Le détaillant américain Walmart a fait état d’un bon quatrième trimestre 2023 (terminé fin janvier), mais a émis des prévisions «prudentes» pour son exercice 2024. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Walmart, Loblaw et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Walmart (WMT, 147,33 $US) : gros quatrième trimestre, mais des prévisions décevantes pour 2023
Le détaillant américain Walmart a fait état d’un bon quatrième trimestre 2023 (terminé fin janvier), mais a émis des prévisions «prudentes» pour son exercice 2024, ce qui est une sage décision, selon l’analyste Steven Shemesh, de RBC Marchés des capitaux.
L’analyste abaisse ainsi ses prévisions de ventes de magasins comparables (ouverts depuis plus d’un an) à 2,4% pour l’exercice 2024 et 3% pour l’exercice 2025. Ses prévisions de bénéfice par action dilué diminuent aussi de 6,48 $US à 6,06 $US pour 2024 et de 7,45 $US à 6,67 $US pour 2025.
«Parlant de l’état des consommateurs américains, la direction de Walmart estime qu’ils sont plus sélectifs et faisaient des achats éclairés et plus réfléchis. Il est clair que les pressions inflationnistes ont un effet sur les décisions d’achats. L’entreprise a laissé entendre que les produits de marque maison avaient gagné en popularité durant le quatrième trimestre», raconte l’analyste.
Ce dernier se dit toutefois encouragé par le fait que Walmart semble gagner des parts de marché auprès de clients aux revenus plus élevés. «Cela est positif pour Walmart, mais inquiétant pour l’économie dans son ensemble», dit-il.
Du côté des prévisions, Walmart soutient que ses marges bénéficiaires progresseront légèrement cette année, tout en étant inférieures à celles de son exercice 2022, avec une hausse de 40% des dépenses en frais d’intérêts (750 millions de dollars de plus que le montant de 1,9 milliard de dollars versé l’an dernier) et une légère diminution des dépenses de vente, frais généraux et administratifs.
Steven Shemesh conserve sa recommandation de «surperformance» sur le titre de Walmart, mais abaisse son cours cible sur un an, qui passe de 163 $US à 160 $US.
Du côté de Walmart Canada, sa collègue Irene Nattel observe que les ventes de magasins comparables ont progressé de 5,9% sur un an au quatrième trimestre, et de 20,1% par rapport à la même période en 2019.
«La taille moyenne du panier d’achat a été 21,5% plus élevée qu’à la même période en 2019, mais en recul de 1,2% sur un an, alors que le nombre de transactions revient tranquillement à son niveau pré-pandémique», dit-elle.
Irene Nattel souligne que les dépenses des Canadiens ont atteint un plateau durant la seconde moitié de 2022, alors qu’une portion de plus en plus importante du budget des consommateurs a été allouée aux services et aux dépenses essentiels.
Loblaw (L, 118,89$) : Desjardins anticipe des résultats robustes pour son quatrième trimestre
Loblaw (L, 118,89$) : Desjardins anticipe des résultats robustes pour son quatrième trimestre
L’épicier et pharmacien Loblaw, qui possède aussi la chaîne Shoppers (Pharmaprix au Québec), dévoilera ses résultats financiers du quatrième trimestre le 23 février.
L’analyste Chris Li, de Valeurs mobilières Desjardins, s’attend à une croissance robuste du bénéfice par action grâce à la forte inflation dans l’industrie de l’alimentation, à la popularité des produits de marque maison et à la bonne performance des ventes de médicaments d’ordonnance et de produits de soins de santé et de cosmétiques dans les pharmacies.
Au quatrième trimestre de 2022, l’analyste s’attend à un bénéfice par action en progression de 14% sur un an, ce qui est légèrement plus optimiste que celle de 12% attendue par le consensus des analystes. Cette augmentation sera à son avis attribuable à une hausse de 8% des ventes au détail, en calculant une hausse de 11% des prix partiellement annulée par une diminution des volumes de ventes.
Selon Chris Li, Loblaw dévoilera des revenus de 13,82 milliards de dollars (G$), un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 1,46 G$ et un bénéfice par action ajusté de 1,73$ pour le quatrième trimestre. Le consensus des analystes mise sur des revenus de 13,73G$, un BAIIA de 1,45G$ et un bénéfice par action ajusté de 1,71$.
«Pour son exercice 2023, nous prévoyons que la direction de Loblaw va dévoiler une prévision de bénéfice par action en hausse de 8% à 10%», ajoute l’analyste, qui prévoit de son côté une augmentation de 11%.
Chris Li estime qu’une telle performance reste impressionnante étant donné le ralentissement de l’inflation durant la seconde moitié de 2022, sans oublier que cela s’ajouterait à une hausse de 21% du bénéfice par action l’an dernier.
L’analyste réitère sa recommandation de conserver le titre de Loblaw avec un cours cible sur un an de 133$. Cela donne au titre une valeur de 16 fois le ratio cours/bénéfice prévu de l’exercice 2024, lui qui se négocie actuellement au même ratio, mais pour l’exercice 2023, légèrement au-dessus de sa moyenne de 14 à 15 fois. Le titre de Metro est légèrement mieux évalué, à 16,6 fois.
Selon lui, l’inflation dans le secteur de l’alimentation devrait éventuellement ralentir, alors que la concurrence dans l’industrie reste vive, ce qui fait en sorte que toute appréciation du titre devra d’abord passer par une augmentation du bénéfice par action.
Dollarama (DOL, 78,26$) : de plus en plus de produits à quatre dollars ou plus
Dollarama (DOL, 78,26$) : de plus en plus de produits à quatre dollars ou plus
Le détaillant de produits à moins de cinq dollars Dollarama dévoilera les résultats financiers du quatrième trimestre de son exercice 2023 le 29 mars et, surtout, ses prévisions pour l’exercice 2024.
C’est surtout ce dernier point que surveillera l’analyste Martin Landry, de Stifel GMP. «Notre analyse suggère que les prix des articles chez Dollarama se sont appréciés de 2,3% au cours des six derniers mois», dit-il. Pour en arriver à cette conclusion, l’analyste explique qu’il a sélectionné 80 produits vendus moins de quatre dollars, comparant leurs prix en septembre 2022 et en février 2023.
«Cette croissance, jumelée à l’arrivée de produits à 4 dollars ou plus et à des gains de parts de marché vient appuyer notre théorie selon laquelle les ventes de magasins comparables (ouverts depuis plus d’un an) progresseront de 5% durant l’exercice 2024», écrit Matin Landry, qui croit même que l’entreprise pourrait dépasser cette cible.
Ce dernier ajoute qu’en analysant 3000 produits, 13% de ceux-ci avaient un prix de quatre dollars ou plus, ce qui constitue une augmentation significative par rapport à la proportion de 7% constatée en septembre dernier. «Cela laisse entendre que l’implantation des produits à prix plus élevés progresse bien et que les consommateurs les achètent», dit-il.
Au quatrième trimestre de l’exercice 2023, Martin Landry mise sur un bénéfice par action de 0,83$, ce qui constituerait une augmentation de 13% sur un an. Le consensus des analystes est un peu plus optimiste à 0,86$. Il s’attend aussi à une augmentation des ventes de magasins comparables de 9%. «Si les ventes de magasins comparables devaient grimper de 11%, cela porterait le bénéfice par action à 0,85$», précise-t-il.
L’analyste anticipe également un bénéfice par action de 3,10$ pour l’exercice 2024, ce qui est sous le consensus des analystes, établi à 3,16$. Il s’attend également à ce que la marge bénéficiaire de Dollarama grimpe de 60 points de base à 44% durant l’exercice, grâce entre autres au recul des frais de transport de conteneurs, actuellement en repli de 75% par rapport à leur sommet historique.
«Les frais de vente, généraux et administratifs devraient grimper de 14% à 14,4% l’an prochain, alors que les hausses de salaire sont importantes. L’entreprise a toutefois mis en place des mesures pour contrer les pressions inflationnistes sur les salaires en implantant des caisses libre-service dans ses magasins», raconte-t-il.
Martin Landry conserve sa recommandation d’achat sur le titre de Dollarama et son cours cible sur un an de 94$, ce qui confère à la valeur de l’action un ratio de 22 fois ses bénéfices de l’exercice 2024, alors que la moyenne historique du titre est de 20 fois.