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MTY: les contours d’une reprise se dessinent

Dominique Beauchamp|Publié le 04 septembre 2020

Deux chaînes américaines et ses restaurants avec terrasse amortissent le choc de la pandémie.

Le franchiseur de restaurants à service rapide et décontractés MTY résiste mieux à la pandémie qu’on le croit.

C’est du moins le point de vue de Nick Corcoran d’Acumen Capital. Il est même possible que les prochains résultats du Groupe d’alimentation MTY (MTY, 37,78$) surprennent, dit-il, après s’être entretenu avec le PDG Éric Lefebvre à la fin d’août.

Le réseau reprend du mieux depuis le mois de juin à mesure que le déconfinement s’est généralisé. Certaines de ses enseignes performent même plutôt bien, dit-il.

Le nombre de restaurants fermés diminue tandis que le coût potentiel pour MTY du rachat de franchises en difficultés ou de reprise de baux semble relativement mineur pour la société, fait valoir l’analyste, dans une récente note.

«Les évictions par différents propriétaires immobiliers risquent de reprendre en septembre, mais ces avis deviennent des occasions pour MTY de renégocier les baux ou de conclure des ententes», explique Nick Corcoran.

La majorité des commerces de MTY encore fermés se situent surtout dans les immeubles à bureau, les institutions d’enseignement, les gyms et près de stades sportifs. À la fin de juillet, 575 établissements, soit moins de 8% du réseau, étaient fermés, rappelle l’analyste de Calgary. Cette proportion a baissé depuis.

Ce portrait lui laisse croire que l’entreprise pourrait surpasser ses prévisions au troisième trimestre qui sera dévoilé au début d’octobre. Pour l’instant, ses estimations ne s’éloignent pas trop du consensus qui table sur des revenus de 128 millions de dollars, un bénéfice d’exploitation de 26,5 M$ et un bénéfice par action de 0,19$ par action.

Nick Corcoran ne s’attend pas à une reprise rapide pour autant, mais il diminue de 32 à 15% la chute prévue du chiffre d’affaires de l’ensemble du réseau au troisième trimestre et il rétrécit de 20 à 15% le recul prévu au quatrième trimestre.

La pandémie fait encore mal, mais ces ventes sont nettement mieux que le plongeon de 39% obsevé en mars, de 67% en avril et de 48% en mai. 

La diversification à la rescousse

La diversification semble bien servir à MTY. Certains restaurants avec service aux tables connaissent de bonnes performances au Canada, dont Bâton Rouge, Turtle Jack, Muskoka Grill et Mikes.

Certains établissements affichent même des résultats supérieurs à la période comparable de l’an dernier. L’approbation de terrasses sur rue dans certaines municipalités a favorisé la fréquentation de ces restos.

D’ailleurs, les deux-tiers des restaurants de MTY ont pignon sur rue et procurent 72 % des ventes totales du réseau.

Aux États-Unis, où le franchiseur compte 55% de ses établissements, ses deux principales chaînes, Cold Stone Creamery et Papa Murphy’s, ont moins souffert du confinement que d’autres.

La crémerie Cold Stone a bénéficié des sorties locales des familles confinées tandis que les pizzas prêtes à emporter et à cuire à la maison de Papa Murphy’s ont connu un franc succès pendant la pandémie. Le retour prochain du football devrait ajouter aux ventes.

La contribution de ces deux enseignes compense en partie pour la fermeture forcée des enseignes de hamburger de MTY en Californie, au cours de l’été.

«L’achat de ces deux chaînes a suscité beaucoup de scepticisme initialement, mais elles sont devenues les perles du réseau. Le bilan de MTY serait plus léger sans elles, mais les ventes auss », renchérit l’analyste, dans un échange de courriels.

Le service de livraison a aussi augmenté la facture moyenne de certaines chaînes qui l’offrent, notamment pour le sushi.

Enfin, MTY a aussi écoulé tous les mets préparés qu’elle fabrique et vend en épicerie, tels que les côtes levées Bâton Rouge et les mets Thaï Express. Par contre, les coûts de préparation ont augmenté.

Nick Corcoran croit même possible que MTY rétablisse le dividende suspendu d’ici un trimestre ou deux. Dans l’intervalle, le franchiseur réduit sa dette.

L’analyste réitère donc sa recommandation d’achat et augmente son cours cible de 40 à 48$, soit 11 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2021.

«Ce multiple se justifie étant donné les flux de trésorerie libres du franchiseur et la forte contribution de Papa Murphy’s aux ventes du réseau», écrit-il.

Un optimisme non partagé

Ce cours cible est de loin le plus élevé des sept analystes qui voient au contraire le titre retomber dans une fourchette de 27 à 32$. Aucun des six autres analystes en recommande l’achat.

Il est bien difficile d’élaborer une thèse d’investissement lorsque les subventions salariales et le report de redevances ou de loyers ne font que repousser la fermeture permanente de commerces, a confié l’un d’eux sous le couvert de l’anonymat.

Surtout que l’action de MTY a déjà doublé depuis le creux annuel du 30 mars.

Nick Corcoran reconnaît que la pandémie peut encore réserver de mauvaises surprises. De nouvelles vagues de la COVID-19 pourraient obliger les gouvernements à re-confiner la population cet hiver.

Il faudra attendre un mois avant d’établir laquelle de ces deux visions aura le dessus.