Les appels de la part de clients inquiets mettent un analyste sur deux pistes.
Le recul de 4,3% de Dollarama en début d’après-midi laisse plus d’un analyste perplexe surtout que le S&P/TSX est stable.
En fait, le titre de Dollarama (DOL, 41,73$) a perdu jusqu’à 6% à 10h15 selon TMX Argent avant de reprendre un peu de tonus. Cinq fois plus d’actions ont changé de mains que la moyenne, soit 1,47 millions.
Ce repli survient au moment où le détaillant d’articles à petit prix annonce une première émission américaine de papier commercial de 500 millions de dollars américains, mais Patricia Baker de Banque Scotia n’y voit aucun lien.
Aux yeux de l’analyste Aniki-Saha Yannopoulos de S&P Global, l’émission de papier commercial aux États-Unis est une pratique courante pour les entreprises canadiennes qui sert à diversifier les sources de financement à court terme. Elle accorde une cote élevée de A+ au papier commercial émis par Dollarama alors que la cote la plus élevée de l’agence pour ce type de dette est de A1.
«Des entreprises telles que Rogers Communications s’en prévalent depuis des années, en plus d’émissions de titres de dettes à plus long terme. Le détaillant Canadian Tire accède aussi au marché américain du papier commercial américain pour financer ses besoins courants», dit-elle en entrevue.
Interrogé par ses propres clients, Chris Li, de Desjardins Marchés des capitaux, avance deux explications possible au recul du titre, sans y accorder trop d’importance.
«Si l’on se fie aux questions posées par les investisseurs qui nous ont contacté, les inquiétudes tournent autour de l’impact du coronavirus sur la chaîne d’approvisionnement», écrit l’analyste, dans une courte note.
Aussi, les investisseurs se tracassent peut-être d’une nouvelle intensification de la concurrence après le dévoilement par Walmart Canada d’une hausse de 2,7% du nombre de transactions, mais d’une baisse de 2,1% de la facture moyenne, au quatrième trimestre.
En ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement, l’analyste indique que Dollarama dispose de deux ou trois mois de marchandises en stocks pour satisfaire la demande. Pour les produits saisonniers, les stocks suffisent pour 6 à 9 mois.
Pour les produits de consommation courante, Dollarama s’approvisionne en Amérique du Nord, dit-il.
Si les perturbations se prolongeaient, le commerçant pourrait s’approvisionner ailleurs qu’en Chine, avance M. Li.
Les coûts du détaillant augmenteraient, mais il est trop tôt pour les évaluer.
«En un mot, l’impact serait limité à court terme. Tous les détaillants sont aussi dans le même bateau», ajoute-t-il.
M. Li prend tout le même la peine de quantifier à 0,05$ par action l’effet d’une contraction potentielle de 50 points de pourcentage de la marge brute.
Si la marge brute rétrécissait de 0,5%, ses prévisions de bénéfices passeraient de 2,01 à 1,96$. Le taux de croissance diminuerait ainsi de 14 à 9%.
Il appose ensuite un multiple de 21,7 fois à ce manque à gagner, ce qui équivaut à 2$ par action, soit un cours cible «révisé» de 40 à 41$.
Ce multiple correspond à l’évaluation du plus proche semblable, Dollar General (DG, 161,81$US).
Chaque point de multiple équivaut à 2$ par action de Dollarana, précise-t-il.
L’analyste rappelle aussi que le multiple de Dollarama est tombé à une fourchette de 17 à 18 fois lorsque ses ventes par magasins comparables ont ralenti en 2018. Il considère toutefois que les conditions concurrentielles et que les perspectives de bénéfices se sont améliorées depuis 2018.
Jugeant que les nouvelles inquiétudes ne changent pas le parcours de la société, M. Li recommande toujours de conserver le titre et ne touche pas à son cours-cible de 47$.