L'espoir que l'examen stratégique mène à une mise en vente de l'entreprise s'évapore pour l'instant.
Les espoirs de voir Technologies interactives Mediagrif se mettre en valeur après un examen stratégique s’évanouissent.
À l’ouverture, l’action de Mediagrif (MDF, 8,25$) a plongé de 17% à un nouveau plancher annuel de 7,80$, au lendemain de la vente à perte du site d’annonces classées LesPAC.
Le titre a réduit sa chute à 12%, à mi-séance.
Trader acquiert LesPAC pour 19 millions de dollars (1,7 fois les ventes) alors que Mediagrif avait payé Pages Jaunes (Y, 8,23$) 72,5M$ en 2011 (5,8 fois les ventes) pour l’acheter.
LesPAC décroît depuis des années, note Nick d’Agostino, de Banque Laurentienne Valeurs mobilières.
À son achat en 2011, les revenus étaient de 13,4M$. Ils sont aujourd’hui estimés à 10M$. Au plus récent quatrième trimestre, ses revenus ont baissé de 10%.
Les sites d’emplois et de rencontres Jobboom et Réseau Contact, acquis au fort prix de 65 M$ de Québecor Media en mai 2013, sont aussi à vendre. Les revenus de ces deux sites ont plongé de 18% chacun au quatrième trimestre.
Brian Pow, d’Acumen Capital, estime que Mediagrif en obtiendra 6 millions de dollars, plus de dix fois moins.
La société de Longueuil a inscrit une charge de dévaluation après impôts de 35M$, soit 28% de sa valeur boursière rétrécie à 125M$.
Après une revue de ses activités a cours des derniers mois, Mediagrif se recentre sur ses sites transactionnels pour entreprises tels InterTrade, Merx, Bidnet et le fournisseur de solutions de commerce électronique Orckestra.
«Nos solutions de gestion des approvisionnements et de commerce unifié offrent un fort potentiel de croissance», a déclaré par voie de communiqué le nouveau président par intérim Paul Bourque.
Les résultats du quatrième trimestre ont aussi déçu malgré la hausse de 1,6% du chiffre d’affaires à 20,8M$.
M. Agostino signale le recul de 28,2 à 24,1% de la marge d’exploitation. Mediagrif pointe du doigt la hausse des coûts de main-d’œuvre et d’hébergement web. L’analyste se dit satisfait de l’abandon des sites grand public. Il prévoit que les fonds récoltés serviront à réinvestir dans les plateformes pour entreprises et à réaliser d’autres acquisitions.
«Le retour à sa mission d’origine devrait lui valoir un un multiple d’évaluation supérieur au fil du temps», espère-t-il.
Dans l’intervalle, M. Agostino, ne touche pas à son cours cible de 12$, soit un multiple de 7 fois le bénéfice d’exploitation qu’il projette en 2020.
Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, est moins tendre. «Si la société continue de courir sans avancer, sa valeur continuera à s’éroder», évoque-t-il.
M. Tse garde un mince espoir que le recentrage et le bilan sans dette attire un acquéreur financier pour les cybermarchés pour entreprises. Son cours cible reste aussi à 12$.
Relisez Médiagrif pourrait valoir 12 à 17$ dans une offre
Amr Ezzat, d’Echelon Partners, fait bande à part. L’analyste relève son cours cible de 13,50 à 14$, car à ses yeux Médiagrif se libère de trois boulets qui affaiblissaient ses revenus.
«Les trois sites grand public dégagent des marges d’exploitation élevées de l’ordre de 50% et de solides flux de trésorerie libres, mais ne contribuent pas à la croissance des revenus», explique-t-il.
La valeur cachée du cœur de la société devrait donc émerger. M. Ezzat recommande donc l’achat du titre.
Entretemps, l’analyste rajuste ses prévisions aux désinvestissements. En 2020, les revenus devraient reculer de 7,9% à 76,5M$, le bénéfice d’exploitation de 16,8% à 17,2M$ et le bénéfice par action de 44% à 0,43$.
Claude Roy, qui vient de céder la présidence pour de raisons de santé, est toujours le principal actionnaire, avec 24.1% des actions, suivi du Fonds de solidaité de la FTQ, avec 16%, et du gestionnaire de portefeuille de Montréal Fieral Capital, avec 9,8%.