Elle se penchera aussi sur la synergie entre les ventes en ligne et en magasin, alors qu’elles étaient majoritairement tirées de son site web l’année dernière. «Nous nous attendons à ce que les ventes comparables en ligne soient en baisse de 25%, ce qui pourrait soutenir la marge brute sur une base annuelle», a-t-elle glissé dans sa note.
Elizabeth Suzuki gardera aussi un œil sur les prévisions du détaillant à l’égard de sa croissance au cours de la prochaine année. L’analyste estime pour sa part que la demande soutenue pour les produits électroniques tout au long de la pandémie devrait se poursuivre, alors que le retour au travail se fera en mode hybride. De plus, selon une récente étude publiée le 9 juin 2021, Bank of America Securities a démontré que parmi les nouveaux passe-temps qu’ont développés les Américains depuis l’apparition du coronavirus, on compte de nombreuses activités qui sont bénéfiques pour Best Buy, comme la consommation de jeux vidéos et de musique.
Finalement, elle s’intéressera aux postes de dépenses de l’entreprise dont les coffres contiennent 4,3 milliards de dollars américains.
Bank of America Securities maintient son cours cible à 145$US, ou 17 fois le bénéfice par action attendu en 2022, ce qui est au-dessus de son ratio historique de 12 fois. Sa recommandation demeure à «achat».