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FNB: trois idées d’experts pour un contexte incertain

Stéphane Rolland|Publié le 22 novembre 2019

Ils n'anticipent pas de récession, mais prône la prudence.

Bien qu’ils ne voient pas de récession imminente, les experts de quatre institutions financières ont mis de l’avant des choix de placements prudents, dans le cadre du Forum économique des FNB BMO tenu à Montréal jeudi.

«Nous ne voyons pas de récession dans notre scénario, mais on ne peut pas ignorer tous les risques qui pourraient en entraîner une, commente Jennifer Lee, économiste principale chez BMO Marchés des capitaux. Pour le moment, les consommateurs sont encore en forme, le marché de l’emploi se porte bien et les taux d’intérêt restent bas.»

L’économiste faisait ce commentaire durant l’évènement destiné aux gestionnaires de portefeuille qui œuvrent auprès de clients fortunés ou dans le secteur institutionnel. Des experts de la Banque Nationale, de Marchés mondiaux CIBC et de Valeurs mobilières TD faisaient aussi partie des participants.

Royce Mendes, économiste principal de Marchés mondiaux CIBC, partage l’avis de Mme Lee en ce qui concerne la vigueur du consommateur américain. Il reconnaît que le secteur manufacturier ralentit, mais il souligne qu’il s’agit d’une petite portion de l’économie par rapport à la consommation.

Il ajoute que les ménages canadiens, plus endettés, se trouvent dans une position moins enviable. Par contre, l’économiste juge que le Canada est à l’abri d’une récession tant que l’économie de son puissant voisin continue de croître. «Depuis 1951, le Canada n’a jamais connu une récession sans qu’il y en ait une aux États-Unis, ajoute-t-il. Nous pensons qu’il n’y en aura pas si les États-Unis sont toujours en mesure de soutenir la demande pour les exportations canadiennes.»

M. Mendes conclut son propos sur une note optimiste en émettant l’hypothèse qu’on soit davantage en milieu de cycle qu’à la fin. «Si l’économie passe au travers de 2020, nous pensons qu’il est possible qu’on assiste à une nouvelle accélération en 2021.»

Dans ce contexte volatil et de croissance, voici trois des thématiques d’investissement qui ont été présentées par les panélistes.

1. La faible volatilité et la qualité parmi les thèmes favoris

Dans un contexte économique volatile, Alfred Lee, stratège FNB de la BMO, favorise les thématiques «faible volatilité» et «qualité» dans ses FNB d’actions favoris.

«Quand on regarde les fondamentaux sur un horizon de 18 mois, ils ont l’air relativement sains dans l’ensemble, affirme M. Lee. Par contre certains évènements comme le Brexit, la guerre commerciale ou les Tweet du président Trump peuvent avoir des effets imprévisibles sur le marché, que ce soit positif ou négatif. Dans ce contexte, il sera important de gérer la volatilité, car vous voulez quand même rester exposés aux actions.»

Le stratège présente le FNB BMO d’actions canadiennes à faible volatilité (ZLB, 34,91 $) comme l’un de ses favoris. Deux autres panélistes d’autres institutions ont également choisi ce dernier parmi leurs favoris.

M. Lee dit aussi aimer le thème des titres de la qualité. Plus précisément, on parle de titres qui ont une croissance constante de leur bénéfice d’une année à l’autre, qui ont un bon rendement sur le capital investi et qui ont un bilan sain. Parmi ses choix, il a présenté deux FNB de BMO l’un pour l’Europe (ZEQ, 23,09$) et l’autre pour les États-Unis (ZUQ, 40,98 $). Dans le même ordre d’idée, Andres Rincon, directeur Stratégie de FNB et de produits dérivés chez Valeurs mobilières TD, aime le iShares Core MSCI Global Quality Dividende (XDG, 21,71$).

2. L’argent liquide est «roi»

Dans les portefeuilles modèles de Valeurs mobilières TD, la firme alloue une pondération d’environ 10% aux liquidités, dévoile Chris Dutton, son directeur de la recherche sur les actions.

L’idée de conserver d’importantes liquidités est parfois critiquée, car cette portion du portefeuille procure de faibles rendements et est vulnérable à l’inflation à long terme. M. Dutton défend que le coût d’opportunité de conserver des liquidités ne soit plus si élevé dans le contexte actuel. «Vous ne passez pas à côté de beaucoup de distribution de la part des obligations», explique-t-il.

Par contre, les liquidités ont l’avantage de réduire la volatilité d’un portefeuille et offrent la flexibilité de saisir les occasions lors de correction, défend-il. «Il est parfois difficile de vendre un titre pour en acheter un autre, car la fiscalité peut entrer en ligne de compte. En ayant des liquidités, vous pouvez agir rapidement. Nous pensons qu’il y aura beaucoup de possibilités de déployer de l’argent en raison de la volatilité dans la prochaine année.»

L’expert de Valeurs mobilières TD a identifié FNB BMO à obligations très court terme (ZST, 52,72 X$) comme une manière de faire fructifier son argent en patientant. Mentionnons toutefois que pour l’investisseur autonome les frais de courtage pourraient réduire l’attrait de ce produit très prudent à rendement modeste, s’il y investit une petite somme.

3. Comment jouer la valeur refuge de l’or

L’or a connu un rebond de près de 10% cette année, tandis que les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ont poussé les investisseurs vers cette valeur refuge.

Une résolution des tensions commerciales entre les deux puissances économiques pourrait être défavorable au métal précieux, reconnaît Royce Mendes, économiste principal chez Marchés mondiaux CIBC. Il note cependant que l’or est libellé en dollars américains et que la devise, une autre valeur refuge, pourrait, elle aussi, se déprécier, ce qui viendrait réduire les effets négatifs pour l’or.

De plus, il note que les banques centrales ont augmenté leurs réserves d’or et il juge qu’il s’agit d’une tendance structurelle. «Je ne dis pas que l’or va continuer de monter, nuance-t-il. Je dis : “ne soyez pas surpris s’il profite d’un plus grand soutien que vous ne le pensiez si les tensions commerciales se dissipent ” ».

Son collègue, Zachary Schiller, directeur général-services des FNB institutionnels chez Marchés mondiaux CIBC, juge que les investisseurs devraient opter pour un FNB détenant physiquement le métal plutôt qu’un qui y investirait indirectement par le biais de produits dérivés. Son favori est le Fonds de lingots d’or Purpose (Kilo, 23,18 $).

M. Schiller préfère l’or aux minières, car les minières viennent avec un risque lié aux actions. L’or offre une meilleure diversification si on veut réduire le risque lié aux marchés boursiers, selon lui. «Il a beaucoup d’effet de levier du côté des aurifères, ce qui apporte une couche de volatilité supplémentaire».

Ensuite, il préfère détenir l’or physiquement, car il s’agit d’une méthode plus simple et moins à risque de distorsions qu’en détenant un fonds investi dans les contrats à terme.