L’action de Tesla (TSLA, 1 105,84$US) a renoué avec un niveau de volatilité plus fort que jamais depuis quelques semaines. (Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement récent ou prochain qui a marqué ou marquera l’évolution des marchés boursiers. Le texte expliquera l’événement et relatera son impact sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
L’engouement des investisseurs pour les manufacturiers de voitures électriques a repris de plus belle avec l’entrée en Bourse ces derniers jours de nouveaux joueurs, tels Rivian (RIVN, 131,43 $US) et Lucid (LCID, 49,19 $US). Même l’action de Tesla (TSLA, 1 105,84 $US) a renoué avec un niveau de volatilité plus fort que jamais depuis quelques semaines.
Profitez-vous de cette activité boursière, ou, comme plusieurs, vous n’arrivez pas à vous convaincre de payer un tel prix malgré tout ce qui se dit quant aux perspectives futures de ces entreprises?
Si votre réponse est que vous êtes incapable d’accepter de payer un tel prix, dites-vous que plusieurs gestionnaires de portefeuille chevronnés sont dans votre camp.
Un principe essentiel en placement est que vous devez toujours vous garder une marge de sécurité, explique François Rochon, président de Giverny Capital. Cette marge de sécurité provient beaucoup de la qualité de l’entreprise, mais souvent aussi du prix que vous payez. Tesla est une très bonne entreprise, mais le prix à payer pour acquérir ses actions est beaucoup trop élevé, selon lui. «Même si le titre corrigeait de moitié, il serait encore trop cher», dit-il.
Certains cherchent des raisons qui se voudraient rationnelles pour acheter les actions de Tesla à ce prix, mais ils n’en trouvent pas. C’est le cas de Philippe Hynes, président de Tonus Capital.
Certains estiment que pour justifier la valorisation actuelle de Tesla, il faut croire que la société occupera le tiers du marché de l’automobile dans 10 ans. «Difficile à envisager», résume Philippe Hynes.
La concurrence sera énorme
Les gros manufacturiers d’automobiles ont eux aussi investi des fortunes afin de développer les produits de demain. «Leur grande expérience vaut quelque chose, et Tesla ne sera pas la seule à offrir des véhicules électriques performants et de grande qualité», dit le président de Tonus.
L’aventure de Tesla n’en demeure pas moins fascinante, selon lui. Il est étonnant entre autres choses de constater comment elle ne semble pas souffrir des problèmes d’approvisionnement, surtout pour les pièces informatiques, comme bien d’autres dans tous les secteurs industriels. «Mais tellement d’incertitudes subsistent», ne peut-il pas s’empêcher de conclure.
Le défi quant vient le temps d’établir ce qu’est la valeur d’une entreprise, c’est de déterminer quels seront ses profits futurs, explique Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuilles chez Claret Gestion de placements. «Si l’exercice n’est pas trop difficile pour les profits du prochain trimestre en ce qui concerne Tesla, ce l’est beaucoup plus pour ceux que la société réalisera dans 5 ans», dit-il.
Se méfier des titres vedettes
L’attrait pour les titres vedettes en bourse est indéniable, mais les acheter à un prix déraisonnable est un exercice dangereux, rappelle M. Fournier. «Tesla devra faire tellement d’argent pour justifier éventuellement son évaluation», dit-il.
Pour plusieurs, la comparaison avec Amazon (AMZN, 3 746,96 $US) peut être un incitatif à acheter les actions de Tesla. Les investisseurs croyaient en la venue du commerce en ligne et ont poussé la valorisation d’Amazon à des niveaux toujours plus hauts avant même qu’elle ne génère des profits significatifs.
Mais attention, car la réussite provient parfois d’une combinaison de facteurs imprévus. «Amazon génère aujourd’hui d’énormes flux de trésorerie, mais une grande partie provient de ses services en infonuagique et non du commerce en ligne», explique Vincent Fournier. Les investisseurs qui ont profité grandement d’Amazon l’avaient-ils prévu? «On peut parfois avoir raison pour les mauvaises raisons», ironise-t-il. En sera-t-il de même pour Tesla?