Ces gros profits ont propulsé les actions des deux établissements à Wall Street.
Goldman Sachs (GS) et Bank of America (MER-K) ont redonné le sourire mercredi aux marchés, sensibles à la santé du courtage et à l’appétit des ménages américains pour les crédits à la consommation sur fond de remontée des taux d’intérêt aux États-Unis.
Goldman Sachs a renoué avec les bénéfices au quatrième trimestre 2018, affichant un résultat net de 2,32 milliards de dollars contre une perte nette de 2,14 milliards à la même période un an plus tôt.
De son côté, Bank of America, deuxième banque du pays par ses actifs, a plus que triplé son bénéfice trimestriel à 7,04 milliards de dollars.
Ces gros profits ont propulsé les actions des deux établissements à Wall Street, le titre Goldman Sachs flambant de 7,20 % vers 11H15, soit sa meilleure performance journalière depuis de nombreuses années. L’action Bank of America gagnait pour sa part 7,14 %.
Le bond de 56 % des commissions engrangées par les banquiers d’affaires qui conseillent les entreprises dans leurs opérations de fusions et acquisitions a particulièrement gonflé les bénéfices de Goldman Sachs, ce qui a permis de compenser la chute de 18 % des recettes générées par le courtage des produits financiers liés aux obligations, devises et matières premières (FICC).
Ce tableau est le miroir de la nouvelle dynamique au sein de la firme dirigée depuis le 1er octobre par le banquier d’affaires David Solomon, qui a remplacé l’ancien courtier Lloyd Blankfein.
M. Solomon, DJ à ses heures perdues, essaie d’impulser une nouvelle stratégie dont le moteur est de réduire la dépendance de la banque aux activités spéculatives. Il a engagé un examen des activités dont il a promis des conclusions dans les prochains mois.
Goldman s’excuse auprès des Malaisiens
En attendant, il a commencé à imprimer formellement sa marque : Goldman Sachs a par exemple rompu mercredi avec son traditionnel bref communiqué de résultats pour fournir un document garni, détaillant sa performance.
M. Solomon a personnellement participé à la conférence téléphonique de présentation des résultats et donné des déclarations sur les perspectives de l’activité. Son prédécesseur ne s’adonnait pas à cet exercice, laissant cette tâche à ses lieutenants.
Bank of America a tiré pour sa part profit de la confiance des ménages américains en la bonne santé de l’économie, peu ébranlée par la paralysie du gouvernement (« shutdown ») qui se profilait alors.
« Des actifs solides et une augmentation des crédits et des dépôts ont dopé les résultats trimestriels », a souligné Brian Moynihan, le PDG.
Les crédits sollicités et accordés aux ménages ont augmenté de 5 %, tandis que les dépôts affichent une progression de 3 %. Les défaillances des emprunteurs ont également diminué, les provisions de la firme passant de 1 milliard de dollars à 905 millions de dollars sur un an.
Ces données n’étaient pas attendues car la remontée des taux d’intérêt aux États-Unis menaçait de miner le moral des consommateurs, ce qui est de nature à affecter les marges bénéficiaires des banques.
Outre les taux, Goldman Sachs est cernée par des affaires dont la plus dangereuse est un vaste scandale de détournements de plusieurs milliards de dollars du fonds souverain malaisien 1MDB, qui a fait chuter son action de plus d’un tiers en Bourse l’an dernier.
La firme est accusée par le ministère américain de la Justice (DoJ) d’avoir a encaissé des commissions d’environ 600 millions de dollars lors d’émissions obligataires de 6,5 milliards de dollars de 1MDB qu’elle a supervisées entre 2012 et 2013.
« Nous présentons nos excuses auprès du peuple malaisien », a déclaré mercredi David Solomon, ajoutant que la Malaisie avait été « dupée par plusieurs individus », dont des « responsables de haut rang ».
Il a également rejeté la faute sur Tim Leissner, ancien dirigeant de Goldman Sachs en Asie qui a plaidé coupable l’an dernier pour conspiration et blanchiment d’argent dans ce scandale.
La banque a étoffé ses réserves destinées à solder les litiges et pourrait écoper d’une amende aux alentours de 2 milliards de dollars dans cette affaire.
Elle a inscrit une charge de 516 millions de dollars dans ses comptes trimestriels contre 9 millions il y a encore un an. Les négociations sont en cours avec des régulateurs, dont le DoJ, tandis que le nouveau gouvernement malaisien demande réparation.
« Il est sûr que cette affaire a fait des dégâts sur notre réputation », a admis David Solomon.