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Ce titre populaire est-il un refuge pour les investisseurs?

Les investigateurs financiers|Publié le 06 mars 2020

Ce titre populaire est-il un refuge pour les investisseurs?

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. La semaine dernière a été assez mouvementée sur les marchés. En 5 séances de négociation, le S&P 500 et le TSX ont reculé de 9,3% et 7,6% respectivement. Les transactions sur le TSX ont même été arrêtées brièvement. Tout cela s’est produit principalement à cause du coronavirus. Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes maintenant rendu à 100 720 cas dans le monde et 3 412 décès.

Notre point de vue sur le virus reste similaire à ce que nous avons écrit dans un article précédent. En tant que problème de santé, il doit être pris très au sérieux, mais pour les investisseurs à long terme, tout ceci sera bien vite oublié.

Un événement intéressant au cours de la dernière semaine a été la «ruée vers la sécurité», soit les bons du Trésor américain. Les obligations sur 10 ans sont passée d’un taux de 1,38% à 1,13% à mesure que les capitaux affluaient. Tout ceci illustre la nature à court terme des marchés, car en tant que véhicule d’investissement, nous pensons que les bons du Trésor américain à long terme sont peu sécuritaires. Voici pourquoi.

Pour débuter, la Réserve fédérale américaine vise un taux d’inflation de 2%. Entre la baisse de taux et la gestion de la masse monétaire, la Fed tente par tous les moyens d’atteindre cet objectif. Cela signifie que lorsqu’on achète des bons du Trésor à 1,13%, on est presque assuré de perdre son pouvoir d’achat sur une période de 10 ans.

Deuxièmement, en inversant le taux de trésorerie pour obtenir une estimation approximative d’un ratio cours/bénéfice (P/E), on obtient un instrument qui se négocie à 88 fois (100/1,13). À titre de comparaison, les médias financiers rapportent constamment que le S&P500 se négocie à des niveau trop élevés. Si le S&P 500 est trop cher à un P/E de 23 fois, le prix des bons du Trésor américain est alors astronomique! De plus, le dénominateur E pour les bons du Trésor se rapporte aux paiements d’intérêts qui sont fixes versus les bénéfices des sociétés du S&P 500 qui croissent constamment à travers le temps.

Comme si cela ne suffisait pas, l’entité qui émet cette dette, le gouvernement américain, a contracté pour 23 500 milliards de dollars. Cette dette représente 110% du PIB, ce qui est gérable, mais environ 1 000 milliards s’ajoutent à ce solde chaque année. Notons qu’il s’agit d’une donnée facilement quantifiable. Le solde de la dette en ce qui concerne les prestations médicales et sociales non financées affiche une valeur actuelle de plus de 100 000 milliards. Il est vrai que le gouvernement jouit de la capacité illimitée de taxer afin d’obtenir des fonds publics pour la rembourser, mais cela ne surviendra pas sans beaucoup de turbulences.

Au cours de la dernière semaine, lorsque les marchés brassaient, de nombreux participants ont trouvé refuge à travers les prêts d’une entité (le gouvernement américain) doté d’une gestion douteuse (blocage politique), d’énormes passifs (dettes et passifs non financés) et des pertes continuelles (déficit année après année).

Au contraire, nous trouvons la sécurité ailleurs, dans de grandes entreprises avec beaucoup d’argent en encaisse, une excellente gestion, et ce, à des prix raisonnables.

Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital