Les remarques du 26 août de Jerome Powell ont semblé terroriser les investisseurs. (Photo: Getty images)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Le 26 août, lors du Symposium annuel de la Réserve fédérale de Kansas City à Jackson Hole, dans l’État du Wyoming, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale (Fed) affirmait sans nuance que la banque centrale allait continuer d’augmenter les taux d’intérêt, et qu’ils vont probablement demeurer élevés pendant un bon moment.
Ces remarques de Powell la semaine dernière ont semblé terroriser les investisseurs, et ils ont certainement eu un effet nocif sur les indices boursiers. Durant les quatre séances qui ont suivi, le S&P 500 a cédé 5,8%.
Fallait-il s’en surprendre? Probablement pas, car le discours de Powell, bien qu’il n’a duré que 8 minutes était sans équivoque, et plusieurs ténors chez les banquiers centraux américains ont renforcé l’idée que les taux d’intérêt n’avaient pas fini de monter.
Ce fut le cas entre autres de John Williams, président de la Réserve fédérale de New York, qui confiait à CNBC qu’il était dans le camp de ceux qui veulent des taux d’intérêt plus hauts pour plus longtemps (higher for longer).
Spirale inflationiste
La hausse des prix des produits et services est ressenti par tous et justifie l’action des banques centrales d’augmenter rapidement les taux d’intérêt. Mais aussi, certains craignent que le resserrement du marché du travail ajoute de l’huile sur le feu.
De nombreux secteurs d’activités économiques manquent de personnel et le nombre de postes disponibles demeure excessivement élevé, explique Jimmy Jean, Économiste en chef chez Desjardins. Le résultat ne peut être qu’une hausse des salaires qui ajouterait aux craintes que l’inflation n’empire encore plus. « La demande intérieure devra ralentir de façon plus soutenue pour réellement peser sur la demande de travailleurs. Ce n’est qu’à ce moment que les dirigeants de la Fed pourront se montrer confiants que le risque d’une spirale inflationniste sera bel et bien écarté », dit l’économiste. Mais cela passe probablement par de nouvelles hausses de taux d’intérêt.
L’analyse technique
Depuis le sommet du 18 août, l’indice S&P 500 a reculé de 7,8%. Certains analystes techniques, dont Ron Meisels, président à Publications Phases & Cycles, n’ont pas été surpris de ce repli, car à cette date l’indice avait rejoint sa moyenne mobile de 200 jours après avoir gagné environ 14,5% en un peu plus d’un mois. Dans le jargon des analystes techniques, l’indice était alors «suracheté» et un repli temporaire allait être salutaire afin de corriger cette situation.
Mais voilà que les propos de Jerome Powell sont venus compliquer la chose. La correction rapide des deux dernières semaines ramène maintenant l’indice à un niveau stratégique, explique Ron Meisels. Une correction jusqu’à 4000-4100 points de l’indice S&P 500 était salutaire, mais il faudrait maintenant que ce niveau tienne le coup, selon lui.
En effet, la moyenne mobile de 50 jours se situe justement à 4000 points, et comme elle est le reflet de la tendance à moyen terme, elle ne doit pas être enfoncée, car l’indice risquerait alors de se retrouver rapidement à son creux de juin, soit autour de 3650-3700 points, croit Ron Meisels.