Contrat fédéral: Bombardier veut un appel d’offres «transparent»
Denis Lalonde|Publié le 03 août 2023Si un appel d’offres «en bonne et due forme» est lancé, Éric Martel soutient qu’il se fera un plaisir d’ouvrir les portes des usines de Bombardier à un éventuel expert nommé par Ottawa pour évaluer les capacités techniques de l’avionneur. (Photo: Josée Lecomte)
Bombardier a plus que jamais l’œil sur le contrat du remplacement de la quarantaine d’avions militaires CP-Aurora du gouvernement canadien, dont les retombées sont évaluées à 5,2 milliards de dollars.
En marge de la publication des résultats financiers du second trimestre de l’avionneur québécois, le président et chef de la direction de l’entreprise, Éric Martel, a affirmé qu’il souhaitait un appel d’offres «éthique et transparent» pour le contrat aéronef multimission canadien (AMC) du ministère de la Défense du Canada.
Lire aussi — Bombardier: réduction de la perte nette et hausse des revenus au 2T
«Du côté de la défense, on fait beaucoup de travail dans les dernières semaines. On a entendu que notre solution n’était pas compatible avec les Alliés, qu’on ne serait pas capables de livrer à temps et on a questionné nos capacités techniques. On a pris des notes. Les systèmes de nouvelle génération de General Dynamics sont déjà utilisés, alors il est très clair pour nous que nos systèmes seraient compatibles», a affirmé Éric Martel.
Rappelons que Bombardier Défense a annoncé en mai dernier une association avec General Dynamics Mission Systems-Canada pour proposer des avions multimissions et de lutte anti-sous-marine qui répondront aux exigences du gouvernement du Canada pour le programme AMC.
Revenant sur les capacités techniques de Bombardier, le dirigeant soutient que son équipe et lui n’ont encore rencontré personne à Ottawa qui a les compétences pour les évaluer. «C’est un métier qu’on fait depuis longtemps, modifier les structures et l’aérodynamisme de nos appareils. Nous avons 500 avions qui volent dans le monde, qui ont été modifiés pour toutes sortes d’applications. Ce n’est pas la première fois qu’on le ferait. On est 200% certains qu’on serait capables de le faire», dit-il.
Si un appel d’offres «en bonne et due forme» est lancé, Éric Martel soutient qu’il se fera un plaisir d’ouvrir les portes des usines de Bombardier à un éventuel expert nommé par Ottawa pour évaluer les capacités techniques de l’avionneur.
«On souhaite un processus d’appel d’offres qui respecte les lois canadiennes. On s’attend à un processus éthique et transparent pour la population et les payeurs de taxes canadiens. J’espère que nos leaders à Ottawa vont prendre ce chemin-là. On serait fiers, avec nos 31 000 employés à travers le Canada en incluant nos fournisseurs, de fabriquer une solution canadienne pour défendre notre pays», ajoute-t-il.
Le dirigeant précise que Bombardier n’aurait aucune difficulté à respecter l’échéancier mis en place par Ottawa, qui souhaite que les nouveaux appareils entrent en service en 2032. «On pourrait livrer avant. En ce moment, le fédéral investit deux milliards de dollars pour allonger la durée de vie des appareils CP-Aurora jusqu’en 2032», précise-t-il.
En plus des discussions avec le fédéral, la direction de Bombardier soutient qu’elle pourrait obtenir d’autres commandes militaires en seconde moitié d’année. «Nous avons annoncé le 19 juillet la livraison d’un appareil à la Force aérienne suédoise (un Global 60000 dans le cadre du programme GlobalEye) et nous avons d’autres dossiers confidentiels qui avancent aux États-Unis, en Europe, et on le souhaite aussi au Canada», dit-il.
Lire aussi: Bombardier: les 12 travaux d’Éric Martel
Un carnet de commandes stable
Bombardier a livré 51 appareils durant la première moitié de l’exercice, sur un objectif de plus de 138. Il en reste donc 87 à livrer d’ici décembre pour atteindre la cible.
Éric Martel est confiant que la société pourra augmenter la cadence de livraison en seconde moitié d’année. «La plupart des appareils ont déjà leurs pièces et sont à Montréal pour tous les travaux à l’intérieur. Nous fabriquons ces pièces nous-mêmes alors c’est une partie qu’on contrôle», dit-il.
Malgré la hausse prévue des livraisons, le dirigeant ne s’attend pas à une diminution du ratio nouvelles commandes/livraisons. S’il prévoit des commandes en défense, les opérateurs de flottes devraient aussi contribuer pour que le ratio reste près de 1/1.
Bombardier constate que l’intérêt pour ses avions reste vigoureux du côté des entreprises du Fortune 500 aux États-Unis, de même que dans les régions Asie-Pacifique et du Proche-Orient, sans oublier les opérateurs de flottes. «Pour les opérateurs de flottes, les heures de vol des appareils de Bombardier sont 51% plus élevées qu’elles ne l’étaient à la même période en 2019, et 14% plus élevées qu’il y a un an. C’est une augmentation impressionnante», dit-il.
De tels chiffres signifient selon lui que les entreprises auront davantage besoin de la division des services après-vente de Bombardier, dont l’objectif est de générer des revenus de plus de 500 millions de dollars (M$) par trimestre en 2025, pour un total de 2 milliards de dollars sur l’ensemble de l’exercice.
Au second trimestre, les revenus de cette division ont été de 428M$, en hausse de 19% sur un an.
Éric Martel dit également voir une augmentation des revenus provenant du Programme d’avions d’occasion certifiés de Bombardier. Avec ce programme, Bombardier achète des appareils usagés, effectue des mises à niveau et les revend sur le marché secondaire.
Pas de retour du dividende à court terme
Le PDG de Bombardier a également affirmé qu’il ne voyait pas de retour du dividende à court terme, précisant que l’entreprise avait encore des dettes à rembourser. «Quand on générera 900M$ de liquidités par année, ce qui est prévu dès 2025, on aura beaucoup d’options devant nous pour déployer ce capital», dit-il.
Cela pourrait inclure le retour du dividende, mais aussi des acquisitions ou le développement de nouveaux programmes.