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Le lunetier New Look repasse à l’offensive

Dominique Beauchamp|Publié le 21 mars 2019

New Look est prête à acquérir à nouveau, maintenant que le réseau des 150 lunetteries Iris a été intégré.

Les résultats de lunetterie Groupe Vision New Look n’ont pas été à la hauteur de certaines attentes, mais les investisseurs se projettent vers l’avenir.

L’action de New Look (BCI, 32,39$) s’est en effet appréciée de 4,5% depuis cinq séances en dépit de ventes par magasins comparables décevantes, pour un deuxième trimestre consécutif.

Au dernier trimestre de de 2018, ces ventes ont crû d’à peine 0,8% alors que Martin Landry de GMP Valeurs mobilières avait prévu une hausse de 1%.

« La progression de 1,4% de ces ventes en 2018 est la plus faible en cinq ans »

 

Le marchand a recruté assez de nouveaux diplômés en optométrie pour remplacer les départs à la retraite. Ce décalage avait freiné sa croissance depuis quelque temps.

M. Landry s’attend à une amélioration de la croissance interne, mais ne peut s’empêcher de craindre que le commerce en ligne devienne un frein à la performance de New Look.

L’analyste considère donc que le titre est pleinement évalué, au cours actuel.

Après tout, l’action du principal détaillant de l’optique au pays s’échange à un généreux multiple de 23,4 fois le bénéfice de 1,38$ par action qu’il prévoit en 2020.

Il ne touche pas à son cours cible de 35$ et recommande de conserver le titre.

Même s’il hausse son cours cible de 34 à 35$ en fonction des prévisions pour 2020, Zachary Evershed, de la Financière Banque Nationale, ne recommande pas non plus l’achat au cours actuel non plus.

«Nous préférons attendre un meilleur point d’entrée», écrit-il.

Pourquoi le titre s’apprécie-t-il quand même?

Outre le fait que la hausse de 5% des revenus totaux et de 8% du bénéfice d’exploitation aient plu, le détaillant semble passer à l’offensive.

Maintenant que New Look a achevé l’intégration de l’achat record d’Iris et que sa dette a diminué, le marchand est prêt à passer à l’action. 

Le recrutement d’un vice-président principal multicanal, en Jean-Michel Maltais, indique aussi que le détaillant veut mettre sa stratégie numérique à niveau afin de protéger son avantage concurrentiel.

Ayant surtout œuvré en Grande-Bretagne depuis 20 ans, le diplômé en génie électrique l’Université Laval, est un spécialiste du marketing et des technologies de vente multicanaux.

«Je crois fermement que les fonctions de marketing et de technologie doivent être combinées», a expliqué Antoine Amiel, le président et chef de la direction, lors de la téléconférence.

M. Maltais élaborera la stratégie numérique et veillera au déploiement d’outils numériques. À plus court terme, M. Amiel lui confie deux missions. La première concerne l’implantation dans les 373 magasins d’un système commun de gestion aux points de vente, et d’un deuxième réseau numérique de dossiers-patients.

La deuxième mission vise l’optimisation des stratégies de marketing à l’aide de l’analyse plus poussée des données sur les ventes et les clients.

M. Amiel a aussi été clair: «Nous sommes arrivés au bout de notre plan d’action de six ans. Après avoir mis l’accent sur l’intégration et les synergies d’acquisitions, Vision New Look et prête à prendre le chemin de la consolidation du marché de l’optique canadien».

Tout est sur la table que ce soit le recrutement d’optométristes individuels, l’achat de magasins uniques ou de chaînes de lunettiers.

«La qualité des optométristes en place et de leurs patients est importante tout comme le positionnement concurrentiel dans le marché en question», a indiqué M. Amiel en réponse à un analyste.

Relisez New Look lorgne le luxe au sud de la frontière

New Look dispose d’au moins 37,3 millions de dollars pour acquérir, soit l’encaisse de 10,6M$ et la portion inutilisée de 26,7M$ d’un prêt renouvelable.

Lennox Gibbs, de TD Valeurs mobilières est plus optimiste que ses deux collègues, avec un cours cible de 40$.

New Look n’a pas encore capté toutes les synergies prévues de 4M$ de l’intégration d’Iris.

Le groupe a diminué le coût des matériaux en proportion des ventes grâce à la mise en commun de l’achat des lentilles brutes et la prise en charge du traitement des lentilles dans les laboratoires de New Look.

Le partage des meilleures pratiques de mise en marché, de services partagés et de l’exploitation en magasin reste à venir, dit-il.

M. Gibbs croit aussi que le modèle d’affaires d’Iris, qui repose sur les optométristes au lieu des lunettiers, aidera New Look à attirer d’autres professionnels de la vue à son réseau.

Son modèle prévoit que les acquisitions de 2019 ajouteront 15,8 M$ aux revenus.

Son cours cible de 40$ accorde au titre un multiple élevé de 12 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2020, une évaluation supérieure à celle du géant italien Luxottica (LUX).

New Look a donc de nouvelles attentes à satisfaire pour mériter son évaluation et s’apprécier davantage.

Son cours est inférieur à celui de 33,95$ qu’il avait à l’annonce des 150 magasins d’Iris, en juillet 2017. Pourtant Iris a accru le nombre de magasins de 62% et ajouté 23% aux revenus.

Comment est-ce possible? Son multiple d’évaluation s’est comprimé de 29 fois les bénéfices prévus, en mai 2018, à 25,5 fois.

Le retour des acquisitions pourrait raviver l’intérêt des investisseurs pour le titre.

New Look est en mode relance comme plusieurs autres sociétés québécoises qui ont trébuché de leur piédestal boursier, l’an dernier.

Découvrez cinq autres plans de relance dans notre édition du 23 mars.