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Boussole boursière: les financières à la course aux dividendes

Jean Gagnon|Édition de la mi‑novembre 2021

Boussole boursière: les financières à la course aux dividendes

Les banques canadiennes divulgeront leurs résultats financiers du 3e trimestre de leur année financière 2022 dès la fin du mois de novembre. (Photo: Romeo Mocafico)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement récent ou prochain qui a marqué ou marquera l’évolution des marchés boursiers. Le texte expliquera l’événement et relatera son impact sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

À peine cinq mois après sa nomination à titre de surintendant des institutions financières, Peter Routledge, anciennement analyste du secteur bancaire pour le compte de la Banque Nationale, annonce la levée de l’interdiction de hausser les dividendes à laquelle étaient soumises les banques à charte canadiennes.

 

La récente montée du FNB XFN montre que les investisseurs s’attendent à ce que les financières relèvent leur dividende

Source: Phases & Cycles

 

Cette interdiction leur avait été imposée à l’hiver 2020, la pandémie de COVID-19 ayant ébranlé l’ensemble des marchés financiers et entraîné les actions des banques canadiennes dans une spirale à la baisse inquiétante.

Mais la situation a changé. La pandémie est sous contrôle, semble-t-il, ainsi que l’économie. Les pires craintes se sont dissipées, si bien qu’une reprise importante de l’économie est bien en place.

Les banques avaient été prévoyantes, bien surveillées qu’elles étaient par les régulateurs. Elles avaient mis de côté de fortes sommes pour parer à une avalanche de pertes sur prêts que l’effondrement de l’économie allait causer.

Évidemment, cela comportait un coût important, et leurs bénéfices ont chuté radicalement. Plus question, dans ces circonstances, de verser des dividendes aux actionnaires, avaient décrété les régulateurs.

Maintenant que les pires craintes sont derrière nous et que les pertes ne se sont pas réalisées, voici les banques en position de renverser toutes ces réserves, générant ainsi d’énormes bénéfices qu’elles peuvent retourner à leurs actionnaires sous forme de dividende.

 

Des hausses de dividendes

Le feront-elles ? Tout porte à croire que oui. Pourquoi garder tant de capitaux inutilisés dans les coffres, affectant ainsi les résultats trimestriels qui dictent souvent la performance boursière des titres, plutôt que de gagner la fidélité de ses investisseurs en leur retournant le capital sous forme de dividende et de rachat d’actions ? C’est ce que les banques canadiennes devraient annoncer lorsqu’elles commenceront à divulguer leurs résultats du troisième trimestre de leur année financière 2021 à la fin du mois.

Par ailleurs, attendons-nous à ce qu’elles le fassent graduellement et de façon ordonnée tout au long de l’année 2022, explique Jean Duguay, cochef des placements à Eterna Groupe financier. Les banques présenteront leurs résultats à partir du 30 novembre, et ceux-ci seront probablement conformes aux attentes, soit plutôt bons, croit Jean Duguay.

Mais comme ils en ont l’habitude, les dirigeants de banques agiront prudemment compte tenu des quelques nuages qui pointent à l’horizon. D’abord, des hausses de taux d’intérêt sont à prévoir dans un avenir pas trop lointain.

Mais aussi, l’inflation qui surgit depuis l’été pourrait devenir cause de soucis si elle ne se résorbait pas, du moins en partie, au cours des prochains mois.

De fait, ce qui inquiéterait les investisseurs, ce serait qu’une d’entre elles se démarque en haussant fortement son dividende, plaçant ainsi ses concurrentes dans une situation inconfortable, explique Jean Duguay. Mais cela est improbable, selon lui.

 

Qu’arrivera-t-il à la Bourse ?

Les bonnes performances du fonds négocié en Bourse iShares S&P/TSX Capped Financials Index (XFN, 50,14 $) et de la plupart des titres bancaires depuis deux mois laissent croire que les participants au marché ont anticipé la chose. «Des hausses de dividendes sont probablement déjà escomptées, du moins en partie, dans les cours actuels des actions des banques», dit Jean Duguay. Raison de plus de ne pas trop s’emballer avant de voir ce que les banques feront vraiment à partir de la fin du mois.

 

Le XFN, qu’est-ce que ça mange en hiver ?

Le XFN est un fonds négocié en Bourse (FNB) qui permet à l’investisseur d’acquérir par une seule transaction une exposition à l’ensemble des sociétés de grande capitalisation du secteur financier canadien.Le fonds, dont le graphique montre une appréciation de sa valeur d’environ 9 % depuis un mois, regroupe donc les banques et les sociétés d’assurance qui sont maintenant autorisées à hausser leurs dividendes, et qui, fort probablement, n’hésiteront pas à le faire.

L’objectif est de reproduire le rendement de l’indice S&P/TSX Capped Financials Index. Cet indice regroupe les grandes sociétés financières canadiennes, soit principalement les banques à charte et les assureurs. Les dix principaux titres qui composent actuellement le XFN sont les six grandes banques canadiennes, trois grandes sociétés d’assurance — soit Financière Manuvie (MFC, 24,92 $), Financière Sun Life (SLF, 70,40 $) et Intact Group financier (IFC, 169,25 $) —, ainsi que le groupe financier Brookfield Asset Management (BAM.A, 75,66 $). Ces titres comptent pour près de 90 % des actifs du fonds.

Parmi ces dix principaux titres, la Banque Royale (RY, 132,99 $) reçoit la plus forte pondération du fonds, soit 19,17 %, et Intact Groupe financier la plus petite, soit 3,03 %.