Onze blue chips européens ont un nouvel acronyme pour sortir de l'ombre des des titres américains FAAMG.
Les vedettes techno mieux connus sous l’acronyme FAAMG dominent la Bourse américaine et captent une part disproportionnée de l’attention des investisseurs, mais l’Europe n’est pas en reste avec son élite, les GRANOLAS.
C’est l’acronyme facile à retenir qu’attribue Goldman Sachs Group à une brochette de onze géants européens susceptibles de surpasser les marchés du Vieux Continent dans les années à venir.
En 2001, cette banque d’investissement avait créé l’acronyme BRIC pour donner une personnalité aux marchés émergents du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine.
Qui sont les élues? GlaxoSmithKline Plc, Roche Holding AG, ASML Holding NV, Nestle SA, Novartis AG, Novo Nordisk A/S, L’Oréal SA, LVMH, AstraZeneca Plc, SAP SE et Sanofi.
Ce nouveau sigle vise aussi à rappeler aux investisseurs que la Bourse européenne, l’indice STOXX 600, n’est plus dominé par quelques titans pétroliers et les grands fournisseurs de télécommunications, comme il y a 20 ans.
L’équipe de stratèges dirigée par Peter Oppenheimer et Guillaume Jaisson soutient que leurs attributs de qualité sont attrayants dans un marché où l’expansion des multiples d’évaluation jouera un moins grand rôle dans les rendements.
Le choc de la pandémie risque aussi de perturber les chaînes d’approvisionnement, de ralentir la demande pour les biens et la cadence de l’économie, de peser sur les prix et de garder les taux affaiblis pendant plus longtemps qu’on le croit.
«Nous croyons que dans le prochain cycle boursier, les leaders seront ceux qui génèrent une croissance peu volatile des bénéfices, qui versent des dividendes durables et qui présentent de bons bilan», soutiennent les financiers.
Profits et dividendes résilients
Individuellement, les GRANOLAS ne surpasseront pas nécessairement l’indice Stoxx 600, mais ensemble ils offrent de la qualité, renchérissent MM. Oppenheimer et Jaisson.
Les profits des GRANOLAS ont doublé depuis 2007 alors que ceux de l’indice STOXX 600 sont encore inférieurs à ceux du zénith de 2007.
Les profits du Stoxx 600 ne retrouveront pas le niveau qu’ils avaient en 2019 avant 2022 selon le consensus des analystes alors que les bénéfices des GRANOLAS devraient dépasser de 30% le sommet de 2019, d’ici deux ans.
Les onze sociétés procurent un dividende moyen de 2,5%, ce qui se compare avantageusement au rendement négatif de 0,5% des obligations allemandes de 10 ans.
Ces dividendes apparaissent durables puisqu’ils représentent la moitié des profits.
Les ratios du bilan sont aussi meilleurs que 75% des membres du Stoxx 600 à l’exception de Glaxosmithkline.
Leurs bénéfices fluctuent moins que la moyenne européenne en raison de la nature stable de leur industrie. Depuis de l’année, les prévisions de bénéfices des GRANOLAS ont baissé de 7% par rapport à la chute de 30% des estimés des sociétés de l’indice européen.
En Bourse, les GRANOLAS sont aussi 1,5 fois moins volatils que les FAAMG américains, signale aussi Goldman Sachs.
Voici comment les GRANOLAS se comparent aux FAAMG américains.
Une évaluation élitiste
Ces caractéristiques ne passent pas inaperçues en Bourse puisque ces titres s’échangent à un multiple de 20,6 fois les bénéfices prévus, soit 35% que l’évaluation de l’indice.
Ces titres dominent la Bourse européenne presque autant que les FAAMG américains. Les onze GRANOLAS comptent pour 24% du Stoxx 600 tandis que Facebook, Amazon, Apple, Microsoft et Alphabet-Google représentent 19% du S&P 500 américain.
Deux risques
Si l’économie, l’inflation et les taux restent modestes comme Goldman Sachs le prévoit, ces titres devraient bien faire.
C’est d’ailleurs le cas depuis le début de 2020. Les GRANOLAS surpassent le marché européen par 22%.
En revanche, si les investisseurs revenaient en force aux industries plus cycliques dans une reprise plus soutenue que prévu, ces blue chips pourraient perdre leur avance.
Et si les taux remontaient, ces titres pourraient aussi perdre la plus-value accordée à la pérennité de leurs bénéfices et de leurs dividendes.