Ford ne donne pas de chiffre, énumérant en revanche une kyrielle de facteurs pouvant contrarier ses ambitions.
Ford (F), en pleine restructuration, a refroidi mercredi les marchés en disant s’attendre à une perte nette trimestrielle de 112 millions de dollars due à des déconvenues en Chine et en Europe, au lendemain de l’annonce d’une alliance « mondiale » avec Volkswagen (VOW3).
Le pessimisme de la marque à l’ovale bleu tranche avec l’optimisme affiché par son grand rival General Motors (GM), qui a indiqué la semaine dernière viser de gros bénéfices pour 2018 et 2019.
Pour l’année en cours, le producteur de la Fusion et de la Taurus se contente de dire qu’il espère améliorer sa performance financière malgré une stagnation des ventes de voitures attendues aux États-Unis et un déclin en Chine, les deux premiers marchés mondiaux.
Il ne donne pas de chiffre, énumérant en revanche une kyrielle de facteurs pouvant contrarier ses ambitions : le Brexit, les tarifs douaniers, les fluctuations des devises, les négociations sur les revalorisations salariales en cours avec le principal syndical américain de l’automobile, UAW, et la santé des économies européenne et chinoise.
« Pour 2019, nous entrevoyons une amélioration du chiffre d’affaires de l’entreprise, du bénéfice opérationnel et de la trésorerie disponible », déclare Bob Shanks, le directeur financier, dans un communiqué.
À Wall Street, cette absence de détails semblait frustrer particulièrement les investisseurs qui y voyaient un manque de visibilité : l’action perdait près de 1,5 % lors des premiers échanges en bourse.
L’absence de chiffres « va conduire à des estimations et des attentes contradictoires », regrette dans une note Joseph Spak, analyste au cabinet RBC Capital Markets.
« Ceci pourrait ajouter à la difficulté qu’a Ford de gagner la confiance du marché sur son plan de relance », ajoute-t-il.
Si le deuxième constructeur américain est dans le rouge lors des trois derniers mois, il dégagera néanmoins un bénéfice une fois exclues les charges liées à sa cure d’austérité en Amérique du Nord et en Europe.
Le bénéfice par action ajusté, référence à Wall Street, devrait ressortir à 30 cents lors de cette période. C’est moins que les 32 cents anticipés actuellement par les marchés.
Sur l’ensemble de l’année 2018, Ford sera bénéficiaire, mais son profit net sera divisé par plus de deux comparativement à 2017, à 3,7 milliards de dollars.
Ce résultat devrait se traduire par un bénéfice par action ajusté de 1,30 dollar, en ligne avec sa prévision livrée en octobre, qui était de 1,30 à 1,50 dollar.
Des économies à venir en Chine
La marge opérationnelle en 2018 devrait passer de 6,1 % en 2017 à 4,4 % un an plus tard, selon ces résultats préliminaires. Ford annoncera ses résultats définitifs le 23 janvier.
À l’exception de la Mustang, Ford a décidé en avril dernier de ne plus produire de voitures compactes (berlines et citadines) aux États-Unis à partir de 2020 et va supprimer des milliers d’emplois afin d’économiser 11 milliards de dollars.
Il a également annoncé la semaine dernière une cure d’austérité comprenant des suppressions d’emplois non encore chiffrées en Europe où il perd de l’argent depuis près d’une décennie.
Mercredi, le constructeur n’a pas donné de nouveaux détails sur l’impact social de toutes ces mesures, ajoutant simplement qu’il allait également engager une cure d’amaigrissement en Chine et en Amérique du Sud, régions où il va revoir son portefeuille.
Il entend introduire de nouveaux modèles et mise beaucoup sur ses VUS (Explorer), et ses pickups, notamment le pickup Ford Ranger et surtout le pickup F-150, qui reste la voiture la plus vendue aux États-Unis.
Les résultats préliminaires 2018 tombent au lendemain de l’annonce d’une alliance « mondiale » avec l’allemand Volkswagen prévoyant la production de fourgons, utilitaires et pickups commerciaux en commun à partir de 2022.
Les deux constructeurs envisagent de réduire leurs coûts de développement et optimiser leurs usines, ce qui pourrait aider Ford à maintenir une présence forte en Europe.
Ils réfléchissent en outre à un partenariat dans les voitures autonomes et électriques, considérées comme l’avenir de l’automobile avec l’autopartage et le covoiturage.