New Look se lance dans la vente de soins et appareils auditifs
Martin Jolicoeur|Publié le 30 juillet 2019Le lunettier fait équipe avec le Groupe Forget pour offrir des soins et produits auditifs chez Greiche & Scaff.
S’inspirant de ce qui se fait en Europe, la québécoise Groupe Vision New Look a choisi de faire équipe avec le Groupe Forget, professionnel de l’ouïe au Québec, afin d’ajouter des soins auditifs à son offre de service traditionnelle, jusque-là concentrée autour des soins de la vue.
Inscrite à la Bourse de Toronto, celle qui possède déjà les enseignes Lunetteries New Look, Iris, Greiche & Scaff et Vogue Optical au Canada, fait le pari que les deux univers de soins gagneraient à jumeler davantage leurs services plutôt que de continuer à évoluer de manière indépendante.
Études de marché à l’appui, le président et chef de la direction de Groupe Vision New Look (TSX, BCI), Antoine Amiel, soutient en entrevue avec Les Affaires avoir constaté que les parcours et données démographiques des patients des deux univers de soins (oculaire et auditif) étaient «remarquablement semblables».
Devant un tel constat, les deux entreprises ont entrepris ce printemps un projet pilote par lequel le Groupe Forget a été invité à prendre place dans quelques-unes des boutiques les plus en vue de sa chaîne Greiche & Scaff au Québec. On parle ici de celles de la Place Ville-Marie et du Marché central, à Montréal, du Centre Laval et des Promenades Saint-Bruno, dans ses banlieues nord et sud, et des Galeries de la Capitale, à Québec.
Achalandage accru pour Groupe Forget
À l’aide de cabines audiométriques installées dans ses boutiques, les clients du lunettier se voient offrir un examen gratuit de dépistage auditif et autres services dispensés par les audiologistes de la Polyclinique de l’oreille. Au besoin, une fois les résultats d’examens obtenus, le client pourra par la suite compléter son parcours de soin en consultant les experts en prothèses auditives (des audioprothésistes) du Groupe Forget.
Pour Steve Forget, président et chef de la direction de SLHCA (ou Les services de Location Hearing Care of America) qui gère le Groupe Forget et la Polyclinique de l’oreille, dont il est également l’actionnaire principal, ce projet permet de profiter à peu de frais de l’achalandage commercial des boutiques de Greiche & Scaff.
En plus de faire le plein de nouveaux clients qu’elle n’aurait autrement pu rejoindre aussi facilement, SLHCA se réjouit de pouvoir ainsi contribuer à une meilleure connaissance et compréhension des problèmes liés à la perte de l’ouïe dans notre société. On estime que 10% de la population du Québec souffre d’un problème auditif, et que seulement le cinquième (20%) d’entre eux ont recours à l’expertise de professionnels pour tenter d’améliorer leur sort.
«Avec le temps, les gens ont compris l’importance d’un examen de la vue régulier, affirme Steve Forget. Il n’est pas rare que les parents emmènent leur enfant voir une spécialiste de la vue au début de son parcours scolaire. Cela devient une habitude, comme la visite chez le dentiste. Mais à tort, se désole-t-il, encore rares sont ceux qui pensent porter la même attention à l’oreille. Avec le temps, c’est le genre de chose que nous espérons changer.»
Pas d’acquisition assure New Look
Pour le moment, Groupe Vision New Look, pourtant en mode consolidation de l’industrie, refuse de confirmer que cette expérience, menée également à l’extérieur du Québec (au Nouveau-Brunswick notamment), puisse mener à une nouvelle acquisition, entente ou à quelque modification officielle que ce soit de son modèle d’affaires actuel. «Ce n’est pas notre but d’acheter (SCHLA, le Groupe Forget ou Polyclinique de l’oreille), affirme Antoine Amiel. Nous cherchions simplement un partenaire qui connaît bien le secteur.»
L’heure, jure son pdg, se limite plutôt à une expérience pilote, sans autre réelle intention que de vérifier si le modèle (oculaire-auditif) exploité notamment depuis des années par Specsavers Optical Group en Grande-Bretagne ou Afflelou en France, Italie et Espagne, revêt un potentiel de ce côté-ci de l’Atlantique.
«Pour ce faire, admet-il, il faut se donner le temps, la patience, et pas mal de moyens (…) Mais la compagnie ne court aucun risque financier (…) et je n’envisage pas que ça ne marche pas.» En Europe, les chaînes d’opticiens qui ont tenté l’expérience de l’auditif tireraient aujourd’hui entre 10% à 15% de leurs revenus des soins de l’oreille.
Est-ce que cette stratégie suffira pour lui permettre de freiner la menace que le commerce électronique continue de représenter sur toute l’industrie traditionnelle de la vente de verres correcteurs? Seul le temps, sans doute, saura le dire.
À la clôture des marchés ce mardi (30 juillet), l’action de Vision New Look (TSX, BCI) avait perdu 0,26$, à 33,14$ l’action, ou 0,78% de sa valeur. Depuis le début de l’année 2019, le titre du groupe canadien a progressé de 11,77%.