Exfo: un analyste se prononce sur l’offre de 160 M$ du fondateur
Dominique Beauchamp|Publié le 07 juin 2021Exfo s'est historiquement échangé au rabais par rapport à son groupe repère (Source: Canaccord Genuity)
Vingt et un ans après son entrée en Bourse en pleine fièvre techno, le fondateur et actionnaire majoritaire d’Exfo, Germain Lamonde, offre d’en fermer le capital pour 7,24$ par action.
Le prix offert pour Exfo (EXF, 7,16$) représente une plus-value de 63% par rapport au cours du titre, mais la transaction de 160,1 M$ est inférieure à ce que le spécialiste de la surveillance des réseaux de télécommunications avait récolté en juin 2000, soit 250 M$ à 38$ chacune.
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L’action avait grimpé de 38% à sa première séance le 30 juin 2000 et avait ensuite touché un zénith de 97 $ CA, le 9 juillet 2000 en pleine euphorie internet.
Robert Young, de Canaccord Genuity, juge que l’offre est attrayante pour les actionnaires puisque le fondateur offre 13 fois le bénéfice d’exploitation qu’il prévoit dans 12 mois par rapport aux multiples historiques de 5 à 9 fois auxquels Exfo s’est échangé. Le titre ne s’est pas négocié à plus de 7,24$ depuis 2012.
L’offre dépasse l’évaluation de ses plus proches semblables dans le domaine des solutions de test, de monitorage et d’analyse destinées aux opérateurs de réseaux fixes et mobiles, aux fournisseurs de services web et aux fabricants d’équipements de télécommunications que sont Lumentum Holdings (LITE, 80,90 $US), NetScout Systems (NTCT, 30,01$ US), Viavi Solutions (VIAV, 17,33$ US) et Cisco (CSCO, 53,92 $US).
Sa plus proche rivale, Viavi s’échange à un multiple de 14,4 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2021, mais cette dernière est plus rentable avec une marge d’exploitation de 24% en 2021 par rapport à celle de 7% pour Exfo. En revanche, le rebond prévu de 12% des revenus d’Exfo sera plus élevé que la croissance de 4% de ceux de Viavi puisqu’elle avait mieux fait en 2020 à ce chapitre.
Manque de constance et marges décevantes
Exfo s’est toujours échangée au rabais par rapport à ses semblables, explique l’analyste, parce que ses revenus dépendent de grands clients de télécommunications. «La société s’est toujours débattue pour rencontrer son propre objectif de marges de 15%», ajoute-t-il. La société a aussi souvent raté les prévisions en raison de l’inconstance des revenus, ajoute-t-il.
De plus, très peu d’actions se négocient, une moyenne quotidienne de 25 000, note Robert Young.
Enfin, la structure de l’actionnariat qui accorde 93,5% des droits de vote à Germain Lamonde s’avérait aussi un irritant.
Ceci dit, la «performance de la société s’améliore» et elle est «bien positionnée pour profiter de la demande accrue pour la connectivité, du déploiement du 5G et de son incursion dans les centres de données et les fournisseurs infonuagiques de grande capacité.
Exfo aurait pu attirer des acquéreurs stratégiques en raison de la valeur attrayante de son titre, indique Robert Young, mais en tant qu’actionnaire majoritaire Germain Lalonde a le dernier mot et désire préserver le siège social de la société à Québec.
L’analyste énumère une longue liste de prétendants potentiels, tels que Ericsson, Nokia, Cisco, Viavi, Netscout, Anritsu et Rhode& Shwartz.